Comment se servir de sa bonne vieille boussole
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Mis en ligne le 30 septembre 2023
J’ai déjà traité de la boussole dans une autre chronique : celle intitulée : Comment réagir si l’on se perd en forêt. Mais j’avais alors fait référence à cet instrument comme d’un moyen parmi d’autres pour se sortir de ce mauvais pas. Et j’avais expliqué de façon très succincte la manière de s’en servir pour cette occasion-là.
Dans cet article-ci, je me concentrerai essentiellement sur elle – sur la boussole : sur ses composantes et sur ses utilités ; et je reviendrai également plus en détails sur son mode d’emploi en diverses circonstances.
Sujet palpitant, s’il en est un, en effet ! Poursuivez votre lecture.
Qu’est-ce qu’une boussole ?
Une boussole est un instrument d’orientation constitué d’un cadran au centre duquel est fixée une aiguille aimantée qui pivote librement sur son axe et qui indique constamment le nord magnétique.
Évidemment, aujourd’hui, avec la technologie qui évolue à la vitesse de la lumière, il existe maintenant des boussoles dites « électroniques », habituellement intégrées dans les GPS, et dont l’aiguille aimantée est remplacée par une aiguille, non plus physique, mais plutôt « dessinée » sur un fond d’écran à cristaux liquides – s’il y en a une, pour commencer, ce qui n’est souvent même pas le cas.
Je ne m’en tiendrai ici qu’à la boussole traditionnelle.
À quoi sert une boussole ?
La boussole sert essentiellement à nous orienter de façon à ne pas perdre de temps à tourner en rond quand nous nous déplaçons dans un endroit que nous ne connaissons pas. Étant donné que son aiguille aimantée pointe toujours vers le nord, il est alors facile de nous situer par rapport au reste des points cardinaux, et d’avancer en (plus ou moins) ligne droite.
Elle peut être utilisée, par exemple, pour nous diriger d’un point A vers un point B lorsqu’il n’y a pas de route pour nous y conduire. Mais sa plus grande utilité est évidemment de nous sortir du pétrin quand on est égaré – en forêt, notamment.
L’utilité d’une boussole par rapport à un GPS
Je me sens mal à l’aise de dire ça, mais je ne vois personnellement aucune utilité à la boussole si l’on dispose d’un GPS. Dans le sens que si on a un GPS, franchement, on n’a aucunement besoin d’une boussole – qu’elle soit traditionnelle ou électronique.
J’ai moi-même un GPS. Et comme tout bon GPS qui se respecte, il y a une boussole électronique intégrée à cet appareil. Mais je ne m’en sers à peu près jamais. À quoi bon ? Le GPS en lui-même est une carte sur laquelle un pointeur nous représente, nous, le randonneur, vu du ciel, en train de marcher en temps réel sur la zone où nous nous trouvons. Autrement dit, grâce à cet appareil, nous sommes orienté en tout temps sur le terrain sans même savoir où sont les points cardinaux – ce qui ne cause jamais aucun problème.
Les boussoles traditionnelles à aiguille aimantée par rapport aux GPS sont en fait comme les raquettes en babiche des Amérindiens par rapport aux raquettes légères en aluminium d’aujourd’hui. Ou encore, elles sont comme les vieux téléphones à cadran par rapport aux téléphones cellulaires. Autrement dit, elles sont obsolètes.
Et pourtant…
Et pourtant, elles continuent à être disponibles sur le marché. Et des gens continuent de se les procurer.
Pourquoi ?
Peut-être certains le font-ils par nostalgie ? Un peu comme ceux qui s’accrochent envers et contre tous aux livres papier, aux disques en vinyle, ou à leur vielle dactylo mécanique.
Mais probablement – et plus prosaïquement – le font-ils parce que le prix d’une boussole n’est aucunement comparable à celui d’un GPS. Et peut-être aussi – ce qui est mon cas –, parce qu’un GPS, ça peut nous lâcher subitement (batteries à plat, défaillance quelconque…) au moment même où nous cherchons notre chemin dans le fin fond des bois. Si ce dernier scénario survenait, il serait en effet – très – pratique de nous rabattre sur notre bonne vieille boussole traditionnelle qui ne nous laisserait pas en rade, elle.
Cette chronique s’adresse donc ici à ceux qui ne veulent pas – ou qui ne peuvent pas – se procurer ce magnifique instrument qu’est le GPS pour randonneurs. Et pour ceux également qui en ont un, mais qui sont conscients que cet appareil peut briser au mauvais moment et qu’ils doivent alors disposer d’un autre moyen pour se sortir du pétrin – s’ils sont perdus en forêt, notamment.
