Les maudits vents

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2014-04-01 --- Forfait Poé et Roche percée

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De : Yvan – Nouméa

Date : mardi, 1er avril 2014

À : parents et amis

 

Bonjour à tous,

 

Ben oui, je suis de nouveau sorti de Nouméa. Cette fois, c’était pour aller à Poé.

 

Poé, ce n’est pas une ville. C’est une plage. Mais quelle plage ! Elle fait 17 km de long. Mais ce n’est pas une plage de sable blanc et fin comme de la poudre. Ben non. C’est une plage de sable brun ordinaire. Et elle est saupoudrée d’une multitude de coquillages (cassés), de coraux (morts et cassés), d’algues (sèches) et de pierres ponces. Mais quand même...

 

Le lagon de la plage de Poé est l’un des six lagons inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Je vous en ai parlé lors de la chronique du Parc des grandes fougères. J’espère que vous vous en rappelez parce qu’aujourd’hui, je n’ai pas le temps de revenir là-dessus...

 

Demandez-moi maintenant si mon week-end s’est bien passé, OK ?

 

La réponse est : « ça dépend ». Je vous raconte ça. C’est une histoire genre en quatre parties...

 

1ère partie : le paradis...

 

Pour aller à Poé, il faut prendre le même chemin que pour aller au Parc des grandes fougères. Mais au lieu de tourner à droite pour aller à Farino, on continue tout droit sur la RT1, et on se rend à 1 km de Bourail. Une fois là, on tourne à gauche, vers la mer...

 

Toutefois, pas loin avant d’arriver à la plage de Poé, il y a une visite qui s’impose : celle de la Roche Percée. Non, non, vous n’avez pas mal lu. C’est bien la Roche Percée ; et non pas le Rocher Percé... L’une n’a rien à voir avec l’autre, vous vous en doutez bien.

 

Ce qui a donné le nom à la Roche Percée, ben... je vous le dirai tout à l’heure... Car c’est juste le lendemain que j’ai compris de quoi il s’agissait.

 

La première journée, on a simplement longé la falaise qui donne sur la baie de la Roche Percée, en marchant jusqu’au Bonhomme de Bourail. Ce qu’ils appellent le Bonhomme, c’est un immense monolithe de quartz dur d’une vingtaine de mètres de haut, tout au bout du cap, et dont la forme fait (vaguement) penser à une tête coiffée d’un chapeau. Il est pas mal penché sur le côté, le bonhomme – comme la Tour de Pise. Tellement penché qu’ils interdisent qu’on s’en approche, car il pourrait dégringoler d’une journée à l’autre.

 

N’écoutant que notre courage, nous avons quand même été jusqu’en dessous, et il ne nous est rien arrivé. Pis aux dernières nouvelles, le bonhomme est encore debout aujourd’hui.

 

La nature est passablement active dans la baie de la Roche Percée, car il n’y a pas de barrière de corail pour arrêter les vagues qui déferlent jusqu’au fond, en s’engouffrant dans la passe Popinée.

 

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Les gens y font évidemment du surf. Et une pancarte nous explique même ce qu’il faut faire en cas d’une alerte au tsunami... Ayoye ! Risques de tsunami, risques de se faire écraser par des morceaux de falaise... ça rassure, tout ça, hein ? Voyage d'aventure...

 

En passant, la procédure advenant un tsunami, c’est apparemment de grimper sur le plus haut sommet qu’on peut trouver et ce, pendant les quelques secondes qu’on bénéficie pour le faire. C’est bien beau, mais si vous voulez mon avis, autant prendre ces quelques secondes-là pour prier...

 

À Poé, on s’est rendu au Camping de Poé. Camping très populaire, disait le guide Petit Futé. Et il disait vrai, car y’avait du monde... On a pris un site juste sur le bord de la mer, et on a installé la tente en orientant la porte vers le lagon, qui était à quelques mètres à peine en contrebas.

 

Ce qu’il y a de merveilleux à cet endroit – à la plage de Poé –, c’est la barrière de corail qui ne se trouve qu’à 1½ ou 2 km au large. On voit très bien à l’œil nu les immenses vagues qui s’y brisent dans un bruit d’enfer. C’est de toute beauté – et très impressionnant.

