La Vie qui défie tout entendement
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La Vie avec un grand V semble correspondre à une suite jamais ininterrompue de miracles. Or, les miracles, ça n’existe pas. C’est pour cette raison que les savants s’acharnent à découvrir comment certaines molécules s’y prennent pour bafouer les lois qui gouvernent la matière inerte tout en se montrant d’une intelligence si vertigineuse. Sans aucun succès jusqu’à maintenant.
Avant-propos
L’origine de la Vie et son évolution à travers les époques représentent un autre sujet absolument fascinant… En tout cas, c’est ce que diraient certainement et sans aucune hésitation les deux Charles (Tisseyre et Darwin). Ils l’ont sûrement déjà dit, d’ailleurs.
Charles Tisseyre Charles Darwin
Par le mot « Vie », je fais référence à bien des « choses ». À des milliards de choses. Des choses qui, pourtant, et malgré leur foisonnement, ne sont apparemment présentes, dans notre système solaire, que sur notre planète : la Terre. Et des choses qui font de celle-ci, en dépit de sa petitesse, l’astre le plus singulier de tout ce même système.
Jusqu’à présent, la Terre semble en effet la seule planète de notre système sur laquelle la Vie existe. En tout cas, si elle est présente chez nos voisines – et l’avenir nous l’apprendra peut-être un jour –, elle ne l’est apparemment que sous forme de micro-organismes pas plus gros que quelques millièmes de millimètre. Quant aux arbres, aux fleurs, aux insectes, aux animaux et aux êtres humains, il n’en pousse aucun sur la Lune, ni sur Mars, ni sur les autres planètes, et ni sur leurs satellites. C’est prouvé depuis longtemps. Il se peut évidemment que ce soit différent ailleurs dans l’univers, mais je ne m’embarquerai pas dans ce débat-là pour le moment. Ce qui se passe ici, sur notre planète Terre est déjà assez capotant, et je ne vais m’en tenir qu'à celle-ci.
Qu’est-ce que la Vie ?
Je suis vivant. Vous l’êtes. Un ours également. Ainsi que l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Mais un caillou ne l’est pas. Ni un clou. Ni un robot. Mais qu’en est-il des moisissures qui se terrent dans les recoins reculés de votre maison ? Et de votre ado qui est rivé sur son ordi 24 heures sur 24 dans sa chambre (blague) ? Et des cellules de votre corps ? Et des bactéries ? Et des virus ?
Un virus en mal d’identité
La Vie est aujourd’hui l’affaire de la Science. Et comme la Science est « exacte », elle avance avec méthode et en commençant par le commencement. Or, ici, le commencement, par rapport à la Vie, c’est de lui donner une définition.
Qu’est-ce qui fait qu’une matière est vivante tandis qu’une autre ne l’est pas ? En dépit de ce qu’on pourrait penser, cette question n’est pas du tout simple à répondre. C’est même presque impossible. Nonobstant le fait que la Vie semble si évidente, personne ne s’entend encore sur cette définition. En fait, ça dépend de celui qui aborde le sujet, car tout le monde a sa petite idée là-dessus : les physiciens, les chimistes, les biologistes, les microbiologistes, les généticiens… Et quand les philosophes et les religieux s’en mêlent eux aussi, ça rajoute une couche au bordel. Et cela donne même parfois lieu à de véritables querelles entre scientifiques avec des mots pas toujours très beaux à entendre.
Bref, pour ce qui est de savoir ce qu’est exactement la Vie, et comme c’est un peu la pagaille, je m’en tiendrai donc à des principes simples « d’homme de la rue ».
Prenons quatre objets au hasard. Deux que l’on considère vivants et deux autres non vivants. Un chien, un cactus, un canapé et un pot de grès, par exemple.
