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Jeudi, 13 mai 2021
Avant-propos : les Sentiers Frontaliers
L’an dernier, j’avais fait une rando dans la ZEC Louise-Gosford – territoire Gosford –, à Saint-Augustin-de-Woburn (Estrie) – la « boucle Cap-Frontière » –, que j’avais beaucoup appréciée.
sur le Cap-Frontière
Sans que je le sache à ce moment-là, j’avais emprunté les sentiers SF-1 et SF-7 de ce que l’on appelle les Sentiers Frontaliers.
Les Sentiers Frontaliers sont un ensemble de sentiers de randonnées pédestres et/ou de raquettes, qui serpentent dans la région au sud du mont et du lac Mégantic, en Estrie. Ils sont entretenus par un organisme sans but lucratif dont le site est ici. Ils ont été nommés ainsi – les Sentiers Frontaliers – parce qu’ils longent la frontière canado-américaine sur une bonne partie de leurs trajets.
Plusieurs kilomètres de ces sentiers ne sont d’ailleurs rien d’autre que la frontière elle-même, qui a jadis été taillée à coup de tronçonneuses directement dans la forêt. De cette façon, lorsque l’on se retrouve à marcher sur cette frontière, la moitié de notre corps se trouve au Canada et l’autre moitié aux États-Unis (mais ça fait pas mal).
J’avais beaucoup parlé de ce phénomène dans ma chronique sur le sentier du Cap-Frontière, car c’était nouveau pour moi pis je trouvais ça très intriguant. Mais je me suis un peu calmé depuis ce temps-là, car je commence à m’y habituer.
Les Sentiers Frontaliers sont composés de plusieurs segments, dont le principal est le numéro 1 – officiellement appelée le SF-1. L’extrémité ouest de cette piste se trouve au poste douanier de Chartierville (il y a une halte routière à cet endroit), et l’extrémité orientale au poste douanier de Saint-Augustin-de-Woburn, un peu plus de 80 km plus loin. Et chemin faisant, il passe par le sommet du célèbre mont Gosford (1193 mètres).
Ici et là se greffent d’autres segments, dont le SF-9, par exemple, qui mène au Parc du mont Mégantic, plus au nord.
Pour commander l’exemplaire papier de cette carte des Sentiers frontaliers, c’est ici
Ci-dessous, voici le dénivelé du SF-1 au grand complet en forme de montagnes russes qui démontre qu’il n’est pas vraiment de tout repos :
Il est évidemment impossible pour quiconque de se taper ce SF-1 en une seule journée – à part quelques exceptionnels Iron Man de la mort comme celui-ci qui l'a néanmoins amèrement regretté. Un sac à dos rempli de matériel de camping est donc requis afin de passer quelques nuits à la belle étoile sur son parcours. Des campings rustiques sont justement aménagés à des endroits stratégiques dans ce but. Je tenterai peut-être cette petite aventure un jour. Mais pour les prochaines semaines, j’ai plutôt l’intention de m’attaquer à ses tronçons les plus intéressants le temps d’une journée chacun.
Ce que j’ai d’ailleurs fait aujourd’hui pour l’un d’entre eux. Je reviens en effet d’une trail de près de 23 km qui m’a mené au sommet du mont d’Urban.
Le mont d’Urban
Le mont d’Urban est situé au sud du Parc du mont Mégantic, et à une dizaine de kilomètres à l’est du petit village de Chartierville.
Cette montagne a ainsi été nommée en l’honneur de sir Benjamin d’Urban (1777-1849), qui était un général et administrateur colonial britannique et qui a été commandant des troupes armées ici, au Canada, de 1847 à 1849, soit jusqu’au jour de sa mort.
À noter que ce nom est officiel depuis le 18 novembre 1971. Avant, il s’appelait plus familièrement le mont « Ben-Durban » – Ben, pour Benjamin. Ce qui ne faisait sans doute pas suffisamment respectueux pour un homme de ce rang social…
Le sommet du mont d’Urban culmine à une altitude d’environ 911 mètres et il se trouve pile-poil sur la frontière. Son versant ouest descend du côté du Québec, et son versant oriental – beaucoup plus accidenté – déboule, lui, du côté de Donald Trump, dans l’état du New Hampshire.