Autrement dit, lorsque l’on part en rando, GPS ou pas, mieux vaut avoir une boussole traditionnelle en réserve dans son sac à dos pour parer aux incidents imprévus. Et il faut en outre savoir s’en servir, bien sûr !
Les modèles de boussole
Il en existe de tous les modèles possibles : de la plus simple, à partir de 7,00 $ - 8,00 $ (5 €) environ, et qui ne fait rien d’autre que d’indiquer le nord, à la plus sophistiquée, environ 100 $ (70 €), qui offre de multiples fonctions.
Boussole très simple (à gauche) et boussole sophistiquée (à droite)
Il y a cependant moyen de s’en procurer une très fonctionnelle qui se situe quelque part entre ces deux extrêmes. La plupart des randonneurs ont celle que l’on appelle la « boussole sur plaquette » qui fait très bien l’affaire dans toutes les circonstances : environ 40 $ (28 €).
Les caractéristiques de base d’une boussole fonctionnelle (que j’expliquerai en détail) sont celle-ci :
- elle permet l’ajustement de la déclinaison magnétique ;
- elle comporte un cadran gradué pivotant à l’intérieur duquel se trouvent une flèche d’orientation ainsi que des lignes d’orientation ;
- une flèche de direction (ou ligne de visée) est clairement visible sur la plaquette
Le reste, c’est des gadgets.
Les composantes d’une boussole
Ne serait-ce que pour suivre adéquatement cette chronique, il serait bon d’apprendre et de mémoriser le petit vocabulaire propre à la boussole. Et par souci de simplicité, je ne retiendrai que les termes les plus courants. Ce qui se résume à très peu de choses.
J’expliquerai à quoi servent tous ces machins au fur et à mesure. Mais il y aurait lieu, pour le moment, de bien faire la différence entre :
- la flèche de direction (ou la ligne de visée) ;
- les lignes de direction ;
- la flèche d’orientation.
Ce qui est un peu mêlant au début, j’en suis conscient.
Qu’est-ce qu’un azimut ?
Pour savoir ce qu’est un azimut, vous tournez tout d’abord sur vous-même tout en portant votre regard au loin. Une fois ce tour sur vous-même complété, votre regard a donc « dessiné » un cercle dans l’espace.
Comme tous les cercles, celui-ci est également divisé en 360 degrés.
En orientation, par convention, le degré 0 (ou le degré 360, c’est pareil) correspond au nord.
Conséquemment, les autres points cardinaux correspondent aux degrés suivants :
L’azimut est le degré de ce cercle vers lequel vous vous déplacez.
Par exemple, si votre azimut est 270, vous marchez plein ouest. S’il est 135, vous dirigez vos pas vers le sud-est. Et ainsi de suite.
Que sont le nord géographique et le nord magnétique ?
Cette notion de nord géographique et de nord magnétique est importante, car elle donne lieu à un ajustement que nous devons apporter à notre boussole dès le moment de son acquisition. Nous devons même recommencer cette opération de temps en temps en fonction de certaines circonstances.
J’explique ça rapidement…
Le nord géographique
Comme nous le verrons ci-après, les boussoles vont habituellement de pair avec les cartes topographiques.
Or, les cartes topographiques sont toujours orientées du sud (en bas) vers le nord (en haut), et toujours vers le nord géographique. Le nord géographique étant le point précis où tous les méridiens de la Terre se rencontrent en haut du globe terrestre : au pôle Nord, en l’occurrence, dans l’océan Arctique – là où demeure apparemment le Père Noël.
MAIS…
Mais l’aiguille aimantée de la boussole, pour sa part, n’indique pas le nord géographique. Non. Elle pointe plutôt vers le nord magnétique. Car il y a une différence entre les deux. Eh oui…
Le nord magnétique
Je ne désire pas m’embarquer ici dans une explication savante du phénomène du magnétisme terrestre. Tout d’abord, parce que ça pourrait être assommant pour certains lecteurs ; ensuite parce que, n’étant pas un spécialiste, je pourrais très bien raconter des bêtises et faire rire de moi ; et finalement, parce qu’il n’est pas nécessaire d’entrer profondément dans ces détails pour notre propos. Ceux intéressés par cet aspect de la science physique peuvent toutefois se tourner vers Internet et consulter de vrais experts en la matière. Y’en a beaucoup.