Quelle différence y a-t-il entre les deux vivants et les deux non-vivants ? Il y en a quelques-unes…
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Ils respirent |
Ils ne respirent pas |
Ils se nourrissent |
Ils ne se nourrissent pas |
Ils rejettent de la matière hors de leur corps |
Ils ne rejettent rien hors de leur corps |
Leur métabolisme interne grouille d’activités chimiques |
Leur métabolisme interne est figé |
Ils sont des composés organiques de milliards de cellules |
Ils ne sont que des composés moléculaires |
Ils possèdent une sorte de conscience (pour le cactus, cette affirmation est à débattre, je sais) |
Ils ne possèdent aucune conscience |
Voilà qui est simple, non ?
« Voilà qui est très simpliste, plutôt, oui ! », s’insurgeraient sûrement les détenteurs de diplômes universitaires.
Une tête à claques
Et ils auraient raison, bien sûr, selon leur point de vue de scientifiques-qui-en-connaissent-très-long-sur-le-sujet. La différence entre le vivant et le non-vivant est beaucoup plus subtile et compliquée que ça. Je le sais très bien, au fond. Mais je ne suis pas un scientifique, justement. Comme je le disais plus haut : je ne suis qu’un banal homme de la rue.
Ce statut me donnant le droit et la latitude de prétendre un peu n’importe quoi, alors, voilà, je continue sur ma lancée sans plus de façons.
Une manière un peu ésotérique de considérer les choses serait de dire que la matière devient vivante quand les molécules qui la composent se mettent à penser par elles-mêmes et à prendre des décisions en faisant apparemment fi des lois chimiques qui les gouvernent.
En tout cas, on dirait vraiment que c’est comme ça que ça marche : c’est comme si les molécules de matière faisaient soudain montre d’autonomie et acquéraient la faculté de réfléchir en se montrant plus intelligentes que tous nos scientifiques réunis !
Pour expliquer ce que je veux dire par là, je vais faire un léger retour dans le passé, mais quand même pas trop loin en arrière : juste 4 milliards d’années…
Des molécules très intelligentes
La Terre a commencé à se former voilà 4,5 milliards d’années. Je vous raconte pas le bordel qui régnait à ce moment-là. C’était encore pire que pendant les manifestations des gilets jaunes. Juste pour vous donner une idée des conditions météorologiques qui prévalaient à cette époque, je vous montre une photo que j’ai prise là-bas lorsque j’ai été y faire un tour dans ma machine à voyager dans le temps – et d’où je suis revenu illico avant d’y laisser ma peau.
Croyez-le, croyez-le pas, un océan (tumultueux) a quand même fini par se former dans ces conditions. Et c’est dans cet océan et dans ces conditions d’apocalypse qu’est apparue la Vie quelque part entre - 4 milliards et - 3,5 milliards d’années. Et la forme de Vie qui a soudainement vu le jour dans cet océan de la mort, ce sont des cellules procaryotes (des bactéries).
Ces petits bâtonnets qui ressemblent à des crottes de fromage sont nos ancêtres. Eh oui : nous avons tous été cette minuscule bibitte dans le passé.
Malgré sa taille microscopique, une bactérie est en effet une Vie à part entière : elle se déplace, elle respire, elle mange, elle digère, elle expulse ses déchets hors d’elle-même et elle se reproduit.
Ludiquement, on pourrait la comparer à une petite ville fortifiée grouillante d’activités.
Une cellule procaryote macrocosmique (au sens figuré, bien sûr)
Comme une Carcassonne du Moyen Âge, la bactérie est protégée de l’extérieur par une coque étanche et bien gardée, elle ne laisse entrer à l’intérieur que les éléments nécessaires à son alimentation et à ses besoins énergétiques, elle rejette ses déchets hors de ses murs, tous ses habitants travaillent sans répit de façon à assurer la survie de tous, et elle se défend farouchement contre les envahisseurs.
Et en plus (mais ça, Carcassonne est incapable de le faire) : elle produit des doubles d’elles-mêmes en se clonant à l’infini.
