Les maudits vents

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2014-04-13 --- Le tour du Caillou (1) ---Traversée vers la côte est

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De : Yvan – Poindimié

Date : dimanche, 13 avril 2014

À : parents et amis

 

Yvan est parti pour l’aventure – la vraie, hou-hou – avec sa blonde... Son but, cette fois : faire le tour de la Grande Terre – du « Caillou » –  de la Nouvelle-Calédonie au grand complet. M’enfin, pas au grand complet : juste le nord (il se garde le sud pour plus tard) ; ce qui fait quand même plus de 80 % de l’île, environ. Il entreprend ici le récit de son périple, jour après jour, en commençant par la première journée...

 

Heu... par la deuxième journée, plutôt...

 

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Bonjour à tous,

 

Ben oui, me voilà on the road again. Nous sommes partis hier pour ce périple d’une semaine autour du Caillou.

 

Étant donné l’heure où nous avons quitté Nouméa – en milieu d’après-midi –, la première étape n’a pas été très originale. En fait, ça a été la plage de Poé, où nous avions déjà été une fois. Quelques-uns se souviendront peut-être de cet endroit où nous avions vécu notre aventure un peu abracadabrante de camping voilà quelques semaines... Téquila Rhum et tout... Ça vous revient ?

 

Eh bien, pour la première étape de notre trip, nous avons décidé d’aller au même endroit. Ben oui, à la Plage de Poé. Mais pas au camping, rassurez-vous. M’enfin, juste à côté.

 

C’est confus ? Bon, je me reprends...

 

Au bout du camping de Poé, nous avions déjà vu qu’il y avait un espace de pique-nique, presque désert, avec des arbres, le long de la plage, sur une distance considérable. Il y avait bien un écriteau qui disait « Défense de camper » ; mais nous avions aussi remarqué que certains délinquants y plantaient quand même leur tente pour la nuit. Alors, c’est ce que nous avons fait, nous aussi. Pas plus fous que les autres, hein ? Et ça a été une sage décision.

 

Aussitôt arrivés, nous nous sommes trouvé un spot discret sur le bord de la plage, à environ 300 mètres au nord du camping. Pendant la nuit, il y a encore eu des cris de gens débiles et saouls comme des défoncés – eh oui. Mais du moins les avons-nous vaguement entendus de loin, cette fois.

 

Est-ce qu’il y a des amateurs de camping parmi mes lecteurs ? Si oui, n’y a-t-il pas, dans les campings du Québec, des règlements qui interdisent ce genre de comportements après 23h00 ? Il me semble que oui... Ben ici, on dirait que non. Beaucoup de gens vont apparemment dans les campings uniquement que pour y faire la fête, en faisant complètement fi de ceux qui y vont pour une autre raison. C’est pathétique...

 

M’enfin, en plantant notre tente à cet endroit, nous avons eu la paix...

 

Durant la soirée, il y a eu une nouvelle promenade de long du lagon, souper à la bonne franquette, repos sur une natte directement sur la beach à écouter le grondement des vagues frappant la barrière de corail, et dodo au son des cigales et des vagues à quelques mètres en contrebas. Le bonheur, dites-vous ? Mettez-en...

 

Le lendemain – c’est-à-dire ce matin –, ça a été le véritable départ de notre expédition. Destination : Poindimié, sur la côte est. Distance : environ 250 km, en comptant un détour par l’agglomération de Poro et sa mine de nickel.

 

Peu après la ville de Bourail – où nous avons pris un frugal petit-déj dans un resto –, nous avons emprunté la route territoriale 3 (RT3), qui franchit la chaîne de montagnes qui elle-même s’étend sur tout le long de l’île, du nord au sud.

 

Le dépaysement avait commencé...

 

La RT3 – très sinueuse – longe la rivière Houaïlou, entre Bourail (côte ouest) et la ville de Houaïlou (côte est) via un col de 378 mètres d’altitude appelé Col des Roussettes. Les roussettes étant ici le nom des énormes chauves-souris qui parsèment le pays. Je n’en ai malheureusement pas vues en liberté dans le coin, mais j’en ai admirées quelques-unes dans le Parc forestier de Nouméa – pendues à l’envers dans des arbres... C’est impressionnant comme bibitte, je vous jure.

 

Mais bref... Montagnes abruptes, vallées encaissées et forêts tropicales se sont enchainés pour le plus grand plaisir de mes yeux émerveillés. La route était passablement bien entretenue. La RT3 a jadis été la voie de passage obligée entre l’ouest et l’est. Mais elle ne l’est plus depuis l’ouverture d’une seconde route transversale, plus au nord. Il y avait évidemment davantage de circulation à cette époque-là. Mais là, aujourd’hui, le trafic est réduit au minimum, ce qui nous a permis de ne pas rouler trop vite et d’avoir des yeux partout.