Juste dire succinctement que la Terre est entourée de toutes parts par un « champ de force » qui part du sud de notre planète et qui va jusqu’au nord. C’est ce que l’on appelle le « champ magnétique terrestre ».
Pour se le représenter visuellement, imaginez des millions de rayons invisibles qui jaillissent de la Terre à partir du pôle Sud, qui circulent dans les airs en se dirigeant vers le nord, et qui terminent leur course en retournant dans la Terre quelque part autour du pôle Nord.
Mais ce qu’il y a ici de particulier, c’est que ces « rayons » ne retournent pas dans la Terre au pôle Nord géographique, mais plutôt à quelque 430 kilomètres de ce lieu – du moins, aujourd’hui, en 2023.
Et c’est ce lieu, au nord de la Terre, où ces rayons magnétiques pénètrent à l’intérieur du globe, qui est appelé « nord magnétique »
J’ai spécifié « du moins, aujourd’hui, en 2023 », car non seulement le nord magnétique ne se trouve pas sur le nord géographique, mais, en plus, il se déplace constamment – d’environ 40 km par années –, pour une raison qui échappe encore aux savants.
Il s’est longtemps situé au Canada, mais à cette époque-ci, il se dirigerait apparemment pout-pout vers la Sibérie.
Fascinant, non ? Je ne vous le fais pas dire.
Mais revenons à notre boussole.
L’aiguille magnétisée de la boussole est quant à elle orientée dans le même sens que ces rayons invisibles magnétiques qui vont du sud au nord – elle indique donc de ce fait le nord magnétique.
La déclinaison magnétique
Cette différence entre le nord géographique et le nord magnétique s’appelle la « déclinaison magnétique », et elle nous oblige à apporter un ajustement à notre boussole pour en tenir compte. Et cet ajustement est plus ou moins important dépendamment où l’on se trouve sur la Terre.
À Montréal, par exemple, la déclinaison magnétique (la variation d’angle) est d’environ 14 degrés ouest. À Paris, elle n’est seulement que de 1,5 degré est. À Moscou, elle est près de 13 degrés est.
Importance de l’ajustement de la boussole en fonction de la déclinaison magnétique
Si nous ne procédions pas à cet ajustement, nos azimuts seraient constamment faussés et nous ne nous dirigerions jamais vraiment tout à fait où nous désirerions aller. Et « jamais vraiment tout à fait » est un euphémisme dans plusieurs cas.
Disons que vous êtes en Estrie (sud du Québec) et que vous avez une distance de 10 km à parcourir en vous fiant uniquement à votre boussole. Mais vous avez malheureusement oublié d’ajuster celle-ci en fonction de la déclinaison magnétique (15 degrés à cet endroit). Vous marcherez donc dans la nature avec un azimut erroné. Et au bout de ces 10 km, vous déboucherez finalement à 2,6 km de votre destination. Et au lieu de vous orienter convenablement, votre boussole, au contraire, vous aura complètement perdu !
Connaitre la déclinaison magnétique d’une région
Il existe deux façons de connaitre la déclinaison magnétique de l’endroit où nous nous trouvons sur la Terre
1ère façon d’obtenir la déclinaison magnétique : en consultant notre carte topographique
Cette information s’y trouve pratiquement toujours inscrite. Et elle ressemble habituellement à l’exemple ci-dessous, tiré de la carte officielle des Sentiers frontaliers, en Estrie – j’ai encerclé la déclinaison magnétique en rouge.
À noter les informations suivantes contenues dans cet encart :
- la déclinaison magnétique est de 14 degrés 59 minutes ouest ;
- l’année d’édition de la carte est 2022 ;
- étant donné que le pôle magnétique se déplace tout le temps, la variation annuelle de la déclinaison magnétique de cette région est de 0 degré 6 minutes par année, vers l’est.
Conséquemment, la déclinaison magnétique de cette année (2023), dans la région des Sentiers frontaliers, est de 14 degrés 53 minutes.
14o59’ ouest moins 0o6’ est = 14o53’ ouest
2e façon d’obtenir la déclinaison magnétique : à partir d’un site Internet qui fournit cette donnée
Un très bon site à cet effet est celui du NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) dans lequel, à partir d’une longitude et d’une latitude (également fournie par le site si vous le désirez), vous obtenez la déclinaison magnétique pour n’importe quel endroit du globe, et pour n’importe quelle date. Vous n’avez qu’à remplir les cases et cliquer sur le bouton « Calculate ».
