Comment voyager seule quand on est petite, blonde et aventureuse --- par Katia Astafieff
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COMMENT VOYAGER SEULE QUAND ON EST PETITE, BLONDE ET AVENTUREUSE
Par Katia Astafieff
Aux Éditions du Trésor
2016
223 pages
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SYNOPSIS (4e de couverture)
Comment voyager dans le delta du Mékong sans être Duras ? Comment se faire des copines qui aiment Poutine ? Comment se débarrasser d’un Indien plus collant qu’un naam au fromage ? Comment passer pour une fille volcanique dans un cratère panaméen ? Comment camper dans le Connemara quand on a une cystite ? C’est à ces questions existentielles – que se pose toute voyageuse en solitaire – et à bien d’autres encore, que ce livre répond avec mordant et autodérision.
L’AUTEURE (4e de couverture)
Katia Astafieff est née en Lorraine en 1975. Petite, blonde et aventureuse, elle est passionnée par l’univers des plantes, l’écriture et, bien sûr, les voyages !
photo : site katia-astafieff.fr
MES COMMENTAIRES
Avant de tourner la première page de ce livre, j’avais des attentes par rapport à celui-ci…
Des attentes dans le sens que j’entamais sa lecture avec deux idées préconçues. Mais ce n’était pas de ma faute : c’était celle de l’éditeur. Il avait tout fait pour qu’il en soit ainsi : de par le choix du titre du livre, de par celui de son graphisme, et de par celui de sa 4e de couverture.
1ère présupposition… Je croyais que ce livre visait principalement un lectorat féminin. Genre qu’il avait été écrit pour encourager spécifiquement les femmes à oser risquer les mêmes aventures que celles de l’auteure. Le titre suggère très fortement cette idée, en tout cas. Et le texte de la 4e de couverture également : « C’est à ces questions existentielles – que se pose toute voyageuse en solitaire – et à bien d’autres encore, que ce livre répond (…) » Et c’est sans compter la couleur du livre, qui est rose fuchsia – dans la même veine, je proposerais alors la couleur bleue poudre lorsque sortira Comment voyager seul quand on est petit, blond et aventureux.
2e présupposition… Je pensais qu’il s’agissait d’un bouquin qui leur donnerait – aux femmes – quelques conseils et recommandations pour mettre toutes les chances de leur côté advenant qu’elles décident de se lancer à leur tour dans cette sorte d’aventure. Le titre n’est-il pas : « Comment voyager seule » ?
Une fois bien harponné par tous ces petits trucs de marketing, j’ai ouvert le livre et j’ai commencé à lire. Mais ça n’a pas été long que j’ai dû me réajuster – déjà – par rapport à la 2e présupposition. L’auteur, Katia Astafieff, met elle-même tout de suite les points sur les i dans son avant-propos : « Mais attention, » avise-t-elle, « ce livre (…) n’est pas non plus un mode d’emploi du "comment voyager seule". »
Heu… Non ?
Non.
Non, dans le sens qu’il ne s’agit pas d’un livre de recettes, effectivement, ni d’un guide de procédures, ni d’une liste de conseils en format « questions-réponses ». « Il n’existe aucun mode d’emploi », insiste-t-elle encore.
Elle conclut finalement en spécifiant que son livre est « un petit ouvrage regroupant quelques anecdotes vécues propre à encourager les futures voyageuses manquant d’audace à prendre la route. »
Cela étant spécifié, j’ai repris ma lecture en sachant désormais à quoi m’en tenir. J’adhérais d’ailleurs à cette idée : raconter ses propres aventures peut effectivement s’avérer un excellent outil pédagogique.
Pour ce qui est de la 1ère présupposition (« ce livre vise principalement un lectorat féminin »), j’y reviendrai.
Le bouquin de Katia Astafieff est un carnet de voyage dans lequel sont regroupées quarante-cinq courts textes (une moyenne de 4 pages chacun) racontant des petites tranches de vie survenues sur tous les continents – sauf l’Australie –, et ce, dans le cadre d’emplois réguliers, de stages linguistiques, d’implications personnelles en écovolontariat et de voyages d’agrément
D’entrée de jeu, je confirme l’excellence de la qualité de l’écriture. J’ai jeté un coup d’œil sur son site Internet et j’ai appris que cette auteure n’en était pas à ses premières armes en tant qu’écrivaine : à ce jour, elle a un roman adulte à son actif, ainsi que trois romans jeunesse. Ça parait : elle a la plume facile comme on dit. Ses textes se lisent aisément et de façon très dynamique. La forme de ceux qui nous intéressent ici est humoristique, et elle tend vers l’autodérision – style que j’adore personnellement. Ses thèmes sont variés : de la simple anecdote légère jusqu’aux réflexions mordantes à propos de ce dont elle a été témoin, en passant par la description de quelques expériences purement touristiques.