 

J’y ai vu ma première mine de nickel au loin – je crois qu’il s’agissait de la mine Roussette –, mais ce ne sera pas ma dernière... Et c’est là, aussi, que s’est terminée la présence – prédominante – des Blancs. Lorsque l’on quitte la côte ouest, on entre dans des territoires à majorité Kanak, qui vivent en tribus. Quoique dans cette vallée, je n’ai vu à peu près personne.

 

Une fois parvenus à Houaïlou, la face m’a un peu tombé...

 

Je m’attendais à me retrouver dans un village grand comme... je ne sais pas, moi... grand comme ceux que j’étais habitué de voir en brousse, sur la côte ouest (Bouloparis, La Foa, Moindou et Bourail)... un petit village ordinaire, quoi... Mais ça a été bizarre...

 

Une fois dedans, je me suis en fait demandé si j’étais vraiment dans un village. Il faut croire que oui, car j’ai vu un « libre-service » (dépanneur), une pharmacie, un dispensaire (mini hôpital) et un cimetière... Très peu de maisons résidentielles, par contre... Et tout ça était dispersé à travers les arbres tropicaux... « C’est ça la côte est », que m’a dit ma blonde. « OK, pas de problèmes », que j’ai répondu. Adaptons-nous.

 

Houaïlou est une commune d’environ 4000 habitants. Mais la commune, c’est un peu comme nos villages du Québec : il y a le village comme tel + toute la campagne environnante. Et ici, la campagne environnante, ça comprend quelques autres petites agglomérations (comme Poro) et 33 tribus qui vivent un peu partout sur le territoire. À propos, les Kanaks forment à eux seuls 90 % de la population, là-bas.

 

Le village lui-même est minuscule. Et il n’y a pas grand-chose à faire là, sauf d’admirer le paysage alentour. Wikipédia dit : « La municipalité de Houaïlou se fait une volonté de développer le tourisme dans sa région, mais on n’y trouve que quelques infrastructures touristiques délabrées, et aucun effort n'est effectué dans ce sens. »

 

Je confirme...

 

J’avais lu, par exemple, qu’il y avait des pétroglyphes pas loin de Houaïlou. Des pétroglyphes, ce sont des motifs gravés sur des cailloux, sans doute faits par d’anciens Mélanésiens, mais dont on ne connait finalement ni l’origine ni la signification. Il y a plusieurs sites de ces étranges phénomènes sur la Grande Terre et on soupçonne qu’il en reste plusieurs autres à découvrir.

 

Il y en avait donc apparemment un (un site) à Poro, petit village minier situé à 13 km de Houaïlou.

 

Alors, go vers Poro pour voir les pétroglyphes...

 

Pour nous aider à nous y rendre, le Guide Petit Futé disait : « Une fois arrivé à la colline située dans le centre minier et après avoir dépassé deux poteaux électriques, prenez à gauche vers une plate-forme qui domine l’océan. En haut d’un monticule, sur la gauche, trois poteaux électriques alignés apparaissent et rejoignent les deux précédents. Vous êtes au cœur d’un site de pétroglyphes. »

 

Ça fait « simple » comme indications, non ? Un peu trop, si vous voulez mon avis...

 

Malgré celles-ci, et malgré que des enfants nous aient renseignés à Poro, nous n’avons jamais découvert cet endroit. Nous n’avons donc jamais vu ces satanés pétroglyphes. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Alors, sans écriteaux et sans personne dans le coin pour nous aiguiller davantage (il n’y avait pas un chat là-haut), il a fallu battre en retraite et revenir bredouille.

 

Au moins, il y avait la mine de nickel. Ça a peut-être compensé. Car ça, mes amis, c’était impressionnant en ‘tit péché d’Hérode. Cette mine n’est plus en activité aujourd’hui – depuis très peu de temps. De la machinerie git encore ici et là, au milieu d’un désert de grenailles rouges, de terre rouge et de poussière rouge...

 

À partir de Poro, une route monte dans la montagne et passe drette à travers ce paysage martien pour se rendre dans un autre bled minier - du nom de Canala. Pour être impressionnant, oui, c’est impressionnant : une terre de désolation du haut de laquelle on a une vue plongeante sur la mer... Je vous réfère aux photos ci-jointes pour vous en faire une petite idée.

