Les maudits vents

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La virtualité des réalités individuelles

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Je marchais dans un sentier voilà quelque temps de cela – dans une forêt. Il faisait beau. Ni trop chaud, ni trop froid : juste assez. J’entendais les oiseaux gazouiller. Je voyais quelques écureuils gambader ici et là. Les arbres étaient fournis et en bonne santé. Ça sentait bon les épinettes et la terre.

 

Et encore une fois, comme d’habitude, mon esprit est parti au galop dans un infini intergalactique. Je me disais alors à peu près ceci : « Je me trouve en ce moment dans une sorte de paradis. Je suis seul, en paix, au sein d’une nature magnifique. Si j’avais vécu toute ma vie dans cette forêt sans n’en être jamais sorti, j’ignorerais complètement que d’autres humains existent. J’ignorerais que des villes existent. Et je vivrais quotidiennement en fonction de cette réalité-là, sans me poser aucune autre question. Dans ces conditions, si un extraterrestre débarquait et me demandait de lui parler de la Terre, je lui décrirais un monde d’arbres, de cours d’eau et d’animaux, en me montrant d’une sincérité absolue. »

 

Ce qui m’a fait élaborer le scénario suivant me concernant :

 

Disons que les journaux n’existeraient pas, Internet non plus, et que je n’aurais jamais été à l’école et que je n’aurais jamais eu aucune conversation avec des gens qui ont voyagé. Eh bien, dans ce cas, dans cette réalité-là – la mienne –, la guerre n’existerait pas. Elle n’existerait pas, car depuis ma naissance, j’ai vécu dans des patelins qui n’ont jamais connu aucun conflit armé. Un extraterrestre débarquerait et me demanderait de lui parler de la Terre, et je lui décrirais un monde de paix, à peine troublé par quelques querelles de voisins.

 

Au même moment, un habitant d’un village perdu du Darfour rencontrerait cet extraterrestre et il lui décrirait, lui, un monde de tueries, de viols, de famine et de misère.

 

Deux personnes, deux mondes différents, deux réalités différentes.

 

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Revenons à mon cas personnel – moi, moi, moi. Si un extraterrestre débarquait réellement en cet instant et me demandait de lui décrire notre monde, c’est bien certain que je ne lui décrirais pas le monde idyllique ci-dessus. Pourquoi ? Simple : parce que je sais que la guerre existe ailleurs. Je le sais même si je n’ai moi-même jamais connu aucune guerre. Et si je le sais, c’est parce que je l’ai appris au fil du temps, à travers l’école, les journaux, les bulletins télévisés, Internet, et que j’y crois…

 

Mais malgré tout ça, je ne suis quand même pas au courant de tout. Il y a des pans entiers de l’univers dont je suis complètement ignorant. Dans cette optique, je ne parlerais évidemment pas de ces réalités-là à mon extraterrestre, puisque je les ignore. Et plus que ça encore : ces autres réalités étant inconnues de moi, elles ne me dérangent pas moi-même aujourd’hui, et je ne vis pas en fonction de celles-ci. Et si je meurs sans les connaître, eh bien voilà : j’aurai vécu de cette façon et ce ne sera pas plus mal.

 

Et c’est d’ailleurs ce qui se passe dans la vie de chacun d’entre nous en ce moment même : nous ignorons plein de choses, et ces choses ne nous influencent aucunement étant donné qu’elles ne font pas partie de notre réalité consciente.

 

Mais si nous venons un jour qu’à apprendre une facette supplémentaire de ce qui nous entoure – et que nous l’acceptons –, eh bien, notre réalité se modifiera aussitôt en fonction de celle-ci ; et par conséquent, notre vie changera également.

 

Cela survient constamment et pour tout le monde. Votre réalité – et donc votre vie – est régulièrement modifiée par les nouvelles données qui parviennent dans votre cerveau et que vous acceptez comme vraies.

 

Exemple… 

 

Prenons un enfant élevé au sein d’une famille catholique pratiquante. Sa réalité sera alors celle d’une vie de dévotion à la manière catholique. Mais il se produira peut-être un événement, un jour, où il sera confronté à une autre conception de sa vie spirituelle – donc à une autre réalité. S’il l’accepte comme étant vraie, elle deviendra alors sa nouvelle réalité, et sa propre vie en sera modifiée. En mieux ou en pire. Il pourrait très bien adhérer, en effet, à une secte qui l’asservira.