En écrivant cette chronique, j’ai fortuitement appris qu’un organisme (Ski Eldorado) avait entrepris depuis quelques années de transformer cette montagne en pentes de ski.
« Miséricorde ! », que je me suis alors exclamé tout haut, en même temps que les deux bras m’ont tombé à terre. « C’est pas vrai ?! Pas encore une montagne qui sera complètement défigurée juste pour amuser une petite minorité de la population ! »
Mais après avoir lu la documentation, je me suis un peu calmé. Et ce, pour différentes raisons.
Il semble tout d’abord que ce projet n’est pas entre les mains du secteur privé – du moins, pour le moment. Ce qui laisse encore une chance à cette montagne d’échapper à un massacre en règle. C’est en effet, apparemment, l’initiative d’un organisme sans but lucratif. Et c’est un comité de bénévoles qui s’en occupe. Ouf !
Et puis ensuite, ce réseau de pistes s’adresse aux amateurs de ski « hors-pistes » qui aiment se laisser descendre à travers des sentiers étroits, et presque dangereux, à la limite.
Autre soulagement : il n’y a aucun remonte-pente mécanique. Pour retourner en haut, les adeptes de ce sport doivent utiliser leurs jambettes en mettant des « peaux d’ascension » sous leurs skis. Ce qui élimine la très grande majorité des skieurs traditionnels dont ce genre d’efforts est parfaitement inenvisageable.
Et finalement, je reviens justement aujourd’hui de cet endroit, et je n’ai remarqué aucune destruction de cette montagne à cause d’intempestives coupes à blanc – comme celle qu’a subi le pauvre mont Orford, par exemple, que Dieu ait son âme.
Le mont Orford et ses horribles cicatrices
Ces pistes de ski m'ont paru très discrètes, au final, et très respectueuses de la beauté de l’environnement.
En espérant que cela demeurera toujours ainsi.
Prions le Seigneur.
Amen.
Le mont d’Urban et les randonneurs
Il existe quelques moyens pour se rendre en haut de cette montagne en marchant : notamment en utilisant le SF-1 et le SF-9, mais également en empruntant – du moins en bas – des trails forestières. Personnellement, je me suis servi du sentier traditionnel des randonneurs, mais je l’ai réarrangé à ma sauce pour ne pas faire un simple aller-retour – je n’aime pas trop les allers-retours.
J’ai donc concocté un sentier en boucle qui fait un large détour, et qui donne grossièrement ceci :
Je l’ai fait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre pour garder le plaisir pour la fin. Et le début, en faux-plat montant, pour servir de réchauffement.
Détails techniques du sentier
Tracé
Dénivelé général
Informations diverses
Distance |
18,2 km |
J’en ferai finalement 22,9 |
Dénivelé positif cumulé approx. |
565 mètres |
entre 470 et 622 selon différentes sources |
Dénivelé négatif cumulé approx. |
565 mètres |
idem |
Altitude au départ |
504 mètres |
|
Altitude mont d’Urban |
911 mètres |
entre 903 et 920 selon différentes sources |
Niveau de difficulté |
Modéré-difficile |
établi en fonction de la grille d’analyse ci-dessous |
Durée approximative |
6h30m |
en comptant environ 1 heure d’arrêts divers |
Grille d’évaluation personnelle pour établir le niveau de difficulté
Distance |
Cote |
Dénivelé positif cumulé |
Cote |
|
1-4 km |
1 |
0-200 mètres |
1 |
|
5-8 km |
2 |
201-400 mètres |
2 |
|
9-12 km |
3 |
401-600 mètres |
3 |
|
13-16 km |
4 |
601-800 mètres |
4 |
|
17 km et + |
5 |
801 mètres et + |
5 |
|
Cote générale |
Niveau de difficulté |
|||
2 |
Facile |
|||
3 et 4 |
Facile-modéré |
|||
5 et 6 |
Modéré |
|||
7 et 8 |
Modéré-difficile |
|||
9 et 10 |
Difficile |
Survol aérien
(et cliquez ensuite sur l’icône du petit avion)
Pour se rendre à l’aire de départ
- à partir de La Patrie : roulez sur la route 257, direction sud, pendant 9,9 km → tournez à gauche sur le 10e rang (qui est une route de garnottes) → roulez pendant 8,2 km ;
- à partir de Chartierville : roulez sur la route 257, direction nord, pendant 3,8 km → tournez à droite sur le 10e rang (qui est une route de garnottes) → roulez pendant 8,2 km ;
- à partir de Notre-Dame-des-Bois : roulez sur la route de l’Église (qui est une route de garnottes), direction sud, pendant 7,4 km → tournez à droite sur le 10e rang (qui est une autre route de garnottes) → roulez pendant 2,6 km.