Ajustement de la boussole
Une fois que vous connaissez la déclinaison magnétique de votre région, il ne vous reste plus qu’à ajuster votre boussole en conséquence. Pour ce faire, il y a une petite vis quelque part sur le dessus ou en dessous du boitier rotatif, ainsi qu’une mini-clé généralement fournie avec la boussole.
À l’aide de la clé, vous tournez cette vis jusqu’à ce que la flèche d’orientation indique le nombre de degrés de votre déclinaison magnétique par rapport au degré 0 de la boussole. Dans le dessin ci-dessous, elle a été ajustée à 345 degrés (360 degrés moins 15).
Et le tour est joué. Vous êtes maintenant prêt à utiliser votre boussole en sachant que vos futurs azimuts seront toujours orientés dans la bonne direction.
Mais faut pas capoter avec ça
Ce que je veux dire par « faut pas capoter avec ça », c’est que nous ne sommes pas en mer ni en avion, ni en fusée interplanétaire. Nous sommes à pied, et nous sommes dans le bois. Et dans le bois – et surtout si nous sommes complètement hors-pistes –, même si nous suivons notre azimut le plus précisément possible, nous n’avançons jamais en ligne droite – et tant s’en faut. Il y a en effet tellement d’obstacles en forêt que nous zigzaguons presque sans arrêt. Tantôt nous allons à droite de notre azimut pour contourner un marécage, tantôt nous bifurquons à gauche pour éviter un arbre effondré sur notre passage, tantôt nous revenons sur nos pas pour toutes sortes de raisons, etc.
Dans une forêt typique, et sans aucun sentier, si l’on pouvait enregistrer le tracé de notre parcours, comme le font les GPS, nous obtiendrions sûrement quelque chose qui ressemblerait à ceci :
Notre fameuse déclinaison magnétique se doit d’être précise, certes, mais de toute façon, nous dévierons nécessairement de plusieurs degrés de notre azimuth après plusieurs kilomètres de marche dans ces conditions. Il faut s'en attendre.
Et de ce point de vue là, l’exactitude à la « minute » près de la déclinaison magnétique n’a en outre absolument aucune importance.
Comment fonctionne une boussole ?
J’ai rapidement expliqué le fonctionnement de la boussole dans l’article Comment réagir si l’on se perd en forêt. Je vais revenir sur ces propos, mais de façon un peu plus pointue, en tenant compte de deux situations :
1) En plus de votre boussole, vous avez une carte de la région ;
2) Vous n’avez aucune carte : seulement que votre boussole
Boussole avec carte
J’y vais avec deux mises en situation…
1ère mise en situation : vous voulez vous rendre quelque part et il n’y a aucune route pour vous y conduire
Scénario. Vous devez vous rendre à la cabane qu’un de vos amis a construite de ses propres mains dans une forêt, sur le bord d’un lac, et où il vous attend pour vous montrer son chef-d’œuvre dont il est très fier. Aucune trail ne conduit à cet endroit. Mais vous avez une carte avec le point précis où se trouve la cabane en question.
De l’endroit où vous avez garé votre auto, vous avez près d’un kilomètre à marcher dans la forêt avant de parvenir au bon emplacement. Et cette forêt, passablement dense, débute juste là, devant vous, sur le bord de la route.
Vous commencez par déplier la carte que vous étalez sur le capot de votre voiture, et vous l’étudiez attentivement. Vous prenez note que la cambuse de votre ami est érigée à l’extrémité ouest d’un lac qui mesure environ 600 mètres dans sa plus grande longueur. Aucun obstacle ne se dresse entre vous et la cabane, si ce n’est une montée abrupte de 80 mètres de dénivelé. Mais ce n’est pas cette montée qui vous tracasse. C’est plutôt de traverser la forêt sans vous perdre, et d’arriver – en plus – pile-poil sur la cabane.
Heureusement, vous avez une boussole et vous savez comment vous en servir.
Voici donc les étapes que vous suivez à partir de maintenant.
1ère étape.
Vous vous assurez tout d’abord qu’aucun objet magnétisé ne se trouve dans les alentours immédiats de votre boussole (ce qui pourrait fausser son aiguille aimantée). Pour plus de précautions, vous vous éloignez de l’auto, et vous étalez votre carte bien à plat sur le sol, peu importe dans quel sens (nord-sud-est-ouest) pour le moment.