 

Comme je disais, nous sommes cependant revenus à Houaïlou sans avoir aperçu l’ombre d’un seul pétroglyphe. Et c’est un peu frustrés que nous avons ensuite entrepris la route – la RT3, toujours – vers Poindimié, où un gîte nous était réservé.

 

Côte ouest et côte est du Caillou = deux mondes...

 

Premièrement, la côte est, c’est la chaîne de montagnes de la Nouvelle-Calédonie qui plonge quasi directement dans la mer (alors que sur la côte ouest, cette même chaîne s’élève assez loin des côtes). La route s’étire donc ici entre les falaises abruptes des montagnes et le lagon – dont la barrière de corail n’est jamais très loin. Cela n’est toutefois pas très apparent dans les alentours de Houaïlou. Mais plus au nord – à partir de la prochaine commune, Ponérihouen –, ça le devient de façon plus évidente.

 

Sur la côte est, la nature est également plus tropicale ; plus humide, donc. Et aujourd’hui, justement, il a fait chaud en ta. Une chance que nous disposions de l’air clim dans l’auto, car j’aurais été à ramasser à la petite cuillère avant la fin de la journée.

 

Et finalement, la côte est, c’est le royaume des Kanaks. Et donc des tribus. Je vous en reparlerai sans doute mieux demain ; car demain, nous avons justement prévu de dormir dans une hutte, en pleine tribu mélanésienne, quelque part dans la jungle...

 

Expérience...

 

Pour le moment, ça a été la route jusqu’à Poindimé, via un autre village du nom de Ponérihouen. Nous nous sommes justement arrêtés là, à Ponérihouen, pour y casser la croûte sur une table de pique-nique mangée par les termites, le long d’un cours d’eau ressemblant à un rio de l’Amazonie et au milieu de personne... C’était beau, c’était dépaysant, mais l’atmosphère était un peu bizarre. On aurait dit un village fantôme... Faut dire toutefois qu’on était dimanche, aujourd’hui – mais est-ce que c’est une raison ?

 

À Ponérihouen, il n’y a en fait qu’une seule et unique particularité, mais elle est de taille ! Du moins quant à moi...

 

À la sortie du village, se trouve un pont à armatures métalliques. Pas très long et pas très beau. Il enjambe la rivière Nimbaye. Eh bien, figurez-vous donc que ce pont-là a été construit par nul autre que... Gustave Eiffel... Ben oui, « le » Gustave Eiffel... celui-là même qui a construit la fameuse tour qui fait la marque de commerce de la ville de Paris ! N’est-ce pas surprenant rien qu’un peu, ça ? Vous pouvez le voir (le pont, pas l’homme) parmi les photos ci-jointes... Un peu décevant, je vous l’accorde... Ce devait être l'un de ses premiers projets quand il est sorti de l’école...

 

Je vous épargne notre dernière aventure de la journée qui serait beaucoup trop longue à raconter ici. Disons simplement que pour une raison assez insolite, nous n’avons pas couché dans le (magnifique) gîte que nous avions réservé d’avance à Poindimié la semaine passée. Et que ça a pris près de deux heures de va-et-vient afin d’annuler cette réservation et de trouver un autre endroit où loger.

 

C’est mystérieux, ça, hein, de devoir annuler un gîte magnifique ? Vous aimeriez ça savoir ce qui s’est passé, n’est-ce pas ? Trop long à raconter, que je vous dis... Pour ceux que ça intéresse – et qui s’en rappelleront –, je le leur raconterai en personne un de ces quatre...

 

Mais nous n’y avons pas perdu au change, rassurez-vous. L’endroit où nous sommes présentement installés est également magnifique : un ensemble de petits bungalows autour d’une cour intérieure, où nous sommes pratiquement seuls.

 

Mais avec toute cette course de dernière minute, nous n’avons pratiquement pas parcouru le village de Poindimié qui semble, lui, un peu moins paumé que les autres, et tout à fait charmant. Nous aurons sûrement l’occasion de remédier à cette lacune demain.

 

Poindimié, c’est environ 5000 habitants, dispersés eux aussi sur un territoire assez vaste, composé en forte proportion de Kanaks (76 %) vivant en tribus. Les Européens forment quant à eux 14 % de la population, ici ; ce qui est plus élevé qu’ailleurs, sur la côte est.

 

Alors, à demain pour une autre aventure autour de la Grande Terre...

 

Yvan

 

 

 

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Jusqu’à la tribu kanak d Tendo

 

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Notre road trip en Nouvelle-Calédonie

 

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Quelques randos pédestres en Nouvelle-Calédonie



22/03/2017
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