Le point de départ est au croisement du 10e rang et du SF-9, qui est le segment des Sentiers Frontaliers qui part du Parc du mont Mégantic et qui mène en haut du mont d’Urban – ou vice-versa.
À noter que l’endroit où il faut s’arrêter et parker son char sur le bord de la route n’est pas vraiment évident à trouver. Faut donc être vigilant pour ne pas le louper. Surveillez l’écriteau qui annonce le début du sentier.
Cela dit, je raconte maintenant mon périple en le divisant en 5 étapes. Une aventure…
1er étape : départ en douce, à part quelques petits désagréments
Distance prévue initialement : 5,0 km |
Dénivelé positif cumulé approx. : 98 mètres |
Dénivelé négatif cumulé approx. : 45 mètres |
Départ facile pout-pout, à 7h48. J’ai même commencé par marcher 1,5 km directement sur le 10e rang, en revenant sur le chemin que je venais tout juste de rouler en auto.
Comme si je faisais le chemin de Compostelle sur une route de campagne, en somme…
Cette portion sur une route ordinaire est due au circuit en boucle que je me suis concocté. Je n’aime pas trop ça – de marcher sur une route ordinaire lors d’une rando en forêt et en montagne –, mais comme je voulais faire une boucle, je n’avais pas vraiment le choix de passer par là un moment donné. Mais ça ne me dérangeait pas vraiment, cette fois, car le rang était très agréable et pratiquement désert
Au bout de ce 1,5 km, j’ai tourné à gauche sur une petite trail forestière qui s’enfonçait dans le bois, au milieu d’une érablière à tubulures.
Encore là, rien de bien transcendant. C’est sûr qu’on se retrouve dans la belle nature (à part la vue de ces atroces tubulures), mais tout cela reste facile dans l’ensemble – surtout sur une trail comme celle-là. Du moins, pour une partie de celle-ci. Car ça n’a pas été trop long que ça s’est corsé…
Au bout d’un autre kilomètre, pas tellement plus, ce beau petit chemin sur lequel je déambulais béatement en sifflotant s’est soudainement transformé en quelque chose de beaucoup moins agréable…
Et c’est là que je me suis mouillé (et sali pour la peine) les pieds pour la 1ère fois (ça prend toujours une 1ère fois).
Et encore un peu plus loin, il n’y a plus eu de piste pantoute. Je me suis soudain retrouvé au centre de nulle part, en plein milieu du bois, sans plus aucun point de repère. Ça commençait ben !
Une chance que j’avais mon fidèle compagnon avec moi. Et j’ai nommé mon super génial GPS !
Un peu découragé, quand même, de devoir faire les 2 prochains km dans ces conditions, c’est-à-dire en suivant mon tracé initial à travers les branches cassées, les souches mortes et les marécages, j’ai néanmoins bravement continué vers l’avant. Et au bout d’une quinzaine de minutes, peut-être, j’ai finalement réussi à retrouver une trail qui avait un certain bon sens. Et c’est sur celle-ci que j’ai pu me rendre jusqu’à la fin de cette 1ère étape sans plus de mal. Comme quoi la persévérance…
Quelques chevreuils sont subrepticement passés devant moi pendant ce temps-là, mais trop vite, malheureusement, pour que je puisse les fusiller de mon kodak.
