Papa a acheté un camping-car --- par François Althabégoïty
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PAPA A ACHETÉ UN CAMPING-CAR
1 famille, 3 continents, 7 m2
Par François Althabégoïty
Aux Éditions Robert Laffont
2008
234 pages
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SYNOPSIS (4e de couverture)
Tout plaquer pour aller faire le tour du monde en camping-car ? Ce rêve que l’on a tous eu, François Althabégoïty l’a réalisé.
« Avec Mylène, nous avons deux enfants : beaux, intelligents, attachants, charmants. À vrai dire, j’ai du mal à en parler, je ne les connais pas. Je travaille beaucoup et, avec eux, je fais le service minimum. Une idée a doucement germé dans ma tête. Nous allons partir pour un grand voyage, tous les quatre. Pour être enfin un bon père de famille, ce qu’il me faut, c’est un camping-car. »
Partir seul à vingt ans faire le tour du monde à pied, à cheval ou en voiture… passe encore. Mais emmener toute sa famille à l’aventure, vivre ensemble 24 heures sur 24, et ce dans 7 m2, c’est un autre Everest. Une escalade risquée qui demande du sang-froid, de l’énergie et beaucoup d’humour.
L’AUTEUR (4e de couverture)
François Althabégoïty a trente-sept ans. Il a commencé sa carrière comme réalisateur de documentaires. Il est marié et père de deux enfants, Aña, cinq ans, et Mattin, deux ans.
photo : site babelio.com
MES COMMENTAIRES
François Althabégoïty en a eu marre, un jour, de cette vie de banlieusard toulousain dans laquelle il s’était encroûté depuis quelques années. Et il déplorait en outre de ne pas connaitre ses enfants (2 et 4 ans) à cause de son boulot qui accaparait tout son temps et toute son énergie. C’est dans ce contexte, donc, dans un sursaut de révolte, et dans le but de se sentir revivre et pour faire enfin la véritable connaissance de ses gamins, qu’il a proposé à sa femme de décrocher momentanément de leur routine, et de partir en voyage familial pendant un laps de temps significatif. Elle a accepté. Le choix d’entreprendre ce périple spécifiquement en camping-car (VR) est venu après coup, après voir analysé différentes options de déplacement.
À force de lire des récits d’aventures, j’ai remarqué que les gens qui partent ainsi sur de longs trips autour du monde le font pour toutes sortes de raisons disparates. Celles d’Althabégoïty ne sont ni pires ni mieux que la moyenne, je suppose, même si personnellement je trouve un peu surprenante celle consistant à « apprendre à connaitre ses enfants ». Pour parvenir à ce but, des millions de pères décident plutôt de réduire simplement leurs heures de travail afin d’être davantage présents à la maison. C’est plus économique, et c’est sans doute moins stressant.
Je dis ça de même, car après la lecture de ce bouquin, on se demande vraiment si tout ce branle-bas pour en arriver à ce résultat en a valu la peine. Mais apparemment que oui ; c’est le père lui-même qui le confirme au bout de quatre mois : « Je n’ai jamais été aussi proche d’eux [de sa femme et de ses enfants]. J’ai droit, de la part des enfants, à beaucoup de câlins et à beaucoup de questions. Il est impossible de mentir ou d’occulter. On est dans l’essentiel. C’est parce qu’on n’a jamais été aussi proches que ce voyage est unique. Il commence à nous souder. »
Alors, de quoi je me mêle, finalement, hein ?
Leur voyage a duré 7 ½ mois (du 18 juillet 2006 au 4 mars 2007). On est loin des 4 ans de cavale de la famille Tsagalos, pour prendre cet exemple (voir Le tour du monde en camping-car), mais quand même… Cela ne les a pas empêchés, en tout cas, de parcourir le Canada d’est en ouest, de se rendre en Alaska, de descendre la côte ouest américaine, de sillonner le Mexique d’un océan à l’autre, de monter jusqu’à New York par la côte est, de traverser en Afrique, et de revenir chez eux via le Sénégal, la Mauritanie, le Maroc et l’Espagne.
photos : livre Papa a acheté un camping-car
Tabarnouche ! vous exclamerez-vous. Me semble que c’est beaucoup de kilométrages, ça, pour si peu de temps !
Je sais pas trop.