Il existe aujourd’hui des milliers de variétés de bactéries sur la Terre. Leur taille moyenne est de 2 micromètres (2 millièmes de millimètre). C’est l’une des matières vivantes les plus simples que l’on connaisse. Mais quand je dis « simple », on s’entend, hein ? Comparée aux cellules eucaryotes (celles de notre propre corps), c’est de la gnognote, en effet. Mais comprendre son fonctionnement exige néanmoins des études passablement poussées en microbiologie. Et d’autre part, aucun savant au monde n’est capable d’en fabriquer une à partir de molécules brutes.
Cela dit, voilà 4 milliards d’années, il n’y avait aucune Vie sur la Terre, et 500 millions d’années plus tard, la mer pullulait de ces petites bestioles compliquées. Qu’est-ce qui s’est passé pendant ces 500 millions d’années ? Comment est-on passé d’un stade à l’autre ?
C’est le mystère total.
En fait, on sait au moins que des atomes de l’océan primitif ont commencé par s’associer pour former des molécules organiques simples : les acides aminés.
On sait aussi que ces acides aminés se sont ensuite agglutinés pour former des molécules un peu plus complexes, genre des protéines. Celles-ci étant la « brique » moléculaire de la Vie.
Jusque là, ça va. Les atomes et les molécules sont soumis aux lois de la physique et de la chimie, ce qui les obligent à réagir de façon prévisible sous certaines conditions. On ne peut pas dire ici que les atomes se sont concertés pour former ces communautés de molécules puisqu’ils obéissaient aux forces électromagnétiques. Les scientifiques sont eux-mêmes en mesure de fabriquer des protéines, car ils connaissent les lois qui les régissent.
Mais la prochaine étape de l’évolution stipule que ces molécules organiques complexes se sont ensuite organisées pour construire ces fameuses unités de vie appelées cellules procaryotes : les bactéries.
Alors ça, c’est vachement une autre paire de manches. Car il y a un monde incommensurable entre les molécules organiques complexes et les procaryotes. Un abyme, oui.
Comment diable s’y sont-elles prises ?
C’est comme si, parmi les molécules, il se trouvait des ingénieurs hyper-méga-intelligents (plus intelligents que tous nos savants passés et actuels) qui s’étaient un jour réunis dans une salle de conférence afin d’élaborer un projet de construction titanesque dont eux-mêmes et leurs concitoyens allaient servir de matériaux !
Pour donner une idée de l’ampleur de la tâche qui attendait ces ingénieurs, je fais juste référence à la « membrane cytoplasmique » (la peau) d’une bactérie. Regardez ce que ça a l’air :
Je fais grâce de toutes ses quincailleries intérieures : celle nécessaire à sa reproduction (molécule d’ADN), par exemple, ou celle de sa fabrication d’énergie.
Le problème, c’est que les molécules ne sont pas des ingénieurs hyper intelligents. Ce ne sont que des molécules, justement. C’est-à-dire des petites unités d’énergie qui ne pensent pas par elles-mêmes. Les molécules, aux dernières nouvelles, n’ont pas de cerveau. Elles ne sont pas capables de réfléchir. Et encore moins de s’organiser elles-mêmes en prenant des décisions. Elles se font plutôt elles-mêmes organiser par les lois draconiennes qui les régissent. Elles s’attirent ou se repoussent mutuellement, c’est tout.
La construction d’une station orbitale à côté de ce projet d’ingénierie, c’est un banal bricolage de maternelle. À preuve : des stations orbitales, les savants en ont construites ; mais des bactéries, ils n’ont absolument aucune idée de comment qu’on fait ça. Et ils s’arrachent d’ailleurs les cheveux depuis presque un siècle pour comprendre ce mystère tellement ça les obsède.
Et je les comprends bien. Si j’étais à leur place, je ferais pareil. Du moins j’arracherais ceux qui sont encore là – je parle de mes cheveux…
Ils s’entendent toutefois tous sur un principe de base. Et personnellement, c’est ici que je décroche complètement. Ils affirment en effet que toutes les étapes qui ont mené des molécules complexes jusqu’aux cellules procaryotes sont dues à une suite sans fin d’inimaginables HASARDS… Ayoye !