Je tiens particulièrement à souligner l’originalité des titres de chacune de ses petites chroniques. Ils commencent tous par le mot « comment ». Pour vous donner une idée – et même si cela a été fait en 4e de couverture –, j’en énumère quelques-uns, qui sont savoureux tout autant que mystérieux et drôles :
- Comment mimer la tortue marine au pays de Ganesh
- Comment survivre aux crachats des Chinois
- Comment être invitée à une boom dans les steppes de Mongolie
- Comment bien dormir chez une voyante viennoise
Il y en a quarante-cinq comme ça. Chacun se voulant une sorte de résumé de ce que l’on s’apprête à lire. Mais le suspense est évidemment de savoir comment nous en arriverons à résoudre ces petites énigmes. Le concept est original.
Cela dit, j’en reviens maintenant à ma 1ère présupposition : « Ce livre vise principalement un lectorat féminin »…
Je l’ai remise en question, elles aussi…
Pour dire vrai, j’ai noté très peu de chroniques abordant de front le thème des fameuses craintes fréquemment évoquées empêchant les femmes de s’élancer en solitaire de par le monde. En demeurant attentif, j’en ai compté seulement qu’une douzaine en tout et pour tout – en étirant même la sauce. Et encore, les problématiques n’étaient effleurées que très superficiellement. En fait, la plupart des textes de Katia Astafieff auraient très bien pu être écrits par un homme, les thèmes, les expériences et les opinions exprimées par l’auteure étant asexués, si je puis dire.
Dans cette optique, si ces histoires vécues font montre d’encouragement à l’égard des personnes craintives, ce n’est pas tant à celui des femmes en particulier, mais plutôt à celui de tous les timorés du voyage en général, et ce, peu importe leur sexe. Une multitude d’hommes redoutent également de partir comme ça, en solitaire autour du monde, et ce, malgré l’envie qu’ils en ont. Et après la lecture de ce bouquin, ils pourraient trouver eux aussi, éventuellement, cette fois, le courage nécessaire pour donner enfin suite à leurs rêves.
Pour remettre les pendules un peu plus à l’heure, je suggèrerais de lire ce livre avec le titre-ci en tête : Carnets de voyage d’une petite femme blonde et aventureuse. C’est certes moins accrocheur et vendeur, mais cela se rapproche davantage du contenu, à mon avis. Et je le recommande à tous les adultes confondus : hommes, femmes, jeunes, vieux… Tout le monde se sentira concerné, de toute façon, et se délectera – comme moi, un homme – de ces heureux moments d’évasion.
Et si l’on tient absolument à maintenir le lien avec la clientèle lectrice féminine, disons à tout le moins que ces récits ont le mérite de dédramatiser cette crainte faisant partie intégrante d’une paranoïa toujours plus ou moins présente dans la psyché collective ; à savoir que les femmes qui partent seules en voyage risquent leur vie à chaque pas qu’elles posent devant elles.
L’auteure – une femme –, de par la sérénité et l’humour avec lesquels elle raconte ses propres expériences, et aussi en rapportant des anecdotes – drôles après coup – qui peuvent arriver autant aux hommes qu’aux femmes, atteste qu’il s’agit bel et bien là d’une légende urbaine.
Et elle le confirme d’ailleurs elle-même dans son introduction : « En voyage, » certifie-t-elle, « vous rencontrerez des dizaines de filles comme vous. Des centaines, même ! Ça n’a rien d’incongru. Vous devrez même faire quelques efforts pour sortir des sentiers battus ! »
En somme, on le comprend bien à la lecture de ce bouquin, Katia Astafieff prend certes le risque de partir seule, mais elle ne le fait jamais en parfaite téméraire. Elle ne fait pas exprès pour se mettre dans des situations à risques. Et c’est sans doute le message qu’elle tente de dédier aux femmes : si vous prenez les précautions les plus élémentaires, vous vivrez probablement les plus belles expériences de votre vie.
