2011-08-05 --- Woodstock 69, 42 ans plus tard
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De : Yvan
À : Parents et amis
Le : 5 août 2011 – 20h00
Objet : Peace and love
Bonjour à tous
Décidément, je les ai bel et bien adoptés. Je parle des cimetières, bien sûr. J’en ai encore trouvé un autre à mon goût ; dans la vallée de la rivière Hudson, dans la campagne, entre deux villages – mais rassurez-vous : il y a des maisons autour. Ce soir, il y avait un tondeur de pelouse lorsque je suis arrivé. Je lui ai demandé la permission et il m’a répondu (je traduis) : « Hey man, tu fais ce que tu veux, je ne suis que le tondeur de pelouse, moi, genre, yo… ».
Aujourd’hui, très tôt ce matin, petite balade à Stone Ridge, comme prévu, mais le tour a été vite fait. Ce n’est qu’une petite agglomération de rien du tout. Ensuite, petit-déjeuner dans un café de Kingston.
Et puis, longue boucle vers… le festival de Woodstock (voir la capsule encyclopédique à la fin).
Rendu là, j’ai eu toute une surprise. Le terrain où a eu lieu le fameux événement, en 69, est rendu un… un… une immense affaire. Ça s’appelle Bethel Woods, et c’est consacré aux arts. Il y a une énorme estrade où ils donnent des concerts.
Il y en avait justement un de prévu, ce soir, de concert : Selena Gomez & The Scene. Connais pas pantoute, mais ça avait l’air d’être une big thing.
Il y avait des gardes de sécurité partout pour assurer l’ordre dans les stationnements. Et du coup, si vous aviez vu les stationnements : des kilomètres carrés ! Le spectacle était à 19h00, mais lorsque j’ai quitté, vers 16h00, les autos commençaient déjà à arriver…
Il y a aussi un musée qui relate entre autres ce qui s’est passé là en 69 – je n’y suis pas entré.
Le terrain comme tel où le spectacle a eu lieu, en 69, est devenue une sorte de zone protégée. Un monument commémore d’ailleurs l’événement.
Ils ont également aménagé l’endroit où avait été érigée la fameuse scène. Il s’agit simplement d’un carré de pierres concassées et de pelouse.
Devant, en 69, c’était le public, et le terrain a été conservé. On dit que 450 000 personnes on assisté à ce show pendant les quelques jours que ça a duré. Je suis monté sur cette scène archéologique et j’ai tenté de m’imaginer devant une telle foule devant moi. J’en ai été malheureusement incapable. Trop big.
Bon, je voulais voir ce terrain, ben j’ai été servi ! Ça valait vraiment la longue boucle que j’ai effectuée.
À propos, je me demande justement pourquoi je tenais tant à voir ça, et je me demande aussi pourquoi j’ai été tant ému en le voyant. Je n’étais même pas là ! En 69, je n’avais que 12 ans. À cet âge-là, je n’avais même pas eu connaissance de cet événement. Étrange, tout ça…
Pis à part ça, dans cette région-là, j’ai vu beaucoup de… Devinez quoi… Il y en a à Montréal. Plus particulièrement dans le quartier d’Outremont… Ben oui : des Juifs hassidiques !
Il y avait plein : ils marchaient sur le bord des routes, ils conduisaient des autos, ils parlaient dans des cellulaires sur les accotements, certains faisaient même du pouce ! Ça faisait vraiment drôle de les voir là, sur le bord de la grand-route, pis d’en voir autant ! J’ignorais totalement que cette région abritait une telle communauté en son sein.
Pareil pour les Amish. Je croyais qu’il n’y en avait qu’en Pennsylvanie. Eh bien, non : j’en ai rencontré quelques-uns, à pied et dans leurs carrioles…
Demain, samedi, j’ai cru comprendre que ce serait une journée de pluie. Dommage… Ça allait si bien jusqu’à maintenant. Et dimanche, une journée de… thunder-shower… En tout cas, on fera avec.
Je ne suis pas tellement loin de West Point. Je vais essayer d’aller voir ça. West Point, c’est le collège militaire sans doute le plus réputé des États-Unis. Et puis, comme j’ai moi-même fait mes études dans une institution semblable, ben c’est sûr que ça m’intéresse un petit peu.
Bon, faut que j’y aille. Il fera noir dans moins d’une demi-heure. Tabarnouche, il y a toutes sortes d’affaires dans les cimetières… Hier, c’était les chauves-souris et un renard. Ce matin, un marcheur matinal et un chevreuil. Et ce soir, encore des chauves-souris, mais aussi des… parachutistes. Mais pas dans le cimetière, eux-autres… dans le ciel, au-dessus de ma tête !
Au fait, c’est quand la pleine Lune ce mois-ci ? Il se pourrait que je me trouve un camping ordinaire, ce soir-là, car la seule bibitte avec laquelle je ne serais pas à l’aise dans cet endroit-ci, ce serait un loup-garou…
Bon week-end à tous !