Le hasard
Le temps impliqué dans le phénomène de l’évolution est difficile à concevoir. On parle de millions d’années… Mettons que vous vivrez 100 ans, ce qui vous parait sans doute beaucoup. Pourtant, 100 ans, c’est un grain de poussière à comparer à l’âge de la Terre. La bactérie, par exemple, s’est construite sur une période, grosso modo, de 500 millions d’années. Eh bien, 100 ans sur 500 millions, ça correspond à 0,00002 % !
Alors, évidemment, il s’en passe des choses pendant ce temps-là.
Pour le sujet qui nous occupe ici, durant ces 500 millions d’années, les protéines et d’autres molécules complexes se sont rencontrées dans l’océan primitif. Beaucoup se sont ignorées, n’étant pas compatibles, et quelques-unes, au contraire, ont fusionné. Celles qui ont fusionné sont de ce fait devenues encore plus complexes. Et elles ont continué leur petit bonhomme de chemin en rencontrant d’autres molécules aussi complexes qu’elles-mêmes au hasard de leur route. Encore une fois, ou bien elles se sont ignorées ou bien elles ont de nouveau fusionnées parce qu’elles s’entendaient bien – chimiquement parlant, bien sûr !
Et de rencontres aléatoires en rencontres aléatoires, et de complexification en complexification, au cours de ces 500 millions d’années, tout cela a finalement abouti à une sorte de machinerie ultra sophistiquée qui a réussi le tour de force de se mouvoir par elle-même, de se reproduire par elle-même, de s’alimenter par elle-même et de se protéger du milieu ambiant par elle-même.
Le hasard… On croirait rêver…
Il ne nous viendrait pourtant jamais à l’esprit de prétendre qu’une station orbitale se soit fabriquée par elle-même au hasard de rencontres de molécules au cours des millénaires, de telle sorte qu’elle fonctionnerait aujourd’hui de façon tout à fait autonome, sans l’aide de personne. Mais on l’affirme candidement en parlant d’une structure des millions de fois plus complexes qu’une station orbitale.
Bref, grâce à l’enchainement d’une somme monumentale d’autres fabuleux hasards, il y a eu deux prochaines étapes cruciales dans l’évolution de la Vie et j’en parlerai rapidement, car il s’agit de deux étapes un peu similaires à celle qui a fait passer la matière inerte à la matière vivante :
1) la fusion de cellules procaryotes pour former des cellules eucaryotes ;
2) l’association de cellules eucaryotes pour former des organismes pluricellulaires.
Des bactéries intelligentes
Une fois les cellules procaryotes fabriquées, celles-ci ont continué d’évoluer jusqu’à se transformer en cellules eucaryotes.
Ça a pris quelque 2 milliards d’années, cette fois, pour en arriver à ce stade. Je n’insiste pas pour dire que 2 milliards d’années, c’est pas juste le temps d’une pause-café.
Il existe beaucoup de différences entre ces deux types de cellules. Le programme génétique des eucaryotes est tout d’abord protégé à l’intérieur d’un noyau lui-même situé au milieu de la cellule. Ensuite, l’eucaryote est beaucoup plus volumineux, et sans commune mesure plus complexe. Entre autres choses, l’eucaryote est une véritable usine à fabriquer de l’énergie et des protéines (les matériaux de toutes les Vies sur Terre), et à se reproduire lui-même. Comme les procaryotes, en fait, mais des milliers de fois plus performants.
Si la cellule procaryote est impossible à confectionner par l’Homme, je vous dit pas que la fabrication d’un eucaryote, elle, ne sera toujours qu’une vaine chimère à envisager. M’enfin, « toujours » est peut-être un bien grand mot. Disons qu’on en reparlera en l’an 3 124 apr. J.-C. – si l’on n’a pas fait exploser la Terre avant.