Et cela vaut d’ailleurs pour tout le monde.
MON APPRÉCIATION
(pour bien comprendre l’attribution de cette cote, lire rapidement ceci)
AVANT DE TERMINER
Un dernier commentaire, si je puis me permettre, même s’il s’agit d’une impression très personnelle, et dont j’ai hésité à partager, car elle est hors contexte ici. Mais ça vient trop me chercher (ça a même eu une influence à la baisse sur mon appréciation générale précédente)… Alors, excusez : j’en glisse un mot avant de mettre le point final à cet article.
Dans son introduction, Katia insiste beaucoup pour dire qu’elle est une baroudeuse se situant dans la grosse moyenne des ours par rapport à l’univers des aventuriers et des aventurières qui sillonnent la planète, sac à dos. Jusque là, ça va, car elle a sûrement raison de ramener les choses à cette plus juste perspective.
Par contre, là où j’ai tiqué, c’est en lisant la façon – un peu agressive – avec laquelle elle exprime cette idée. Je cite le passage en question :
« À côté des casaniers qui ont déjà du mal à organiser un week-end dans les Vosges et qui, passés le Luxembourg et la Belgique, ne voient qu’un monde fou, flou, lointain et inaccessible, oui, je suis une baroudeuse extravagante et courageuse ! À côté des Nicolas Bouvier en tongs qui se goinfrent au buffet à volonté de leur hôtel, des capitaines Cook en pédalo, des Bougainville en croisière de luxe qui ne quittent jamais leur bateau ou des Stevenson qui ont troqué leur âne contre un bus climatisé, oui, je suis une vraie globe-trotteuse. »
Ouf…
Heureusement, elle s’empresse ensuite d’ajouter : « Nul jugement de valeur dans tout ça, chacun son mode de vacances. »
Bon, d’accord… Le problème, c’est que cette précision à retardement sonne tout à fait faux. Désolé, mais on sent vraiment le gros jugement de valeur, justement, dans le paragraphe précédent. On sent également beaucoup d’arrogance et de condescendance. Et on le sent même, mais de façon plus subtile, dispersé dans quelques chroniques.
J’en fais mention, car je ressens souvent ce même genre de mépris provenant des touristes de la classe des routards et des voyageurs plus ou moins hors-normes. Mépris à l’égard des touristes traditionnels, je veux dire : de ceux qui préfèrent se payer des voyages organisés et/ou en exigeant un certain confort.
Un snobisme qui m’énerve toujours.
Mille voyageurs sur la Terre, mille façons de voyager. L’une a-t-elle plus de valeur que l’autre ? Tant que le touriste respecte et prend soin de l’environnement, des cultures et des peuples qu’il visite – ce que le capitaine Cook sur son pédalo fait d’ailleurs probablement –, où est le mal ?
Pour ce qui est de cette notion de respect que je viens d’évoquer, elle n’est pas gagnée nulle part au sein de la masse touristique prise dans son ensemble. On parle beaucoup ces temps-ci sur Internet, par exemple, du ras-le-bol de certains pays d’accueil à l’égard des backpakers qui ont tendance à traverser le monde comme si la planète leur appartenait en propre. Pas très glorieux comme réputation, ça. Beaucoup moins respectueux envers les pays hôtes, en tout cas, que les Bougainville en croisière de luxe qui ne quittent jamais leur bateau. Au moins, ces derniers laissent le reste de la planète dans une paix relative.
Bon, voilà, je ferme cette parenthèse.
Et je boucle également cet article
PS) Aucune photo n'agrémente ce bouquin. Une absence qui est toujours très dommage dans un recueil consacré aux voyages.
SITE INTERNET DE L’AUTEURE
AUTRES OUVRAGES DE L’AUTEURE
La petite histoire de Mirabelle et les fruits du verger
Roman jeunesse
Éditions Fensch Vallée
2007
Le mystère de l’orchidée fantôme
Roman jeunesse
Éditions Harmattan
2011
Avec les loups – Une jeune Française parmi les loups de Russie
Album jeunesse
Éditions Jérôme Do. Bentzinger
2011
La femme de l’ambassadeur
Roman
Éditions La part commune
2015
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