2e étape : début des vrais efforts
Distance prévue initialement : 4,9 km |
Dénivelé positif cumulé approx. : 222 mètres |
Dénivelé négatif cumulé approx. : 68 mètres |
J’ai fait commencer cette 2e étape à partir d’un petit ruisseau qui coule juste avant d’arriver au bout du chemin St-Paul, à l’est de Chartierville, car c’est là qu’on sent davantage que ça commence à monter. Dans ce 2e segment, le dénivelé positif est de plus de 200 mètres, mais il s’étend sur 4,9 km. Alors, ça va encore pas pire – dépendamment des bouts.
Ce segment est toujours une trail forestière. Mais c’est une « vraie » trail forestière, celle-là, car elle semble justement ne servir que pour les travailleurs forestiers. Travailleurs forestiers qui n’ont pas l’air de chômer du tout dans ce coin-là, en passant, si je me fie à tous les tas de pitounes qui étaient empilées partout sur le bord du chemin.
Une fois passé le chemin St-Paul, ce chemin fait deux détours à travers le bois pour contourner deux monticules, dans une sorte de long zigzag.
Allez savoir pourquoi, mais en passant entre ces deux collines, je me suis souvenu qu’il y avait une route, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, qui passait entre deux butons semblables à ceux-là. Et les gens de la place, qui avaient sûrement l’imagination un peu salace, avaient humoristiquement baptisé cet endroit « le col des deux tétons ».
Le col des deux tétons, province Sud, Nouvelle-Calédonie
Allez savoir pourquoi, donc, oui, mais pendant que je passais entre ces deux mamelons, j’ai eu l’idée moi aussi d’appeler cet endroit « le col des deux tétons ». Pas très original, je sais. D’autant plus que c’était très exagéré puisque je ne les voyais pas vraiment à cause de la forêt qui m’entourait de toutes parts. En fait, ils n’étaient à peu près visibles que sur ma carte…
Je ne proposerai donc pas cette appellation à la Commission de la toponymie pour ne pas faire rire de moi – ou pour ne pas provoquer un scandale !
Je vais plutôt suggérer : « le chemin des pitounes » (regardez-moi ça…).
Bref, à 9,1 km de mon point de départ, je suis arrivé à l’intersection du SF-1, que j’ai emprunté en direction nord, et en laissant enfin la trail forestière derrière moi. Cela voulait dire que j’approchais de la frontière américaine – et du début de la « vraie » montagne.
Mais en faisant cela, je ne savais pas trop dans quoi je venais de m’embarquer. Je n’ai pas été long à l’apprendre : après même pas 5 minutes…
En fait, je ne sais pas si c’est à cause que nous sommes tôt au printemps et que l’hiver a été ravageur pour la forêt (et pour les balises sur les arbres), ou si c’est moi qui suis dans la lune grave – ce qui est fort possible aussi –, mais j’ai perdu complètement le sentier après quelques pas. Eh oui, encore une fois…
Et pour dire la vérité, je l’ai retrouvé, je l’ai reperdu, je l’ai re-retrouvé, pour le re-reperdre, et définitivement, cette fois.
Et là, j’étais un peu mal, car j’étais loin de toutes les habitations – et de tous les habitants – dans une forêt sauvage dans laquelle il était très pénible d’avancer. C’est encore une fois mon GPS qui m’a sauvé la mise. Et pas besoin de spécifier que j’y faisais attention comme la prunelle de mes yeux à celui-là, car si je l’avais brisé à ce moment-là, j’étais kaput. Et je ne serais sans doute pas là pour en parler.
Constatant qu’avancer dans ce fichu sentier semblait finalement quelque chose d’utopique à mener à terme pour le moment, j’ai décidé d’aller directement vers la frontière canado-américaine et d’embarquer dessus plus tôt que prévu. Grâce à mon hyper génial super GPS, je savais qu’elle ne se trouvait qu’à une centaine de mètres de ma position. Je m’y suis donc rendu plus ou moins en ligne droite. Et j’ai débouché drette dessus après quelques minutes d’une marche passablement harassante à travers le chaos forestier – et pas mal en amont de ce qui était prévu au départ.