Et pourtant, de simples bactéries ont réussi, elles, ce tour de force de fabriquer de tels ensembles. Comment ? De la façon la plus naturelle du monde, soit de la même manière que se forment toutes les sociétés humaines : en se rencontrant au hasard de leur route, en créant des amitiés ici et là, en se fusionnant carrément lorsqu’il y avait de l’amour entre elles, en acceptant d’autres bactéries dans leur cercle de camaraderie, et s’organisant en communauté quand ce cercle devenait un peu plus large, en se répartissant graduellement des rôles pour structurer et améliorer leur quotidien, chacune se spécialisant dans des fonctions précises avec le temps, en s’échangeant des services, etc.
Et au bout de 2 milliards d’années, les bactéries d’origine s’étaient tellement métamorphosées au sein des communautés dans lesquelles elles avaient prospéré qu’elles pouvaient dorénavant se prévaloir du titre collectif de cellules eucaryotes.
Elles étaient passées du stade de petites villes fortifiées à celui de grandes cités métropolitaines industrielles…
Mais des cités métropolitaines industrielles qui, comme les procaryotes, étaient en mesure de se dupliquer elles aussi en se clonant toutes seules à l’infini.
Imaginez la ville de New York faisant un double d’elle-même en quelques minutes et chaque double faisant elle-même un double, sans arrêt, toujours, éternellement…
Bref, c'est simple, l’évolution, vue comme ça, hein ?
Toujours la même tête à claques
L’invention de la bagatelle
L’apparition des cellules eucaryote a été le déclenchement ultime de la Vie avec un V majuscule. C’était parti mon kiki, comme on dit. Comment ça ? Parce que les cellules eucaryotes étaient des organismes grégaires et sociables : elles aimaient apparemment vivre en société – comme nous, les êtres humains. Et elles ont commencé presque tout de suite à le faire – à se rassembler en communautés.
Ça a probablement débuté par la formation d’une association très rudimentaire de deux cellules eucaryotes un peu différentes l’une de l’autre, mais quand même semblables, qui se sont un jour rencontrées par hasard (toujours « par hasard », oui, bien sûr), et qui ont décidé d’unir leurs efforts pour survivre dans cette putain de vie qui ne faisait pas de cadeau à personne. C’était le tout premier organisme pluricellulaire. « Pluricellulaire » parce que cet organisme était constitué de plus d’une cellule.
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Pour les besoins de la cause, j’appellerai Adam ce tout premier organisme pluricellulaire, car c’était lui, le « premier homme », en quelque sorte, non ?
Puis, les millénaires s’écoulant, et toujours à cause de l’inévitable « hasard ». Adam a rencontré un autre eucaryote double sur son chemin. Un eucaryote semblable à lui, mais différent par quelques aspects. Je l’appellerai Ève, celui-là, bien sûr.
Cette rencontre a déclenché une éruption de molécules appelées phéromones.
Ce qui les a incités instinctivement à s’échanger du plaisir. Je censure à dessein cette séquence à cause de la décence.
Érotiquement parlant, la sexualité venait de naitre. Mais techniquement parlant (dirait la Science), ils avaient échangé, fusionné et ensuite dupliqué leurs bagages génétiques respectifs. Demandez-moi pas comment ils ont réussi à « inventer » ça. Et demandez-le pas aux savants non plus, car ils l’ignorent complètement eux aussi. C’est un autre mystère insondable de la « nature ».
Bref, ces deux organismes pluricellulaires, Adam et Ève, ont fait l’amour. Et ça a donné un rejeton, semblable aux deux parents (un organisme pluricellulaire lui également), mais quand même différent d’eux.
Celui-ci a évidemment fait de même (forniquer) avec d’autres organismes pluricellulaires semblables à lui, mais quand même différents. Qui ont de ce fait engendré d’autres organismes pluricellulaires semblables à leurs parents, mais quand même différents d’eux
Le Terre commençait dangereusement à se peupler d’organismes semblables, mais différents…
Les eucaryotes artistiquement dingues
Mais les eucaryotes ne se sont pas contentés de se rassembler en communautés de deux individus. Forts de cette expérience de camaraderie, ils ont rapidement compris que l’union faisait la force. Et ces petites associations se sont de ce fait transformées en véritables colonies au cours des millénaires : des colonies de dix cellules, de cent, de mille, de millions, de milliards, de milliards de milliards, et plus grandes que ça encore…
Ces colonies de cellules ont pris milles formes différentes au gré du temps qui passait.
