Les maudits vents

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Mardi, le 6 juin 2017

 

Aujourd’hui : rando sur une partie du Sentier des Trotteurs, dans un coin de pays que j’ai naguère sillonné de long en large en vélo – moment de nostalgie.

 

Qu’est-ce que c’est que ça que le Sentier des Trotteurs ? Je vous l’explique rapidement.

 

Il s’agit – évidemment – d’un sentier de randonnée pédestre. Il est situé dans la région administrative du Centre-du-Québec, que l’on appelait jadis les Bois-Francs, un nom pas mal plus poétique que celui en lequel on l’a transformé pour des considérations bêtement bureaucratiques. Il se trouve plus précisément dans la zone géographique de Victoriaville – ou d’Arthabaska pour ceux qui n’ont pas encore digéré la fusion des deux villes.

 

Le Sentier des Trotteurs relie le mont Arthabaska (à Victoriaville), au petit hameau de Trottier Mills (intégré à Ste-Hélène-de-Chester, dont il porte officiellement le nom). Une respectable promenade de 26 km.

 

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J’aimerais bien le tenter d’un bout à l’autre un jour, mais cela exige une certaine logistique à organiser à cause du problème du transport. Qu’est-ce qu’on fait, en effet, une fois parvenu au bout de ces 26 km, pour revenir à notre point de départ, là où est garée notre auto, hein ?

 

Comme on ne peut pas faire – théoriquement – l’aller-retour en une seule journée (52 km), si on tient absolument à le parcourir en entier, on a 5 possibilités, que j'énumère sommairement :

 

1) On s’arrange avec un ami pour qu’il nous dépose à un bout du sentier. Et l’ami en question se rend ensuite à l’autre extrémité pour nous attendre et nous récupérer.

 

2) On se quête un lift pour revenir : en faisant du pouce, genre.

 

3) On fait l’aller une journée, on couche quelque part, et on le fait à l’envers le lendemain. Dans ce cas : 2 x 26 km = 52 km en 2 jours. C’est jouable, mais c’est un peu con.

 

4) On fait une moitié du sentier aller-retour en une journée (2 x 13 km). Pis le lendemain, on fait la seconde moitié aller-retour (2 fois 13 km). Dans ce cas, encore une fois, c’est comme si on faisait 52 km en 2 jours. Ben oui, regardez bien : (2 x 13 km) + (2 x 13 km) = ∑=√ ∕ (2+ab) x ∞ = 52 km.

 

5) On ne ne fait pas seul, et l'on s'y rend avec 2 autos. On laisse la 1ère auto à la fin du sentier. Tout le monde embarque ensuite dans la 2e pour se rendre au départ. On fait le sentier. Tout le monde embarque dans la 1ere auto et on retourne au départ pour récupérer la 2e... Fiou...

 

Mais si ce genre de casse-têtes vous rebute, on peut aussi s’y prendre de deux autres manières, pour peu qu’on ne soit pas trop puriste.

 

1) On peut tout d’abord ne marcher que quelques tronçons moins longs en allers-retours à partir de certains points d’accès qui sont dispersés un peu partout.

 

2) On peut finalement se contenter de faire quelques boucles, car certaines parties sont aménagées de cette façon-là. Notamment : le Sentier des antennes (secteur Arthabaska) ; le Sentier des cascades (secteur Trottier Mills ; et le Sentier du pic (secteur Trottier Mills).

 

Personnellement, cette fois-ci, j’ai opté pour cette dernière solution. N’écoutant que mon courage, j’ai même combiné deux sentiers – les cascades et le pic – afin de rendre l’aventure un peu plus trépidante – soyons fous, que je me suis dit. En fait, le Sentier du pic est un prolongement du Sentier des cascades. Ceux qui n’aiment pas les montagnes ne font que les cascades. Ceux qui aiment les montagnes quittent momentanément les cascades pour y revenir vers la fin. Understand ?

 

Sentier des cascades

Longueur : 6 km

Niveau de difficulté : débutant

 

Sentier du pic (incluant des cascades)

Longueur : 10 km

Niveau de difficulté : avancé

 

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Le début du sentier se trouve en plein centre-ville du hameau de Trottier Mills – une agglomération de quelques maisons qui ne manque pas de charme. En passant, cela faisait une éternité que je n’étais pas revenu sur la route qui relie St-Norbert à Trottier Mills. Un très beau coin de pays, pour ceux qui ne connaissent pas. Pour ceux qui connaissent, vous ne pouvez que corroborer.

 

En le prenant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, le sentier débute en longeant plus ou moins la rivière Bulstrode sur 2,5 km, environ, Ce qui est apprécié, car un sentier qui longe une rivière, ben moi, personnellement, j’aime ça. J’aime regarder l’eau qui coule, pis j’aime entendre le son de cette eau qui coule. Je trouve ça inspirant et ça me met dans un état d’esprit qui me permet de voir des elfes et des ondines, pis de parler avec eux autres – si, si !