La frontière canado-américaine, dans ces coins-là de l’Estrie, est un couloir d’une dizaine de mètres de largeur, et défriché à blanc dans la forêt.
Ça ressemble un peu aux couloirs des pylônes électriques après le passage des Gengis Khan d’Hydro-Québec.
Sauf qu’ici, la tranchée forestière est moins large.
Et elle n’est pas si évidente que ça à marcher du fait qu’elle est parsemée de rocailles et de passages marécageux, et qu’elle est en outre souvent envahie par les broussailles (par les framboisiers piquants notamment !) qui poussent pêle-mêle et à travers lesquelles on doit frayer son chemin. À certains endroits et à certains moments de l’année, il arrive même que les herbes montent jusqu’à la hauteur de la poitrine. Ce qui était justement un peu le cas aujourd’hui par endroits.
Même si ce n’était pas facile, j’ai commencé à marcher vers l’avant. Mais je n’étais pas au bout de mes peines.
En construisant mon tracé avant de partir, je savais que le fun – la dure montée du mont d’Urban – allait se faire au niveau d’un étang nommé Boundary Pond (« l’Étang frontalier ») du côté américain. Étang que je n’avais pas prévu d’apercevoir étant donné que j’étais supposé me trouver encore dans le Sentier frontalier à ce moment-là, et donc en pleine forêt. Eh bien, du fait que j’étais maintenant déjà sur la frontière, je l’ai bel et bien vu, de mes yeux vu. Il se tenait là, drette devant moi (sur ma droite, en fait). Et moi, je me tenais là aussi, juste en face de lui, et mes deux pieds flottant splish-splash dans son marécage…
À partir de ce petit lac, le seul point en commun entre ma situation actuelle et mon tracé initial, c’est que la pente s’est mise à être de plus en plus… de plus en plus « pentue », disons…
3e étape : vers le sommet du mont d’Urban
Distance prévue initialement : 1,5 km |
Dénivelé positif cumulé approx. : 193 mètres |
Dénivelé négatif cumulé approx. : 12 mètres |
Je m’étais préalablement attendu à ce que la partie réellement « physique » de cette rando commence là. Ce n’était donc pas une réelle surprise, même si j’avais sous-estimé l’effort à fournir. Je n’avais pas réalisé, en effet, à quel point ça allait être si raide. Peut-être que la montée se fait mieux dans le SF-1, par contre. Je l’ignore puisque je n’étais plus dedans. Mais sur la frontière, je peux affirmer que c’était coton. La 1ère « vraie » montée fait même un peu peur. Et on a raison d’être impressionné ! (Dommage que les photos ne donnent pas le rendu réel…)
Alors, hauts les cœurs à travers les rochers, les broussailles, les trous et les bibittes de toutes les sortes qui me tournaient autour de la tête. Mazette, je n’ai plus 20 ans, ça parait… Ça a été ardu, mais j'y suis parvenu. Et une fois en haut, j’ai dû prendre quelques minutes pour reprendre mon souffle et pour me désaltérer, tout en admirant le merveilleux spectacle qui s’offrait à moi.
La côte, que j’ai fini de monter – vue d’en haut
Mais c’était pas encore fini, et tant s’en fallait. Le sommet était à environ 500 mètres de là. Les montées suivantes pour s’y rendre n’étaient pas aussi difficiles que la précédente, mais quand même. Disons que j’avais hâte d’arriver.
Et j’y suis enfin parvenu (il était 11h26).
J’étais maintenant à environ 911 mètres d’altitude, je le rappelle. Et c’est là que j’ai eu une petite déception… Je m’attendais à avoir une vue imprenable de la mort dans tous les horizons. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’adore grimper des montagnes : pour la vue, en haut.