Et chacune de ces colonies a rencontré d'autres colonies semblables à elle, a forniqué avec elles, et a engendré d’autres colonies presque semblables à leurs bagages génétiques fusionnés.
Si vous ne comprenez pas trop ce que je veux dire, référez-vous à votre propre situation d’être humain, car vous êtes vous-même un organisme pluricellulaire composé de milliards de milliards d’eucaryotes :
À cette lointaine époque, au tout début des premières formations d’eucaryotes, ces colonies de cellules avaient toutefois une toute autre allure. En voici quelques exemples :
Mais il y en a eu des millions d’autres, dont, plus tard, nos fameux dinosaures…
Cette énorme variété d’organismes pluricellulaires s’explique du fait que, de génération en génération, les bébés organismes pluricellulaires se transformaient en des individus toujours quelque peu différents de leurs parents. Mais la principale raison est due à des erreurs sporadiques lors de la transmission des bagages génétiques des parents (je n’entrerai pas dans ces détails-là, ici, mais je le ferai dans un autre article, restez à l’écoute). À cause de ces erreurs dans la transcription des gènes, certains bébés pouvaient naitre, en effet, avec des formes TRÈS différentes de leurs parents
On appelle ce phénomène « mutation ».
Certains mourraient tout de suite. Mais d’autres survivaient et faisaient eux aussi des bébés, amorçant ainsi une sorte de nouvelle dynastie parallèle d’organismes pluricellulaires dans l’échelle de l’évolution.
Il y en a eu plusieurs, des comme ça…
Petite parenthèse, ici. L’une de ces dynasties évolutives dues à des erreurs de codage génétique à répétition a mené jusqu’à nous – homo sapiens – au fil des époques. Ça s'est passé à peu près de cette façon-là :
Bref, cette étape de l’évolution à fait place non plus seulement à des molécules ingénieures hyper-méga-intelligentes, mais à des cellules que je qualifierais, elles, d’hyper-méga-artistiques. C’est comme si la nature avait décidé de se servir de ses schémas chimiques architecturaux complexes de base à des fins de production de tableaux surréalistes…
Toujours lui
Pourquoi je dis ça ? Parce que la Vie, telle qu’elle s’est développée à partir de ce moment-là (voilà à peu près 600 millions d’années, et excusez l’approximation), et pendant tout le reste de l’évolution jusqu’à aujourd’hui, s’est manifestée en une variété infinie de formes : des millions et des millions de modèles différents : des organismes invisibles à l’œil nu (les micro-organismes), d’autres un peu plus grands (les insectes et les champignons, par exemple), et d’autres plus immenses encore (toute la flore et toute la faune visible, incluant l’homo sapiens). Parmi eux, il y en a eu des beaux, des laids, des esthétiques, des difformes, des mignons, des méchants, des silencieux, des bruyants, des idiots, des intelligents, et trouvez vous-même tous les qualificatifs dont vous êtes capables pour les désigner.
Un infime échantillon de modèles façonnés par la « nature » à partir de cellules eucaryotes et que l’on retrouve aujourd’hui sur la Terre
Mettez un artiste humain quelconque au défi de créer des œuvres à l’infini en ne répétant jamais la précédente d’une fois à l’autre. Il se mettra certes immédiatement au travail, mais son imagination fera nécessairement défaut un jour ou l’autre. Mais la « nature », elle, n’a jamais été à court d’imagination jusqu’à aujourd’hui. Elle n’a jamais été saturée de nouvelles idées. Ses œuvres se sont enchainées sans jamais de répit pendant des millions d’années.