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Drôle de livre… Drôle dans le sens propre de « drôle ». Mais drôle aussi dans le sens « particulier », je veux dire ; dans le sens de « contraire à la coutume ».
D’habitude, en effet, les gens qui décrivent leur voyage le font avec plaisir, avec enthousiasme, et sont heureux de nous raconter les merveilles qu’ils ont vues et les expériences extraordinaires qu’ils ont vécues. Ils ne nous cachent certes pas les petits malheurs et les tensions inévitables et inhérentes à cette sorte de pérégrinations, mais généralement cela ne dure pas très longtemps, car ils n’insistent jamais sur cet aspect. Au final, tout le côté positif de leurs aventures semble apparemment compenser amplement les désagréments dont ils ont dû faire face.
Ici, c’est un peu l’inverse. Surtout en ce qui concerne les deux premiers mois du voyage.
On sent pourtant que l’auteur à trippé ben raide à quelques endroits. En Alaska, notamment, lorsque les conditions météorologiques lui ont permis de « voir » autour de lui, et dans les grands parcs du Far West américain. Mais on devine surtout qu’il en a eu marre plus souvent qu’autrement et que cette escapade a eu l’effet de remettre sa vie constamment en question. Plus le voyage avance toutefois, et plus les choses se calment – moins il râle.
J’énumère très sommairement les difficultés que les deux parents ont affrontées en cours de route :
- Le choix même de voyager en camping-car, tout d’abord. Car ils n’y connaissaient absolument rien en VR, n’ayant jamais fait l’expérience de cette sorte de vacances. Ils en ont acheté un d’occasion juste avant de partir, pas trop cher, certes, mais avec tous les problèmes d’un véhicule d’occasion. La femme de l’auteur – Mylène – ne s’est d’ailleurs pas vraiment habituée, réclamant fréquemment de dormir à l’hôtel – et obtenant souvent gain de cause.
- Les complications du départ. Leur but premier était de sillonner l’Alaska, mais à cause de contraintes hors de leur contrôle, ils ont dû expédier leur véhicule par bateau à Halifax. Et Halifax, c’est loin de l’Alaska en titi ! Et le plus risible, c’est que la famille a débarqué de l’avion à Montréal… Comme l’a expliqué l’auteur dans son style – que j’aime bien : « C’est un peu comme si, pour rejoindre Katmandou, nous avions atterri à Strasbourg et que nous décidions pour commencer de passer par Brest. » Et de conclure : « On n’a pas été très bons sur ce coup. » J’allais le dire…
- Sont venus ensuite les nombreux ennuis mécaniques. Des pannes alors qu’Althabégoïty n’y connaissait rien en mécanique de camping-car – qu’il n’y connaissait rien en mécanique tout court, je crois par ailleurs…
- Les difficultés de voyager avec des enfants (4 et 2 ans). Des enfants trop jeunes pour avoir conscience de ce qu’ils étaient en train de vivre. « Un prix Nobel devra être desservi à l’inventeur du lecteur DVD portable », propose le père.
- Les tensions dans le couple. D’énormes tensions, à vrai dire. Des tensions les ayant même menés à deux doigts de la rupture fatale. Tensions qui reprendront heureusement des allures moins menaçantes passés les deux premiers mois (d’enfer).
- Les problèmes de fric. Comme bien des familles voyageant de la sorte sur une longue période, sans salaire entrant, et avec de considérables dépenses en prime, et comme il y a eu toutes sortes de complications mécaniques en cours de route, et comme ils n’ont pas du tout fait gaffe à leur budget – ne se privant de rien –, eh bien ils se sont retrouvés fauchés au bout de seulement deux mois. Ils ont néanmoins tenu le coup (ou tenu le coût) jusqu’à la fin (vraisemblablement en s’endettant).
Il n’y a aucun chapitre dans ce livre. En fait, les titres de chapitres, ce sont les dates du calendrier. La forme de Papa a acheté un camping-car est un carnet de voyage traditionnel, tenu de jour en jour par le voyageur. Il a été possible d’en faire un recueil de 234 pages à cause de la durée relativement courte du périple.
Même si les propos sont surtout concentrés sur la vie quotidienne de cette famille, sur leurs joies et leurs peines, et sur les innombrables anecdotes qui ont jalonné leur route, l’auteur prend quand même le temps de décrire ce qu’ils ont vu et visité. Ce qui nous permet également de les suivre touristiquement dans les régions qu’ils ont sillonnées.