Mais ici, de vue, c’était plutôt nul : voyez plutôt :
Vue nord Vue sud
Vue ouest (Canada) Vue est (États-Unis)
Et je me faisais une joie de parvenir sur ce faite du monde pour savourer mon lunch assis en tailleur sur une grosse pierre – comme j’ai l’habitude de le faire – tout en méditant sur le sens de la vie
Ben ce coup-ci, c’était plutôt raté. J’ai même expédié mon repas en une quinzaine de minutes à peine, debout comme un plouc, tout en chassant les mouches voraces qui me tournaient autour. Pis en grelottant légèrement parce que j’avais eu chaud et que là, avec le vent des hautes altitudes, ben y commençait à faire frette.
4e étape : un détour par un carrefour frontalier
Distance prévue initialement : 2,2 km |
Dénivelé positif cumulé approx. : 29 mètres |
Dénivelé négatif cumulé approx. : 141 mètres |
Bon, ça fait que j’ai repris mes cliques, mes claques pis le chemin du retour. Ce qui s’annonçait désormais plus facile puisqu’à partir d’ici, le sentier s’en allait pratiquement toujours en descendant. Je me suis donc remis en route en profitant de cette pente.
C’était plus facile, en effet, mais c’était pas donné pour autant. J’étais toujours sur la frontière. Pis la frontière – je l’ai appris –, ben c’est la frontière ; c’est-à-dire quelque chose de très imprévisible à chaque tournant…
Au bout de 2 km, juste au moment de quitter le SF-1 pis de prendre le SF-9 pour me laisser débouler jusqu’à mon char, j’ai fait un petit détour de quelques centaines de mètres aller-retour pour aller voir s’il y avait quelque chose de particulier au croisement de la frontière du Québec avec celles des deux états américains : le Maine et le New Hampshire. C’est un genre de « carrefour frontalier » spécial, en quelque sorte, pis ça m’intriguait.
Ben oui, y’avait quelque chose de spécial en fin de compte. M’enfin… « spécial »… Rien pour se garrocher sur les murs, on s’entend. C’était juste une borne géodésique d'un mètre de hauteur, très visible au point exact où les trois frontières se rencontrent.
En tout cas, j’ai supposé que c’était ça, car il n’y avait qu’une seule borne de ce type dans les parages, et elle se trouvait pas mal au bon endroit.
Anyway, dans le fond, c’est con au cube, car il ne s’agit que d’un point abstrait dans l’espace décrété un moment donné par un humain. Que tu sois empalé drette sur la borne, que tu tournes autour en dansant le merengue, que tu restes figé juste à côté comme une statue de plâtre, ou que tu te fasses enterrer six pieds en dessous, ça ne change la vie d’absolument personne – et encore moins la tienne.
5e étape : retour loin d’être mollo en descente
Distance prévue initialement : 4,6 km |
Dénivelé positif cumulé approx. : 33 mètres |
Dénivelé négatif cumulé approx. : 315 mètres |
Si j’avais continué tout droit à cette borne géodésique, je serais resté sur le SF-1 et j’aurais poursuivi mon petit bonhomme de chemin vers le nord-est : vers la montagne de Marbre et le mont Saddle, entre autres. C’est ce que j’ai d’ailleurs fait, en passant, pendant un bout, croyant que le point stratégique frontalier était plus loin que la fameuse borne que j’avais vue. J’ai donc fait demi-tour un moment donné, penaud, après cette marche inutile (encore des mètres en trop dans cette rando qui en comptait pourtant d’ailleurs beaucoup).
Mais je suis revenu sur mes pas, oui, car mon destin, aujourd’hui, c’était de refaire les dernières centaines de mètres en sens inverse, de quitter le SF1 pour prendre le SF-9 et de redescendre cette montagne.
À partir du haut du mont d’Urban, le SF-9 conduit les randonneurs jusqu’au Parc du Mont Mégantic, quelque 25 km plus au nord. Pour ma part, je l’abandonnerais une fois parvenu à mon char, sur le 10e rang, après 4,3 km d’une descente qui s’annonçait facile – dans ma tête.
Il faut tout d’abord dire qu’à mon âge, et après plus d’une quinzaine de kilomètres à marcher dans les racines et la caillasse, eh bien, les genoux s’en ressentent un peu un moment donné.