2e étape
Vous imaginez une ligne dans votre tête (ou encore mieux, vous la tracez directement sur la carte). Cette ligne relie l’endroit où vous êtes jusqu’à votre objectif. Ce sera votre itinéraire.
3e étape
Vous déposez votre boussole sur la carte de la façon suivante :
- la boussole est parallèle à votre itinéraire ;
- de cette façon, la flèche de direction (ou la ligne de visée) est nécessairement dirigée dans le sens de votre objectif.
À noter : d’aucuns auront sans doute remarqué que l’aiguille aimantée n’indique pas le nord de la carte. C’est normal puisque la carte a été déposée par terre sans s’occuper de cet aspect pour l’instant. Les deux prochaines étapes remédieront justement à cette lacune.
4e étape
Vous faites pivoter le cadran de la boussole en dirigeant le nord du cadran vers le haut de la carte, et ce, jusqu’à ce que les lignes de direction soient parallèles aux méridiens. Ou, exprimé autrement : jusqu’à ce que les lignes de direction soient exactement dans l’axe sud-nord de la carte.
5e étape
Sans bouger la boussole sur la carte, vous faites maintenant pivoter lentement celle-ci (la carte) sur elle-même jusqu’à ce que la flèche d’orientation et l’aiguille aimantée soient toutes les deux en parfaite synchronicité. Dans un langage plus familier, on dit : « jusqu’à ce que le chien (l’aiguille aimantée) soit dans sa niche (la flèche d’orientation) ».
6e étape
Voilà, c’est fait. Vous pouvez maintenant plier votre carte et la remiser dans votre sac à dos. Vous n’en aurez plus besoin pour un bout.
Même si vous n’en avez pas réellement besoin non plus, vous mémorisez quand même votre azimut advenant, par exemple, que le boitier de la boussole se déplacerait par accident en cours de route.
Dans ce cas-ci, votre azimut est au degré 51.
7e étape
Vous vous enfoncez résolument dans la forêt en tenant votre boussole dans le creux de votre main ouverte et en faisant constamment coïncider l’aiguille aimantée avec la flèche d’orientation (autrement dit : en maintenant continuellement le chien dans sa niche), et vous foncez droit dans la direction de votre azimut (ou de votre ligne de direction).
1ère remarque. Comme il est difficile de marcher en gardant continuellement les yeux rivés sur la boussole, il est conseillé de tenter de trouver un point de repère au loin, dans la direction de votre azimut, et d’avancer résolument vers lui sans plus vous occuper de la boussole. Une fois rendu là, vous cherchez un autre point de repère pour aller plus loin, et ainsi de suite. Mais en plein cœur de la forêt, cet exercice est quasi impossible à réaliser du fait qu’on ne voit généralement pas à dix mètres devant soi. Dans ce cas, vous devez donc malheureusement avancer en alternant constamment votre regard vers la boussole et vers l’avant.
2e remarque. Comme mentionné précédemment, il est également très difficile de marcher en ligne droite en forêt à cause de tous les obstacles qui se présentent devant nous. Le défi est néanmoins de faire son possible pour y arriver !
3e remarque. Étant donné que vous allez probablement dévier souvent de votre itinéraire à cause de tous les obstacles que vous rencontrerez et qui vous feront faire des zigzags, il aurait été plus judicieux – et plus sécuritaire –, au début, et dans notre exemple, de fixer votre destination quelque part sur le lac afin d’être certain de ne pas passer à côté de celui-ci sans vous en rendre compte. Une fois parvenu à cette étendu d’eau, et peu importe à quelle hauteur, vous n’auriez plus eu ensuite qu’à tourner à gauche pour vous rendre à son extrémité ouest (en maintenant la vue du lac sur votre droite).
2e mise en situation : vous êtes perdu en forêt et vous essayez de vous retrouver
Scénario. Vous êtes seul en rando et vous avez marché pendant deux heures dans un sentier balisé. Mais voilà une quinzaine de minutes de cela, et sans que vous puissiez expliquer ce qui s’est passé, vous en êtes sorti sans vous en rendre compte. Vous avez essayé de retrouver la piste, mais ça n’a pas fonctionné. Et là, vous êtes complètement perdu dans la forêt.
Cet exemple est similaire au précédent, mais à deux différences près :
1) vous ne savez pas avec exactitude où vous vous trouvez ;
2) vous n’avez pas encore de destination.