 

Le sentier finit par quitter la rivière, et il lui tourne même carrément le dos pour s’enfoncer vers l’intérieur de la forêt. Et en faisant cela, il commence tout de suite à monter, mais en douceur. Tant qu’on est sur le Sentier des cascades, ça reste très potable – c’est une piste facile, n’oublions pas. Au bout de 1 km, celle-ci bifurque à gauche et redescend vers le stationnement. Voilà.

 

Ceux qui décident de poursuivre vers l’avant, sur le Sentier du pic, c’est-à-dire les Indiana Jones en herbe – tel votre humble serviteur –, s’en vont, eux, direct vers le fameux pic qui donne le non au sentier. On y parvient après quelque 500 m supplémentaires.

 

Je rappelle que le degré de difficulté du sentier est « avancé ». En fait, il n’y a qu’une seule difficulté sur ce sentier, c’est cette montée-là. C’est LA difficulté. C’est ZE difficulté, comme disent les Français. Préparez-vous mentalement : elle est raide : un dénivelé d’environ 70 m en très peu d’espace. Une corde a été mise là à notre intention pour nous aider. Elle n’est pas de trop.

 

Mais n’ayez crainte, ça se fait. Comme je le répète tout le temps : suffit juste d’y aller lentement, petit pas par petit pas. Et tout à coup, paf ! on est rendu en haut – pis on est content.

 

Après ça, et jusqu’à la toute fin, c’est du gâteau : ou bien c’est plat, ou ben ça descend.

 

Pas très loin en haut de cette montée, il y a un belvédère. Il s’agit d’un banc qui offre une vue dégagée sur l’autre côté de la rivière Bulstrode, au loin – avec des éoliennes en prime.

 

C’est à cet endroit que j’ai cassé la croûte. Sans moustiques ! Et s’il n’y avait pas de ces bestioles-là, c’est parce qu’il ventait à écorner des bœufs et que ça caillait (qui faisait frette). Mais juste entre vous pis moi : en ce qui me concerne, le vent pis le frette sont plus faciles à endurer que les maringouins pis les mouches noires.

 

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Bon, après ça…

 

Après ça, normalement, ça aurait été une affaire de rien : j’aurais remis mon sac sur mon dos pis j’aurais entrepris le chemin du retour pis la chronique aurait finit là. C’est pas compliqué : le sentier descend en pente relativement douce – sauf une fois – jusqu’à la rivière Bulstrode, où l’on se retrouve sur le même sentier qu’au départ. Il ne reste ensuite que faire 1,5 km pour revenir à l’auto.

 

Mais ça, c’est beaucoup trop simple. Il fallait que je mette un peu de piquant dans cette aventure. Et c’est ce que j’ai fait – de façon tout à fait involontaire, par contre. Je vous raconte ça en détail, OK ? Je me lance même si ça n’aide pas pantoute à ma réputation. Mais je suis habitué de faire rire de moi. Alors voilà.

 

Je me suis mis à descendre. Quelques minutes plus tard, je suis parvenu à l’intersection où les gens qui font le grand Sentier des Trotteurs quittent le Sentier du pic pour entreprendre la route vers Arthabaska (26 km). Pour ma part, j’ai évidemment poursuivi ma descente vers l’accueil. Tout allait très bien jusqu’à maintenant.

 

Tout allait même tellement bien que je suis parti dans la lune. Ça m’arrive souvent de partir comme ça, dans la lune. Mon corps marche, mais ma tête s’envole très loin. Quand c’est le cas, mon esprit n’est plus du tout dans mon cerveau. Je ne fais pas un voyage astral, mais presque. Je vous jure.

 

Un moment donné – je sais pas quand –, mon subconscient a eu comme un doute et il m’a ramené dans le temps présent. Et je me suis réveillé quelque part dans la forêt en prenant conscience que je n’étais plus du tout dans le sentier. J’ai cherché les balises sur les arbres. Je n’en apercevais plus aucune. Au bout de quelques minutes de recherches infructueuses, force a été de constater que j’étais complètement perdu.

 

Je n’ai pas paniqué. Ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait, pis je traîne toujours une boussole dans mon sac au cas où – et je sais m’en servir. Mais il s’agit quand même d’une situation un peu angoissante, l'on en conviendra. J’ai essayé de retourner sur mes pas en tentant de ne pas tourner en rond. Ça m’a pris environ cinq ou dix minutes avant de voir enfin une balise sur un arbre. Ouf ! Je m’étais effectivement écarté du sentier – pis pas à peu près. Mais je m’étais retrouvé, et c’était ça qui comptait.