Et puis, encore une fois – surtout en haut – le sentier étant plus ou moins bien nettoyé et balisé (et aussi à cause de ma tendance lunatique), je l’ai perdu à quelques reprises (ben oui). Mais heureusement, et toujours grâce à mon hyper méga génial GPS, j’ai toujours pu retrouver sa trace sans (trop) perdre de temps, cette fois – excepté une fois où j’ai fait un (assez) long et inutile aller-retour.
Et c’est en montant (encore) de temps à autre (eh oui), et en passant à travers une forêt passablement sauvage par endroits, et à travers une érablière aux atroces tubulures multicolores, et en rencontrant des secteurs de coupes (à blanc) forestières et en longeant un petit ruisseau…
à l’aveuglette sous les affreuses tubulures
le long des coupes à blanc sur les bords d’un ruisseau
… que je suis finalement parvenu à mon auto, qui m’attendait toujours sur le bord de la route.
Il était 15h11, et il était temps…
Topo général
Distance selon le tracé initial |
18,2 km |
Distance parcourue au final |
22,9 km |
Heure au départ |
07h48 |
Heure au retour |
15h11 |
Temps de marche |
06h33m |
Temps d’arrêt |
00h50m |
Temps total |
07h23m |
Vitesse de marche |
3,49 km/hre |
Vitesse incluant les arrêts |
3,10 km/hre |
Ceux qui préféreraient se faciliter un peu plus la tâche n’auraient qu’à faire cette piste dans le sens des aiguilles d’une montre : l’ascension du mont d’Urban est alors moins ardue, car elle s’étend sur une distance plus longue ; et la pente est donc moins raide – en théorie !
Y’a aussi moyen, bien sûr, de monter là-haut de façon traditionnelle, en faisant un simple aller-retour de 13,3 kilomètres au total via les SF-9 et SF-1, et sans faire le détour par les chemins forestiers du départ que j’ai moi-même empruntés.
Sur Internet, les commentaires disaient que le mont d’Urban n’était pas un endroit très fréquenté dans le monde des randonneurs. Ça m’a semblé effectivement le cas. M’enfin, je sais pas si c’est toujours comme ça, mais aujourd’hui, en tout cas, en plein milieu de la semaine, y’avait pas un chat. Je ne m’en suis pas plaint une miette. Je me sentais loin de la civilisation, pis j’étais ben comme ça se dit pas.
Au début, à partir de ma grille d'analyse, j’avais qualifié cette rando de « modérée difficile ». Je rectifie pour « difficile », mais en spécifiant que c’est peut-être le moment où je l’ai fait (tôt au printemps) qui en est la cause. En plein été, avec le sol qui se sera (éventuellement) asséché, et les sentiers qui auront été (éventuellement) nettoyés et rebalisés, peut-être qu’elle sera moins pire…
Ce que j’ai apprécié de ce sentier :
- l’exigence physique que ça demande ;
- la sensation d’extrême solitude que l’on y ressent (dépendamment du jour et de l’heure que vous y allez, sans doute) ;
- l’étrangeté de se retrouver sur la frontière américaine sans se faire achaler par les douaniers.
Ce que j’ai moins apprécié :
- Le manque de balises dans des sentiers vraiment pas évidents par bouts (mais c’est vrai que j’étais quasiment hors-saison, que l’hiver vient de se terminer et que les bénévoles n’ont probablement pas eu encore le temps de commencer leurs travaux de nettoyage) ;
La boue un peu partout directement sur les sentiers (printemps oblige, sans doute : on verra si ça se ramieutera dans le courant de l’été) ;
Aucune vue intéressante tout en haut de la montagne (mais y'en a à quelques endroits sur ses flancs, en montant).
En somme, c’est plus une rando sportive que méditative et contemplative.
Il y a un diaporama-photos ci-dessous pour ceux que ça intéresse.
À une prochaine sortie !
DIAPORAMA-PHOTOS MUSICAL
DE MA RANDO, LA BOUCLE DU MONT D'URBAN
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