 

Aussitôt arrivés, aussitôt partis pour une longue promenade le long des 17 km de plage. Pis une fois la noirceur venue (en passant il fait noir vers 18h30, ces temps-ci, dans ce pays-ci), et après un magnifique coucher de soleil sur la mer, on a installé une natte sur le sable de la beach, juste en bas de notre tente. Pis on a passé là une bonne partie de la soirée à regarder les étoiles.

 

Imaginez la scène... Couché sur le dos sur la beach du lagon de la Nouvelle-Calédonie, ma blonde à côté de moi, le clapotis des vagues à nos pieds, le terrible grondement de la barrière de corail en arrière-fond, le ciel parsemé de milliers d’étoiles (aucune pollution lumineuse, ici), la Voie Lactée dans toute sa splendeur, les étoiles filantes et tout... Pis quand on donnait un coup de flash light sur la plage de temps en temps, on voyait des petits galopins de crabes s’enfuir à la vitesse grand V sur la pointe de leurs ‘tites pa-pattes.

 

Idyllique, n’est-ce pas ? Mettez-en.

 

Du moins, jusqu’à ce qu’un gros nuage noir nous cache les étoiles. Je ne sais pas s’il s’agissait d’un avertissement, mais en tout cas, c’est à partir de là, bizarrement, que ça s’est mis à shirer...

 

2e partie : l’enfer...

 

Constatant qu’on ne voyait plus d’étoiles, et puisqu’il fallait le faire un moment donné, on a décidé d’aller voir ce qu’avaient l’air les toilettes et les douches.

 

Mazette... La face nous a tombé ben raide. Il n’y avait seulement que deux blocs sanitaires pour tout le camping. Dans chacun d’entre eux : deux toilettes (crados), deux douches (rudimentaires) et un évier (crado et rudimentaire). Et ce, pratiquement à « aire ouverte » devant tous les campeurs.

 

Si jamais un propriétaire de camping lit un jour mes chroniques, j’aimerais bien qu’il réponde à cette question très simple : pourquoi n’installez-vous jamais des ostifis de blocs sanitaires qui ont de l’allure dans vos simonac de campings ? Non, mais quoi ? C’est à peu près le seul et unique investissement qu’il y a à faire sur un terrain de camping... Je sais bien que le camping, par définition, c’est rudimentaire. Mais quand même, pourquoi ne pas assurer un minimum de confort et de propreté à vos clients dans ces endroits stratégiques ? Ne serait-ce que par respect pour eux autres ? Pfff.....

 

Vers 21h00, quelqu’un pas loin a mis sa musique à donf. Quelques minutes plus tard, un autre groupe (de jeunes) a fait de même. Puis quelqu’un, au loin, s’est mis à hurler. Les trois jeunes beatniks à côté de nous leur ont répondu en poussant un cri de débile, et en riant débilement. Pis d’autres aussi. Ça a d’ailleurs fait ça régulièrement pendant une partie de la nuit : des débiles criaient soudainement dans les airs ; pis d’autres débiles leur répondaient un peu partout.

 

De l’autre côté du chemin, un groupe faisait la fête (bien arrosée) autour d’une table. Fête qui s’est éternisée longtemps.

 

Vers 23h00, dans le site de nos voisins immédiats de gauche, une jeune fille (qu’on a baptisé Téquila Rhum), qui était apparemment avec quatre mecs, s’est mise à parler fort et à rire débilement en avouant elle-même à tout bout de champ qu’elle était complètement bourrée.

 

Vers minuit, les trois jeunes beatniks sur notre droite (qui étaient partis depuis un petit bout) sont revenus dans leur site. Ils ont parlé fort, mangé fort et roté fort autour d’un feu (ça faisait classe).

 

Peu de temps après, Téquila Rhum et son... chum (j’imagine que ça l’était) ont gonflé un matelas avec une pompe électrique (qui faisait un bruit de drill) à 2-3 mètres de notre tente. Vers 2h00, Téquila Rhum (toujours elle) s’est mise à parler fort et à rire de façon débile. Ça a duré au moins une heure. Vers 4h00, Téquila Rhum (qui d’autre ?) et son chum, sans que l’on sache pourquoi, ont pris l’auto pour sacrer leur camp. Et l’auto était juste à côté de notre tente.

 

Entretemps, vers 2h00, il s’était mis à mouiller, et la pluie a duré jusqu’aux petites heures du matin...