Yvan
Vendredi, 5 août
LA CAPSULE ENCYCLOPÉDIQUE
DES MAUDITS VENTS
Ce projet d’un festival de musique rock a été organisé par un jeune hippie du nom de Michael Lang, aidé d’un ami-chanteur, Artie Kornfeld.
Michael Lang Artie Kornfeld
Le but de Lang, en organisant cette manifestation, était d’amasser des fonds pour acheter son propre studio d’enregistrement. Il n’en était pas à ses premières armes : il avait déjà organisé un festival de musique, le Miami Pop Festival, qui avait attiré près de 100 000 spectateurs. Les deux ont réussi à convaincre deux investisseurs new yorkais d’entrer avec eux dans ce projet.
C’est comme ça qu’est né The Woodstock Music and Art Fair.
Le festival de Woodstock a ainsi été nommé en hommage à Bob Dylan pour qui il était initialement dédié (Dylan vivait dans cette ville), et dont il était par ailleurs supposé en être sa tête d’affiche.
Pour plusieurs raisons qui seraient trop longues à énumérer ici, Dylan s’est désisté. Mais les organisateurs ont néanmoins conservé le nom.
Le festival n’était d’ailleurs pas prévu de se tenir dans cette ville, mais plutôt dans la campagne d’un petit village nommé Walllkill, situé à une soixantaine de kilomètres plus au sud (drette là où je couche ce soir, sans que je le sache, méchant hasard !).
Mais les résidents de cet endroit ont catégoriquement refusé de céder leur terrain pour la tenue de cet événement. Il aura finalement lieu dans la petite localité de Bethel située, elle, à environ 70 km à l’ouest de Wallkill .
C’est un fermier du nom de Max Yasgur qui a consenti à leur louer ses terres.
Le lieu était tout à fait approprié : un vaste terrain descendait en pente faisant œuvre d’amphithéâtre naturel.
Plusieurs grands noms ne seront pas de la partie (dont Bob Dylan, les Beatles et les Rolling Stones), mais plusieurs autres, si : notamment Santana, Creedence Clearwater Revival, Janis Joplin, The Who, Joe Cocker, Johnny Winter, Sha Na Na, Jimmy Hendrix. Plus d’une trentaine au total.
L’événement s’adressait très spécifiquement aux gens de la contre-culture hippie.
Les organisateurs attendaient environ 50 000 personnes. Il en viendra en fait plus d’un demi-million (450 000 selon les estimations les plus citées).
Il était prévu durer trois jours (du 15 au 17 août). Il durera une journée de plus, se terminant le matin du 18. Ce qui fit de ce festival l’une des plus grandes manifestations musicales de tous les temps, et qui le rendra littéralement mythique. Il fut aussi le plus grand rassemblement de hippies qui n’ait jamais eu lieu sur la planète.
Avec un tel afflux d’être humains vers un si petit espace, les organisateurs sont rapidement devenus débordés, puis complètement dépassés par les événements. Voyant qu’ils n’avaient plus le contrôle de l’accès (les grillages entourant le site ayant été tout simplement renversées), ils ont décidé, et ce, dès la première journée, de rendre l’accès gratuit à tout le monde. Ce qui a attiré encore davantage de spectateurs.
Des embouteillages monstres se sont étendus sur des dizaines de kilomètres à la ronde – jusque sur l’autoroute menant à New York.
Des mesures d’urgence ont dû être mises en place très rapidement : pour ravitailler toute cette population, notamment, et transporter, les musiciens emprisonnés très loin dans la circulation, jusqu’à la scène, et pour soigner les multiples cas de maladies et d’accidents. L’armée est intervenue dans ce but, ainsi que du personnel médical venu de l’extérieur.
La drogue circulant à flots, les overdoses se sont multipliées, et ont été prises en charge par des employés bénévoles.
La veille de l’ouverture du spectacle, une pluie torrentielle s’était abattue sur le secteur, et le piétinement excessif du terrain a eu tôt fait de transformer celui-ci en véritable champ de boue. Les conditions sanitaires sont rapidement devenues inexistantes.
Du fait de toute cette eau et boue, les dangers d’électrocution étaient omniprésents et ont donné des cauchemars perpétuels aux techniciens responsables de cet aspect. Par miracle, aucun incident de la sorte n’est survenu.
Malgré la pagaille complète qui a perduré pendant tout ce week-end, les artistes se sont succédés sur la scène, et – chose absolument impensable aujourd’hui – il n’est survenu aucun acte de violence.
Il y a cependant eu :
- 5 162 interventions médicales (dont 797 ayant pour cause la drogue)
- 2 naissances
- 4 fausses couches
- 3 décès (un par overdose, un par accident (un type écrasé sous les roues d’un tracteur), et un des suites d’une crise d’appendicite.
Un film romancé sympathique retrace la trame de cet événement historique : Hôtel Woodstock, de Ang Lee, dont voici la bande-annonce :
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