La première différence n’est pas réellement un problème. À première vue, vous semblez certes tout à fait perdu, mais en réalité, grâce à votre carte, vous savez plus ou moins précisément où vous êtes. En effet, étant donné que vous étiez sur un sentier (visible sur votre carte), vous avez donc une idée approximative de la zone où vous étiez rendu avant de vous égarer. Vous notez mentalement cette position ou vous l’inscrivez directement sur la carte avec un crayon – si vous en avez un !
Pour ce qui est de l’objectif que vous devez maintenant cibler, cela dépend de votre environnement. Mais étant donné que vous possédez une carte, eh bien, vous avez la chance de « voir » de haut tout ce qui vous entoure et que vous ne pouvez pas apercevoir directement du fait que vous êtes au ras des pâquerettes.
Cet objectif doit être suffisamment gros pour ne pas risquer de passer à côté sans vous en rendre compte. Ce peut être un lac, par exemple ou, encore mieux, une route ou une trail forestière. Et d’ailleurs, si vous êtes perdu dans la forêt, le meilleur but que vous puissiez vous fixer, si c’est possible (et ça l’est très souvent), c’est l’endroit où vous aviez garé votre auto. Et cela, pour quelques raisons évidentes :
- vous savez très exactement où elle se trouve sur la carte ;
- si vous ne parvenez pas pile-poil sur elle, du moins vous frapperez sûrement un moment donné la route où elle est stationnée ;
- étant donné que vous retournerez sur vos pas, en quelque sorte, peut-être retomberez-vous par hasard dans le sentier sur lequel vous avez marché depuis votre départ – pourquoi pas ?
- si des gens sont à votre recherche, ils découvriront rapidement votre véhicule, et commenceront la battue à partir de là.
Cela dit, allons-y étape par étape, encore une fois, en nous servant d’un exemple fictif.
1ère étape
Vous êtes perdu, donc. La première chose que vous devez faire avant d’aller trop loin – à part de garder votre sang-froid –, c’est de vous situer sur la carte. Vous procédez mentalement en vous remémorant l’endroit approximatif où vous étiez sur le sentier avant de vous égarer.
2e étape
Le tout premier réflexe qui doit ensuite vous venir à l’esprit est de situer votre auto sur la carte.
3e étape
Si rejoindre votre auto n’est pas un but trop compliqué à atteindre, vous étudiez maintenant la carte en analysant le meilleur itinéraire pour vous rendre jusque là.
Dans notre exemple, vous pourriez peut-être vous diriger vers le lac qui se trouve au sud-est, et longer ensuite la rivière qui mène à la route. Une fois là, vous tourneriez à gauche et vous marcheriez sur la route jusqu’à votre voiture.
C’est une possibilité, oui, mais il y en a une autre encore plus simple. Et dans une situation comme celle-ci (celle d’être perdu en forêt), la simplicité est probablement le plus sûr moyen de vous en sortir. Comme il ne semble pas y avoir d’obstacles majeurs dans les alentours, cette deuxième solution consisterait à vous diriger au cap sud-sud-est directement vers la route qui est perpendiculaire à votre position, et une fois dessus, de tourner à gauche et de marcher jusqu’à votre véhicule.
Cette solution offre l’avantage de ne vous fixer qu’un seul objectif. Et cet objectif (la route) est en outre suffisamment long pour ne pas risquer de le louper même si vous zigzaguez dans la forêt – car vous êtes quand même à une dizaine de kilomètres de cette route, et bien des choses peuvent se passer pendant votre marche.
4e étape
Vous sortez votre boussole et vous procédez exactement comme il a été expliqué dans l’exemple précédent pour vous orienter à partir de la carte et pour trouver votre azimut (sud-sud-est, dans ce cas-ci). Les étapes de la procédure sont ci-dessous, les unes à la suite des autres.
1) Déposez votre boussole sur la carte, parallèlement à votre itinéraire.
2) Tournez le cadran de la boussole.
3) Sans toucher à la boussole sur la carte, faites pivoter celle-ci.
4) Relevez votre azimut.
5e étape
Une fois votre azimut bien établi, vous commencez à marcher avec votre boussole en main, comme il a aussi été montré dans la mise en situation précédente.
Remarque. Il se pourrait fort bien que vous rencontriez une trail forestière sur votre chemin – car elles sont légion dans les forêts du Québec – et qui n’apparaitrait pas sur votre carte.