 

* * * * *

 

Où est-ce que je veux en venir ? Je désire en venir à ceci : la réalité actuelle qui nous entoure est personnelle et elle est le fruit d’une accumulation d’informations que nous avons accepté dans notre esprit comme étant la vérité. Conséquemment, toute notre vie n’est en fait qu’une série de réalités différentes qui se sont succédé au fil du temps.

 

Celle-ci – notre réalité actuelle – est donc relative, et non absolue. Bien sûr, puisque des informations, il s’en trouve à l’infini et qu’elle est ainsi susceptible de se modifier pendant toute la durée de notre existence. Il ne s’agit donc pas d’une réalité, mais bien d’une virtualité. Une virtualité dans laquelle nous naviguons néanmoins en croyant dur comme fer qu’il s’agit de « la » réalité – la réalité absolue.

 

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Que vaut-elle, alors – notre petite réalité relative d’aujourd’hui – par rapport à la réalité absolue ? Si celle-ci-ci existe, par ailleurs. Ce qui serait l’objet d’un autre débat.

 

Et que vaut-elle par rapport à toutes les réalités relatives du reste des humains ? Est-ce parce que vous avez plus de connaissances que votre voisin que votre réalité est meilleure que la sienne ? L’acquisition de nouvelles connaissances est-elle garante d’une meilleure réalité – et donc d’une meilleure vie ?

 

Un autre court scénario…

 

Solange est mariée à un homme bon et honnête, père de famille exemplaire, un homme qui l’aime et qui le lui prouve tous les jours par des mots et des gestes concrets, et qui la rend heureuse. D’après sa conception des choses, à quatre-vingts ans, elle considère qu’elle a fait l’expérience de la vie rêvée. Et elle meurt – de vieillesse – comblée. Tellement que tout le monde peut voir un sourire de contentement pendant qu’elle est étendue dans son cercueil.

 

Or il s’avère que l’homme avec qui elle a vécu menait une double vie. En fait, il l’a trompée en secret avec trente-quatre maitresses différentes pendant toute la durée de leur mariage.

 

Vous vous imaginez sans doute ce qui serait arrivé si elle l’avait su ? Sa vie n’aurait évidemment pas été la même. Mais elle ne l’a jamais su et, grâce à cette ignorance, elle a vécu heureuse.

 

La réalité dans laquelle vivait Solange a fait d’elle une personne rayonnante. L’autre – fruit d’une information supplémentaire – aurait fait de sa vie un enfer.

 

Un dernier scénario…

 

Paul vit une enfance heureuse au sein d’une famille unie dans laquelle tout le monde s’aime et se respecte. Il grandit, fait des études, gagne bien sa pitance, fonde une famille, et meurt très satisfait de l’existence qu’il a vécue.

 

Or il s’avère que Paul a été adopté. Son père biologique a tué sa mère biologique à coups de hache pendant qu’il était au berceau ; un truc abominable qui lui a valu la prison à perpétuité où il est mort au bout de trente ans. De là, l’adoption du bébé dans une autre famille. Mais celui-ci n’a jamais rien su de cette histoire. Vous imaginez-vous ce qui serait arrivé s’il avait appris ce secret à… vingt ans, disons, et tandis que son père biologique vivait encore, mais en prison ? La vie de ce jeune homme en aurait été complètement chamboulée.

 

La réalité dans laquelle vivait Paul a fait de lui un homme épanoui. L’autre réalité – fruit d’une information supplémentaire – aurait probablement eu de graves conséquences sur sa santé émotionnelle, et elle aurait gâché sa vie.

 

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Ce concept de réalités personnelles relatives qui se transforment ou non au gré d’informations connues ou non me fascine depuis très longtemps. Tellement que je l’ai développé dans un roman. Roman que j’ai intitulé Le choix des mondes. L’avez-vous lu ?

 

Je niaise. Vous ne l’avez pas lu pour la simple et bonne raison qu’il n’a jamais intéressé aucun éditeur et qu’il est toujours demeuré dans mes tiroirs.

 

Au fait, voilà encore de l’eau à mon moulin. Vous vivez aujourd’hui dans votre réalité. Une réalité personnelle qui est construite à partir des informations que vous avez en main. Mais si vous aviez lu mon roman, vous auriez accédé à une information supplémentaire. Et votre vie en aurait été transformée de fond en comble.

 

En fait, la réalité du monde entier en aurait été métamorphosée du tout au tout…

 

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Cogitations très songées



20/04/2017
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