Pour en revenir aux minuscules eucaryotes qui en sont venus à s’associer ensemble afin de « fabriquer » ces communautés monstres de cellules voilà 600 000 d’années, les savants travaillent toujours d’arrache-pied pour comprendre comment ils ont fait ça. Ainsi que pour comprendre comment de telles sociétés composées de milliards et de milliards d’individus peuvent encore si bien fonctionner sans que personne – en apparence – ne s’occupe de gérer l’ensemble. Les gènes représentent certes le mécanisme de base, biologiquement parlant, de tout ceci, mais ils ne donnent aucune indication sur la nature du contrôleur de toute cette incommensurable tuyauterie ?
Pour l’instant, notre présence actuelle sur Terre demeure un authentique mystère.
La nature, le hasard et autres concepts nébuleux, mais bien pratiques
Avant le 16e siècle, c’est-à-dire avant l’avènement de la Science, les gens ignoraient tout cela. Ils ne se posaient d’ailleurs aucune question concernant la Vie sur Terre. Elle était là et elle était immuable. Son créateur était Dieu et toutes les créatures existantes étaient les manifestations de Dieu.
Et gare à celui qui osait prétendre le contraire !
Au cours des derniers siècles, l’interprétation de l’histoire de la Vie s’est quelque peu modifiée…
La version actuelle stipule que la Vie a tout d’abord été « créée » non pas par Dieu en quelques jours voilà 6 000 ans. Elle est plutôt apparue voilà 3,5 milliards d’années sous forme d’organismes microscopiques qui ont évolué jusqu’à nous avec le temps.
Ensuite, Dieu n’a plus rien à voir dans ce processus. Ce sont des molécules qui se sont organisées elles-mêmes en se servant des lois qui les régissent – ou en s’en émancipant, on n’en sait trop rien.
Le mot Dieu a d’ailleurs disparu du vocabulaire des scientifiques. Il a été remplacé par le mot « nature ». Ça ne veut pas dire grand-chose, mais au moins le mot est neutre et il ne nuit pas à leur crédibilité, contrairement à « Dieu », qui susciterait des petits sourires en coin de la part des collègues s’il était prononcé.
L’expression « volonté de Dieu » a quant à elle été remplacée par « hasards » et « coïncidences ». Là aussi, les savants ne risquent pas de perdre leur crédibilité en les utilisant.
Je ne suis pas un scientifique. Mais si ma vie était à recommencer, peut-être réorienterais-je ma carrière dans ce domaine tellement il me fascine depuis plusieurs années.
Et si je l’étais – scientifique –, et que j’étais directement confronté à tous ces mystères incommensurables que recèle notre monde physique, je ferais nécessairement montre d’humilité et de respect devant tout ça. En fait, je me prosternerais bien bas, encore davantage que je ne le fais actuellement, devant le Grand Architecte qui mène toute cette danse.
Car en ce qui me concerne, les « hasards » n’ont rien à voir avec ce qui se passe ici, dans notre incroyable univers. Premièrement, il y en a trop. Et deuxio, ils sont trop gros. Gagner le gros lot une fois à la loterie relèverait peut-être du hasard, oui, j’en conviens. Mais le gagner un millier de fois relèverait plutôt du véritable miracle… ou ce serait « arrangé avec le gars des vues », comme on dit.
Personnellement, je crois fermement que TOUT ce qui a rapport au fameux hasard dans notre monde ici bas est arrangé avec le gars des vues. Et celui qui osera m’obstiner là-dessus devra s'attendre à une réaction énergique de ma part.
De toute façon, même les savants, au fond – du moins ceux qui ne sont pas trop infatués de leurs savoirs – doivent être d’accord avec cette évidence.
Et ce, même s’ils n’en parlent jamais publiquement de peur de faire rire d’eux.
VIDÉO À NE PAS MANQUER
47 minutes de pure fascination. Les premiers mots de ce documentaire extraordinairement bien fait sont : « Nous sommes le fruit d’un miracle. »
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