La tentation serait alors évidemment très grande de l’emprunter. Mais les trails forestières peuvent s’avérer des pièges. Elles peuvent certes conduire directement vers une habitation, mais elles peuvent aussi mener vers des intersections avec d’autres trails qui partent dans toutes les directions. Et elles peuvent également bifurquer dans tous les sens. Ce qui, au bout d’un moment, risque de devenir extrêmement mêlant. Si vous en croisez une et que vous décidez de la suivre, il vous faudra demeurer très vigilant pour toujours vous situer sur la carte et de ne pas vous perdre pour vrai. Cela exige beaucoup de concentration et une bonne somme d’expérience en carte et boussole. Autrement dit, vous le faites à vos risques et périls. Cela spécifié, même si c’est extrêmement alléchant, il est parfois préférable de continuer sur sa lancée initiale ; surtout si vous êtes rendu près de votre objectif. C’est à vous de voir.
Boussole sans carte
Je ne donnerai ici qu’une seule mise en situation.
Mise en situation : vous êtes perdu en forêt et vous essayez de vous retrouver
Scénario. Il s’agit exactement du même que le précédent, mais avec une différence – qui est de taille : cette fois, vous n’avez aucune carte entre vos mains pour vous aider à vous situer ! Catastrophe !
Mais qu’à cela ne tienne : étant donné que vous avez une boussole, votre contexte, quoique plus critique, n’en est pas moins « positif » pour autant.
Voici les étapes auxquelles vous vous soumettez cette fois pour tenter de vous sortir de ce pétrin
1ère étape
Comme vous êtes probablement venu dans cette région en auto, avant de quitter celle-ci et de commencer à marcher, vous l’avez nécessairement garée le long d’une route quelconque. Votre tout premier défi, et il est mental, consiste à imaginer sommairement dans votre tête la direction de cette route par rapport à vous, et dans quel axe elle était orientée
Pour les besoins de la cause, imaginons l’exemple suivant…
Vous vous rappelez que la route de laquelle vous êtes parti était orientée dans l’axe est-ouest. Et lorsque vous l’avez quittée, vous l’avez fait en vous dirigeant vers le nord.
Conséquemment, vous savez donc maintenant que cette route se trouve au sud de votre position.
C’est déjà ça. Et c’est déjà pas mal.
2e étape
Vous vous fixez votre but à atteindre. Dans ce cas-ci, à moins que vous ayez une meilleure idée, ce but sera de rejoindre cette route, et ce, peu importe où vous aboutirez dessus ; l’important étant de la rejoindre.
3e étape
Étant donné – toujours dans notre exemple – que cette route est au sud, vous orientez votre boussole de façon à ce que votre azimut soit plein sud ; c’est-à-dire à 180 degrés (rappelez-vous votre cercle de 360 degrés par rapport aux points cardinaux).
Pour ce faire :
1) vous tournez le boitier de votre boussole de façon à ce que la ligne de direction de la boussole soit à 180 degrés ;
2) vous pivotez ensuite sur vous-même jusqu’à ce que l’aiguille aimantée de votre boussole coïncide avec la flèche d’orientation (le chien doit entrer dans la niche).
4e étape
Voilà. Vous commencez maintenant à marcher en conservant votre boussole dans le plat de votre main, et en fixant fréquemment l’aiguille aimantée pour qu’elle demeure dans la flèche d’orientation, et, ce, jusqu’à ce que vous atteignez la fameuse route. Ce qui vous paraitra sans doute très long.
1ère remarque. Vous rencontrerez nécessairement une multitude d’obstacles imprévus sur votre chemin. Vous tenterez de les contourner comme vous pourrez, mais vous irez doucement de façon à faire votre possible pour toujours revenir sur votre trajet initial le plus tôt possible – ce qui ne sera pas du tout évident. Par exemple, si votre azimut est plein est, et que vous êtes obligé d’aller vers le sud-est pendant un bout de temps, comptez le nombre de pas (ou de mètres si vous connaissez votre rapport "pas/mètres") que vous faites dans cette direction, pour en faire autant en direction nord-est une fois l’obstacle contourné.
Je le répète : ce ne sera pas du tout évident. Mais il faudra rester concentré pour tenter d’y parvenir le mieux que vous pourrez.
2e remarque. Si vous croisez un point de repère sur votre chemin (comme un lac, disons), et comme vous n’avez pas de carte, il ne vous sera d’aucune utilité. À moins que vous le connaissiez déjà, ou à moins que vous vous souveniez l’avoir rencontré lorsque vous étiez dans le sentier. Dans ce cas, si c’est possible, servez-vous-en pour revoir votre azimut en tenant compte de cette nouvelle donnée.