 

J’ai repris la route, soulagé, et assez fier de moi, tout bien considéré. Non mais, question de survie en forêt, je suis pas pire, hein ? C’est en tout cas ce que je me disais, tout seul et en me donnant une petite tape d’autosatisfaction sur l’épaule.

 

Au bout de 20-25 minutes, je suis arrivé à une intersection. J’étais convaincu d’être presque revenu à la rivière Bulstrode. Ah ben là, mes amis, cinq interminables minutes ont encore été nécessaires avant de comprendre ce que je vivais. J’étais à la même intersection que tout à l’heure : celle où les randonneurs qui font la longue piste des Trotteurs s’en vont vers Arthabaska. J’étais apparemment revenu sur mes pas ! Bong !

 

Comment diable est-ce que j’avais fait mon compte ? En empruntant un vortex ? En basculant dans un trou de ver ?

 

J’en ai conclu que ça s’était passé lorsque j’avais retrouvé le sentier après m’être perdu. Alors que je croyais être reparti vers l’avant, j’étais apparemment reparti… vers l’arrière

 

Faut le faire…

 

Faut le faire pour trois bonnes raisons…

 

1) Comme j’avais marché deux fois de suite sur le même sentier, normalement j’aurais dû remarquer que je contournais les mêmes endroits boueux, que j’empruntais les mêmes petites passerelles de bois et que j’évitais les mêmes gros cailloux dans le milieu du chemin. Eh bien non.

 

2) Une fois, en descendant, j’avais presque mis le pied par mégarde sur un énorme tas de fientes fraîches de chevreuil qui étaient étalées sur une roche plate en plein milieu d’un cours d’eau. Lorsque j’ai presque remis le pied dans le même tas, en sens inverse, j’aurais dû allumer. Eh bien non. Je me suis contenté de me passer la réflexion que les chevreuils avaient de bien drôles d’habitudes de toujours déféquer sur des roches plates en plein milieu de cours d’eau !

 

3) Le sentier, au lieu de descendre, montait tout à coup. Je l’avais d’ailleurs constaté, et j’avais trouvé ça bizarre, mais je m’étais dit qu’il y avait probablement une anomalie avec les courbes de niveau de la carte que je tenais dans mes mains.

 

Bref.

 

En reprenant ma descente, sur le chemin du retour, je pestais contre les gens responsables de ce sentier et j’étais prêt à leur écrire pour leur suggérer de mieux baliser leurs sentiers. Mais j’ai dû admettre qu’ils n’y étaient pour rien du tout et que tout était de ma propre faute. Au cours de cette deuxième descente, tout s’est très bien déroulé. J’ai même été incapable de reconnaître l’endroit où j’avais quitté la piste la première fois. J’aurais voulu le faire exprès que je n’y serais pas parvenu. Pff…

 

Bon, quelques petites remarques avant de terminer :

 

Lorsque le sentier longe la rivière Bulstrode au début, c’est dommage qu’il longe également la route qui se trouve juste de l’autre côté du cours d’eau. Le vacarme des autos et – surtout – des camions, vient un peu gâcher la sauce au milieu des sons des tits oiseaux qui gazouillent et de la tite rivière qui coule.

 

Le belvédère où j’ai cassé la croûte, en haut, c’est ZE point de vue du sentier. ZE dans le sens qu’il n’y en a pas d’autres. Le reste du temps, on est dans la forêt, et la seule vue qu’on a, c’est sur les arbres alentour. C’est sûr qu’on est dans la nature pis qu’on respire du bon air pur du Bon Dieu, mais c’est le fun, des fois, d’avoir un peu de variété pis de bénéficier de vues imprenables sur des panoramas. C’est pas le cas ici.

 

Autant en montée qu’en descente, la portion du sentier appelée Sentier des cascades, longe quelquefois de petits ruisseaux qui descendent la montagne à côté de nous. C’est très agréable.

 

Parlant de cascades… Je viens donc de faire le Sentier des cascades. La semaine dernière, j’avais fait le Sentier des cascades du Parc de la Mauricie. L’année passée, j’avais fait le Sentier de la cascade des monts Koghies (Nouvelle-Calédonie). Comme quoi...

 

À une prochaine sortie, les amis

 

PS). J’ai entamé cette rando à 10h00. Je l’ai terminée à 14h00. Mais vous pouvez compter minimum ¾ d’heure de moins, étant donné tout le va-et-vient que j’ai fait inutilement + une perte de temps à essayer de retrouver mon chemin lorsque je me suis perdu + une petite pause syndicale d’une quinzaine de minutes pour casser la croûte. Une chance que j’étais parti de bonne heure !

 

 

 

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Les descriptions détaillées de toutes mes autres randos au Québec sont ici

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Randos au Québec

Pour voir la liste de toutes mes aventures de marcheur, cliquez ici

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07/06/2017
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