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Mercredi, le 12 juin 2019

Je le dis tout de suite : cette rando fait partie des plus belles et des plus agréables que j’ai faites depuis un bout. Pis dans un lieu méconnu, à part ça. Merci au Défi des 5 sommets de m’avoir permis de découvrir ce merveilleux endroit.

C’était mon 2^e sommet du fameux Défi. Pour ceux qui savent pas de quoi je parle avec ce Défi des 5 sommets, juste à aller lire ma chronique sur le Mont à Liguori. Je l’explique rapidement.

Le sentier du Pic de l’Aigle se trouve dans la ZEC des Martres, elle-même située dans l’arrière-pays de Charlevoix, enclavée entre le Parc National des Grands-Jardins et celui des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.

Vous imaginez le topo ? Une région magnifique. Juste de s’y rendre en auto est un régal pour les yeux.

Avant de parvenir au début du sentier, il faut arrêter à l’accueil de la ZEC et payer son droit d’entrée : sur la route 381, au nord du village de Saint-Urbain et à la sortie du Parc National des Grands-Jardins.

Une fois passé la barrière, on fait 5 km en auto le long du lac de l’Écluse dans une trail de 4-4. Il est recommandé de rouler doucement (conseil d’ami). Je vous dis ça, car j’ai été chanceux de pas faire de flat ! « Vous devez vous rendre jusqu’au bout », m’avait précisé la préposée. « La route s’arrête à un stationnement ». Stationnement, faut le dire vite ; ça ressemblait plutôt à une carrière de roches. Juste de faire la vingtaine de mètres pour me garer, j'ai avancé à 2 km/hre pour ne rien casser.

Mais faut ce qu’y faut : pour vivre une aventure sauvage, faut être prêt à tout !

Le Pic de l’Aigle – le but de cette rando – se dresse drette en face du stationnement, mais de l’autre côté du lac.

On y parvient apparemment après une marche de 6 km. Je dis « apparemment » parce que cette distance me parait très louche. J’y reviendrai.

Quand je suis venu pour m’élancer, la face m’a tombé ben raide. Juste au début du sentier, devant moi, et aussi loin que mon regard pouvait porter, il y avait un banc de neige de plus de 3-4 pieds d’épaisseur direct dans la trail !

Sur le coup, comme je n’étais pas du tout équipé pour entreprendre une rando de la sorte (j’étais juste en petites shooclaques et en short), j’ai failli laisser tomber avant même de commencer. Mais je me suis forcé au moins à essayer (« Allez, mon homme. Fais un Mike Horn de toi ! »). J’ai parcouru une cinquantaine de mètres comme ça, en calant quelquefois jusqu’aux genoux.

Puis cette neige a fini par disparaitre pour laisser apparaitre une piste marécageuse ; ce qui n’était guère mieux. « Misère… » que j’ai encore braillé. « Si c’est comme ça tout le long, c’est sûr que ça ne le fera pas… » Mais n’écoutant que mon courage, j’ai encore continué. J’ai évité l’eau et la boue comme j’ai pu.

Pis tout s’est subitement transformé en une trail qui semblait maintenant avoir ben de l’allure. Comme quoi, la persévérance est quelquefois récompensée…

Le randonneur en herbe que j’étais pouvait enfin et vraisemblablement s’élancer pour de bon !

Le sentier commence en longeant la rivière (une petite cataracte, plutôt) sur une courte distance qu’on finit par traverser sur une passerelle. Et on refait ensuite le chemin inverse, mais par l’autre côté du cours d’eau. On arrive ainsi juste en face du stationnement.

À partir de là, on longe le lac de l’Écluse sur une petite distance pour finir par le quitter et s’enfoncer à l’intérieur d’une vallée. Mais juste avant, j’ai encore frappé un nœud…

Tabarnouche…

Devant moi, le sentier était coupé par un immense « glacier » (j’exagère un peu, mais à peine).

Bizarre, hein, que la neige n’avait pas encore fondu juste à cet endroit-là ? Anyway, y’a fallu que je m’aventure là-dessus pour reprendre le sentier. Mais comme je ne savais pas où il était, j’avançais à l’aveuglette. Je me suis enfoncé quelquefois jusqu’aux cuisses dans cette lave blanche. C’était frette en tit péché d’Hérode pour les cuisses en question.

Pis, alors que je m’attendais de chercher le sentier pendant une heure de temps, je suis tombé dessus drette du premier coup ! Un coup de pot. Je ne m’en suis pas plaint.

C’est vraiment là, à partir de la fin de cette neige, que le sentier agréable a commencé – et pour de bon, cette fois. J’ai serpenté dans une vallée en montant doucement avant de tourner à gauche pour me rendre jusqu’en haut du Pic de l’Aigle.

Ah oui, je n’ai pas encore montré le plan de cette rando. Je remédie tout de suite à cette lacune (la trail est en pointillés jaunes) :

C’est ici que je dois rectifier certaines informations fournies par le site du Défi des 5 sommets.

1) Ils qualifient cette piste de difficile. Évidemment, cela demeure toujours relatif à chacun, mais personnellement, je la qualifierais moi-même d’intermédiaire, mettons. Il y a quelques montées abruptes, mais jamais très longtemps. En général, c’est très potable et à la portée de tous ceux qui sont le moindrement en forme. Rien à voir avec le Mont à Liguori et l’Acropole des Draveurs, par exemple qui sont, eux, réellement difficiles.

