Les maudits vents

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De : Yvan

À : Parents et amis

Le : 1^er août 2011 – 20:00

Objet : En direct de la même place qu’hier

Bonjour à tous

Ben oui, je me trouve en ce moment exactement au même endroit qu’hier soir, sur l’Isle La Motte…

Cela s’explique du fait qu’aujourd’hui, et malgré la canicule qui s’annonçait, j’ai décidé de faire le tour complet des îles du lac Champlain en vélo, comme c’était prévu.

Et étant donné, en revenant, qu’il était trop tard pour reprendre la route, alors, j’ai réinvesti les mêmes lieux qu’hier. Je suis super bien, ici, d’ailleurs. Il n’y a plus personne. Je suis tout seul, et c’est immense. Il y a des toilettes avec lavabos. Pas de douches, par contre, mais qu’à cela ne tienne, je me débrouille à ce niveau-là grâce à mon judicieux achat chez Canadian Tire (une douche portative rudimentaire).

Hier soir, après avoir terminé d’écrire, je suis allé faire une promenade le long du lac. J’ai assisté à un magnifique coucher de soleil. J’espérais évidemment de voir apparaitre Champy, le fameux monstre qui hante supposément ce lac, mais il ne s’est pas montré le bout du nez, comme de raison. Probablement pour me narguer.

Et puis, j’avais vu juste, hier : l’endroit où je campe est effectivement un sanctuaire religieux : une dévotion à Sainte-Anne, la mère de Marie – la grand-mère de Jésus, autrement dit.

Ça s’appelle Saint Anne’s Shrine – le Sanctuaire de Sainte-Anne.

J’ai aussi appris que le site se trouve sur les ruines d’un ancien fort français – c’est fort, hein ? Il y a même une statue dédiée à notre Samuel de Champlain national. Si le sujet vous intéresse, je vous réfère à ma courte capsule encyclopédique à la fin.

Et je passe de ce pas à ma journée d’aujourd’hui.

Veni, vidi, vici – I came, I saw, I wan – Je suis parti, j’ai roulé, je suis revenu.

Je me suis tout d’abord rendu à Swanton avec tous mes amis, sur le côté oriental du lac Champlain. J’avais fait de cette petite ville le point de départ – et le point d’arrivée – de ma randonnée.

Mon plan était de rouler autour du lac en passant par ses îles. J’ai laissé Johnny Boy et La Bête dans un parking, et je suis parti avec Bruno et Grosse-Tête.

Mais malheureusement, ça a été pénible et un brin décevant. Je parle toujours de ma randonnée en vélo. Pénible physiquement, et décevant touristiquement.

Pénible, tout d’abord, à cause de trois facteurs :

1^er facteur) 109 km dans la fournaise…

C’était ma première randonnée de l’année dans une telle canicule. Mon corps ruisselait tellement que je ressemblais aux rapides de Chambly. J’ai même dû demander un refill d’eau à un résident de la place à mi-chemin, car j’ai vidé mon bidon au grand complet dans le temps de le dire.

2^e facteur) Un vent à écorner des bœufs (durant la 1^ère moitié du trajet, du moins). Dur dur de lutter contre cette force de la nature.

3^e facteur) Les côtes… Assez raides par bouts…

En passant, qui a dit qu’il n’y avait pas de côtes autour du lac Champlain ? C’est faux. Voyez plutôt :

Bref, tout ça mis ensemble, au bout de seulement 55 km, j’étais fait à l’os.

Mais je devais évidemment continuer afin de rejoindre mon auto. Ce que j’ai fait, évidemment, puisque je suis là pour le raconter. Mais j’avoue que j’ai compté tous les mètres un à un en franchissant les 10 derniers km.

Et puis, je disais aussi que j’avais été déçu…

Ça a été décevant parce que je m’attendais de voir le lac tout le long de ma balade. Et en fait ça n’a été le cas que pendant moins de la moitié du parcours. Le reste, ben, c’était comme chez nous. Pas trop dépaysant, ça…

Si jamais ça vous dit de faire vous-même cette randonnée, contactez-moi avant de vous lancer. Je vous ferai un petit briefing : il y a des chemins plus intéressants que ceux que j’ai pris – mais ce sera pour une autre fois en ce qui me concerne…

Je suis parti à 9h00 et je suis arrivé à 15h40. Ce qui n’a pas été trop pire, dans les circonstances. Et il n’a pas plu – ce que je redoutais. Tout est bien qui finit donc bien : mission accomplie pour aujourd’hui.

Demain, maintenant…

Je passerai dans l’état de New York, en me rendant tout de suite à Plattsburg. On m’a dit qu’il y avait une plage dans ce coin-là. Je ne sais pas si c’est réellement le cas. De toute façon, certains connaissent mon manque d’intérêt pour les plages. Mais après cette journée qui vient de se terminer, peut-être que j’aurai juste le goût de m’effoirer demain. Alors je me dis : pourquoi pas ? Je verrai.

Je verrai aussi pour les Adirondacks qui sont juste à côté.

En tout cas, c’est certain que la nuit sera bonne : Sainte-Anne en personne veille sur moi !

À plus tard, et portez-vous bien !

Yvan

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 1^ER AOÛT 2018

LA CAPSULE ENCYCLOPÉDIQUE

DES MAUDITS VENTS

L’Isle La Motte n’est qu’une des nombreuses îles du lac Champlain – environ 500 personnes y vivent. C’est aussi le nom du village qui se trouve en son centre.

L’île a été nommée comme ça (La Motte) en l’honneur de Pierre La Motte, un capitaine de l’armée française (du célèbre régiment Carignan-Salières) qui a construit un fort sur ce site en 1666, pour protéger Montréal des méchants Iroquois. Il a dédié cette fortification à Sainte-Anne.

Le fort a plus tard été abandonné, mais le lieu est demeuré un sanctuaire consacré à la sainte femme. Il est encore très actif aujourd’hui.

Juste à cet endroit, on peut voir en outre une statue de granit représentant Samuel de Champlain en compagnie d’un Amérindien dans son canot d’écorce. C’est pour souligner le fait que cet illustre explorateur est passé par là en 1609, et qu’il a « découvert » l’île.

Sur l’inscription, il est dit que cette statue a été créée pour le pavillon du Vermont lors de l’exposition universelle de Montréal de 1967, et transférée ici un an plus tard.

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