J’ai finalement adoré ce bouquin pour plusieurs raisons…
Je l’ai adoré parce que, comme je l’ai mentionné précédemment, il va un peu à l’encontre des récits plus conventionnels dans lesquels les voyageurs ont tendance à idéaliser leurs expériences en occultant – sciemment ou non – les nombreux passages malencontreux qu’ils ont obligatoirement affrontés, dans une tentative de prouver, dirait-on, la magnificence de leur expérience. Ici, on ne les loupe pas.
Je l’ai adoré à cause du style d’écriture de l’homme. Style humoristique grinçant et flirtant ouvertement avec la dérision et le sarcasme, se moquant tout autant et allègrement de lui-même et de ses malheurs que des gens qu’il a rencontrés et que des cultures qu’il a côtoyées – surtout l’américaine.
Je l’ai adoré parce qu’il a été écrit par un Français type ; c’est-à-dire un Français donnant raison à tous les clichés caractéristiques de ses compatriotes : râleur, un brin condescendant et hautain, un brin prétentieux, un brin chauvin, faisant fi des normes et des règlements, légèrement malhonnête, et obnubilé par les grands espaces et les ours. Mais un Français fier de tous ces attributs et qui n’en manque pas une pour les afficher au grand jour et sans aucune gêne.
Quelques exemples :
- (à propos de l’honnêteté des Américains qui font confiance aux gens) : « Il y a un truc qui est marrant avec les États-Unis, c’est que si ce n’était habité que par des Français, ça ne marcherait pas. Le nombre de fois où l’on vous fait confiance, notamment pour payer… chez nous ça ne fonctionne plus depuis belle lurette. »
- (à propos de tous les règlements auxquels on lui demande de se conformer) : « Oui, c’est vrai, j’enfreins les règles en permanence. MAIS CE N’EST PAS MA FAUTE, C’EST PARCE QUE JE SUIS FRANÇAIS [en majuscule dans le texte]. C’est plus fort que moi, c’est dans mes gènes. Un Français se croit toujours plus libre, plus malin que tout le monde. »
J’ai finalement adoré ce bouquin parce qu’il est très bien écrit avec une prose résolument masculine : pas de poésie, pas de descriptions à l’eau de rose, pas de lyrisme, pas de psychologie intérieure compliquée (ou très peu) ; les propos allant directement à l’essentiel : comportements concrets, opinions claires et exprimées sans prendre de gants blancs, situations promptement cernées et dépeintes en deux coups de cuillère à pot. Cela n’en demeure pas moins fluide et romanesque. Un beau talent d’écrivain dans son genre.
En contre… Le fait que l’auteur – le narrateur – tente tout au long du récit de se la jouer cool (et un peu blasé) est un peu énervant, car ça sonne faux. Mais on finit par passer par-dessus ce défaut à cause de l’humour dont je parlais plus haut, et aussi – tout compte fait – parce que cela fait partie des clichés du modèle Français de base, dont je faisais également mention.
De par toutes ces qualités, ça se lit très rapidement, comme un roman. Ça ne donne peut-être pas le désir de s’embarquer dans une telle galère à notre tour – ça fait d’ailleurs un peu peur par bout –, mais ça procure néanmoins un autre son de cloche par rapport à ce style de voyage.
Ah oui : l’histoire finit bien, of course, comme tous les récits de voyage du même genre : famille plus soudée que jamais, transformation en profondeur (en mieux), réadaptation difficile au quotidien-dien-dien, etc. J’ai l’air de me moquer, mais pas du tout.
PS) Le bouquin ne comporte aucune photo. Dommage…
PS) L’auteur mentionnait au début qu’il avait été convenu avant son départ, entre lui et une maison de production, de monter un film-documentaire sur son voyage. Ce film existe apparemment bel et bien : même titre, paru en 2007, durée de 55 minutes, mais ce sont là les seuls renseignements que j'ai trouvés sur Internet.
MON APPRÉCIATION
(pour bien comprendre l’attribution de cette cote, lire rapidement ceci)
SITE INTERNET DE L’AUTEUR
Apparemment aucun
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Apparemment aucun
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