3e remarque. Relisez ce qui a été écrit précédemment à propos des trails forestières que vous êtes susceptible de rencontrer sur votre chemin. Les mises en garde qui ont été formulées à ce moment-là sont doublement pertinentes ici du fait que vous n’avez aucune carte pour vous aider à vous situer.
4e remarque. Une fois parvenu sur la route, vous n’aurez probablement aucune idée si vous devez tourner à gauche ou à droite pour retrouver votre auto. Vous prendrez alors une chance ou vous vous déciderez par instinct, quitte à revenir sur vos pas. Et en espérant qu’un bon samaritain passera par là pour vous venir en aide.
5e remarque. Comme vous pouvez le constater, une boussole sans carte, c’est comme un sandwich sans rien entre les deux tranches de pain. En sachant cela, ne partez jamais sans elle (sans la carte) ; même s’il ne s’agirait, au pire-aller, que de la carte sommaire des sentiers qui est souvent fournie par l’organisme responsable des sentiers. Ce serait mieux que rien du tout.
Triangulation
La triangulation est un autre système d'orientation avec la boussole lorsqu’on est égaré – un moyen qui exige toutefois d’avoir une carte pour pouvoir s’en servir.
La triangulation, une fois réussie, permet de nous resituer avec passablement de précisions sur notre carte.
Mais elle est un peu compliquée à expliquer.
Et de toute façon, je ne crois pas qu’elle serait utilisable si vous étiez perdu en pleine forêt du fait que, pour faire usage de cette méthode, il est nécessaire d'apercevoir physiquement trois repères identifiables au loin, et en même temps. Ce qui n'est pratiquement jamais réalisable.
Principe schématique de la triangulation
Et plus que ça encore, et honnêtement, je me demande même si quelqu’un a déjà réellement réussi à retrouver son chemin, quelque part, peu importe où, grâce à cette procédure. Si oui, je serais très heureux qu’il se manifeste pour me raconter son expérience, car je suis très sceptique.
Cela étant dit, je laisse tomber l’explication, car je n’en vois pas vraiment l’utilité. Mais si vous êtes curieux de connaitre cette méthode, retenez ces mots-clés : « boussole - triangulation », et consultez Internet pour apprendre comment l’enseignent les spécialistes.
La boussole et les distances
Pour en terminer avec les utilitaires de la boussole, juste dire que celles à plaquette comportent pratiquement toutes des règles graduées sur les côtés selon différentes échelles de mesure.
Ces règles sont à mettre en lien avec l’échelle qui est indiquée sur votre carte topographique. Elles sont très pratiques pour calculer les distances – à vol d’oiseau – que vous vous apprêtez à parcourir après avoir déterminé votre azimut.
Évidemment, si vous n’avez aucune carte avec vous, elles sont par contre complètement inutiles.
Ne pas perdre le nord
Les principes de base de l’orientation en forêt à l’aide d’une carte et d’une boussole sont un jeu d’enfant à apprendre, mais encore faut-il se donner la peine de s’y mettre.
Il est fortement conseillé de se pratiquer une couple de fois à la maison pour ne pas être pris au dépourvu si vous deviez réagir à froid, dans le bois, et peut-être même en état de panique en constatant que vous vous êtes perdu.
Le gros de l’ouvrage (trouver un azimut à partir d’un point quelconque d’une carte jusqu’à un objectif fictif) peut très bien se faire sur la table de votre cuisine. Et répéter cet exercice à trois ou quatre reprises sera suffisant pour vous visser à jamais la procédure dans le crâne. Et vous en viendrez même à compléter cette activité en quelques secondes seulement – je n’exagère pas.
Après cela, si le cœur vous en dit, vous pouvez aller vous promener autour de chez vous pour vous amuser live sur le terrain en tentant de parvenir pile-poil sur un but que vous ne voyez pas et que vous aurez préalablement déterminé sur votre carte.
Si vous êtes un amateur de rando et que vous n’avez pas de GPS, investissez au moins dans l’achat de ce petit bidule qui pourrait éventuellement vous extirper d’un fichu pétrin l’un de ces quatre. Et si vous en avez un (un GPS), faites-le aussi quand même, juste au cas où votre appareil vous ferait faux-bond.
Je terminerai cette chronique sur une phrase très rigolote prononcée un jour par un journaliste français nommé José Artur (1927-2015), je ne sais pas dans quelle circonstance :
« PERDRE LE NORD, CELA N’A PAS DE SENS »
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