 

Bref, l’aube s’est levée là-dessus. Il faisait gris. Pis on avait les deux yeux dans la graisse de binnes.

 

3e partie : retour au paradis...

 

Le soleil est revenu rapidement. Le calme aussi. Yes...

 

Petit-déj au resto pour nous remettre de nos émotions nocturnes. Nouvelle et longue marche sur la plage dont des grands bouts étaient complètement déserts. Puis on a paqueté nos petits.

 

Avant de reprendre définitivement le chemin du retour, on est de nouveau arrêté à la Roche Percée – du côté de la baie des Tortues, cette fois.

 

Le nom de cette baie vient de la présence de tortues lors de la période des pontes. Les tortues y pondent leurs œufs puis repartent aussitôt, laissant la nature faire le reste. Des bénévoles recouvrent au moins les zones de ponte à l’aide d’une cage pour mieux les protéger. Ils aident aussi les bébés à regagner la mer lorsqu’ils viennent au monde. Mais il n’y avait rien de tout ça en fin de semaine. On pouvait donc marcher sur le sable sans crainte de faire une gaffe.

 

Bon, la Roche Percée, maintenant. Je vous avais dit que je vous reviendrais avec son étymologie. Eh bien, voilà...

 

Elle tire son nom d’un trou qu’il y avait avant, tout au bout de la falaise, juste en face du Bonhomme de Bourail. On ne voit plus le trou aujourd’hui du fait qu’une partie de la falaise s’est effondrée en août 2006 (vers 15h00). Il y a même eu un autre éboulement le 17 mars 2007 (vers 7h30). Je ne crois pas qu’il y a eu des morts.

 

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Du « perçage » de cette falaise, il ne reste aujourd’hui qu’une grotte qui la traverse de part en part et qui relie les deux baies : celle des Tortues à celle de la Roche Percée.

 

Ça me fait vraiment penser à notre Rocher Percé national, pas vous ? Il fut un temps où il avait deux trous, lui aussi. Et un des deux s’est également effondré (en 1845). C’est ben pour dire, hein ? Pour les fins finauds qui auraient remarqué ce que je viens d’écrire, je spécifie que ce n’est évidemment pas le « trou » du Rocher Percé qui s’est effondré, mais bien l’arche au-dessus...

 

4e partie : retour en enfer...

 

La dernière heure avant le retour n’a pas été facile...

 

Premièrement, en empruntant la fameuse grotte qui passe à travers la falaise, en plein milieu, je ne me suis pas assez penché, et je me suis pété la tête d’aplomb sur une saillie. Résultat : je me suis fendu le crâne. Ce qui a nécessité une vingtaine de points de suture et qui a tourné en commotion cérébrale...

 

Ben non, poisson d’avril !

 

Je me suis bel et bien pété la tête, OK, ça c’est vrai. Et je me suis fendu la peau du crâne, ça c’est vrai aussi. Mais il n’y a pas eu de points de suture ni de commotion cérébrale. Ça a juste saigné, et ça a fait un mal de chien...

 

Pis en retournant à la voiture pour le grand départ, j’allais pieds nus dans le sentier, et c’est là, à une cinquantaine de mètres de l’auto, que j’ai pilé en plein dans une talle de cram-crams.

 

Le cram-cram (cenchrus biflorus) est une herbacée épineuse de la famille des Poaceae dont les graines s'accrochent aux vêtements (et transpercent la peau). Autrement dit, c’est une sorte de chardon. Elle pousse généralement sur les sols sableux (justement là où j’ai mis le pied)....

 

Pis pour piquer, ça pique en ta ! J’en avais full méga plein sur la plante des deux pieds. Ça nous a pris une quinzaine de minutes à faire le grand nettoyage de tout ça au milieu de mes lamentations pathétiques...

 

Voilà. C’était les hauts et les bas d’une autre de mes petites aventures d'Indiana Jones en herbe.

 

À plus tard, les amis

 

Yvan

 

 

 

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La liste de toutes mes chroniques sur la Nouvelle-Calédonie est ici

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Chroniques calédoniennes

 

Pour lire mon road trip autour de la Nouvelle-Calédonie, cliquez ici

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Road trip autour du Caillou

 

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Randos en Nouvelle-Calédonie



24/03/2017
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