2) Ils mentionnent que la distance est de 12 km aller-retour. Ça veut donc dire que le sommet serait à 6 km du stationnement. En fait, c'est la moitié de cela (voir plus loin)

3) Ils estiment finalement que la durée de la randonnée se situerait entre 5 et 7 heures. Ben ça – toujours d’après moi –, ce serait pour des familles avec des enfants en bas âge, par exemple. En ce qui me concerne, si je ne m’en étais tenu qu’à ce sentier-là, j’aurais complété le tout en 2h15m (2h30m max). Et sans forcer la note : de façon pout-pout, comme d’habitude.

Cela spécifié, comme je l’ai déjà dit, et comme je le dirai encore, c’est un très beau sentier. Il nous emmène en haut sans nous exténuer. La forêt se dégage régulièrement pour que l’on puisse admirer les paysages alentour. Et quelques rochers servant de belvédères jalonnent la route pour peu que l’on fasse de petits détours de temps en temps.

Le sommet a été atteint après 1h15m de marche, donc. En haut – et comme toujours –, c’était évidemment la récompense…

Règlements du Défi obligent, j’ai dû me photographier moi-même à côté de la pancarte. Pas évident quand t’es tout seul pis que le kodak que tu déposes sur les rochers, face à toi, veut s'envoler avec les rafales. Parce que, en effet, cette journée-là, il faisait un vent à décorner les bœufs.

Bon, après une dizaine de minutes de contemplation, y’a fallu que je prenne une décision. Il n’était même pas 9h15 lorsque j’étais prêt à redescendre. Ce qui était tôt en titi. Alors pour rallonger le plaisir, j’ai opté pour faire les autres petits sentiers annexes à celui que je venais de faire. Cela a donné :

1) Le point de vue de la Coulée

2) Le Sommet de la Grive

3) Le Mont de l’Écluse

Je ne l’ai pas regretté du tout – au contraire. Et ça s’est fait aussi bien que le sentier pour se rendre au Pic de l’Aigle.

Mon coup de cœur a été le Mont de l’Écluse où l’on a une vue panoramique à 360 degrés sur toutes les montagnes partout autour de nous.

Je suis parvenu au sommet du Mont de l’Écluse, à 11h15. Mon ventre a décidé que c’était le temps de casser la croûte. Je me suis assis par terre derrière de gros rochers qui me protégeaient du vent. Et c’est là que j’ai vécu un moment extatique. Un vrai de vrai. C’est rare que ça arrive dans la vie. Alors, quand ça passe, on le prend pis on le savoure jusqu’à la dernière miette.

J’étais là, donc, assis, bien au chaud, zen alpha, à manger mon lunch tranquillement pas vite, tout seul au monde (y’avait pas un chat à des milles à la ronde), loin de toutes civilisations, perdu en solitaire dans cette nature grandiose, juste en face de ce magnifique paysage (voir photo ci-dessous). Mes yeux portaient jusqu’au fleuve Saint-Laurent, là-bas, au loin, à plus d’une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau avec, entre lui et moi, les montagnes qui n’en finissaient plus.

C’était absolument magique…

Toutes bonnes choses ayant une fin (snif…), j’ai ensuite entrepris de revenir à mon point de départ, en bas. J’ai redescendu la vallée, retraversé le glacier et y’a fallu terminer par la fameuse zone de terrain marécageux et par le banc de neige du début.

Voilà. À 12h30, j’étais de retour à mon auto.

Ça m’a donc pris 4h45m pour tout faire ça, incluant tous les détours, toutes les pauses-kodak, et une demi-heure de pause-lunch. On est loin du 5 à 7 heures prévues par le site juste pour le Pic de l’Aigle. En fait, et après vérification, cette montée du Pic de l'Aigle n'est pas de 6 km, mais plutôt de 3, la moitié. 6 km étant donc l'aller-retour.

Et demain, si tout va bien, ce sera le 3^e sommet : l’Acropole des Draveurs. À moins que, comme d’habitude, depuis toutes les années que j’essaie de le faire, que quelque chose survienne pour m’en empêcher. On se croise les doigts encore cette année…

En résumé (selon le site)

Niveau de difficulté : difficile (mon avis personnel : intermédiaire très cool)

Dénivellation : 739 m (!!) (après vérification, c'est 185 mètres ; c'est-à-dire 920 mètres au sommet moins 735 mètres au niveau du lac de l'Écluse)

Distance : 12 km (en réalité, c'est la moitié de ça : 6 - et même très précisément 5,8, ce qui comprend l'aller-retour)

Durée : 5 à 7 heures (si vous êtes vraiment du genre contemplatif ; sinon, en temps réel, ce serait environ 2 heures, pas plus)

Bref, tout est à revoir dans leurs informations !

Mes moments particuliers :

- La neige et le marécage du début, qu’il m’a fallu braver en croyant que ça allait être comme ça tout le long

- Le « glacier », qu’il m’a fallu braver itou

- La sensation d’être tout seul au monde (parlant de ça, je n’ai en effet rencontré absolument personne de toute la journée ; et ça, je crois que c’est la première fois de ma vie que c’est arrivé au cours d’une rando)

- Le moment de grâce que j’ai vécu sur le top du Mont de l’Écluse – indescriptible

À la prochaine !