2013-02-12 --- Le Tungurahua se laisse désirer
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De : Yvan – Baños
Date : mardi, 12 février 2013
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Contrairement à mes appréhensions, je me suis endormi relativement rapidement, hier soir, au milieu de tout ce tintamarre de carnaval. La fatigue, sans doute…
Et puis, je me suis réveillé vers minuit. J’ai tout de suite tendu l’oreille pour voir où en était rendue la fête, dehors.
Rien (!)
Personne qui parlait, ou qui criait, ou qui chantait. Pas de musique à tue-tête – pas de musique du tout, en fait. Seulement que quelques sons de moteurs d’autos, au loin. À part ça : rien… si ce n’est, disons… si ce n’est le bruit de la pluie qui tombait à torrent !
C’est vrai qu’une pluie comme ça, ça te casse un party pis c’est pas trop long… Et pour une fois, je n’ai pas rechigné à l’entendre tomber !
Je me suis réveillé à toutes les heures. Et elle ne variait pas d’un poil d’une fois à l’autre – la grosse averse tout le temps. Ce matin, quand je me suis levé, rien de nouveau « sous le soleil » ; et lorsque je me suis décidé à aller déjeuner, j’ai dû l’affronter. Les rares personnes qui allaient à pied dans les rues le faisaient en courant et en se protégeant comme ils le pouvaient. Ce que j’ai fait moi aussi, avant de revenir dans ma chambre, tout dégoulinant après n’avoir été dehors que deux minutes à peine.
Et ainsi de suite jusque vers 10h00. C’est là qu’elle s’est calmée peu à peu. Mais le plafond de nuages est resté très épais et très bas.
J’ai alors pris la chance de sortir et de m’aventurer dans la nature. Ce que je voulais, en fin de compte, je vous l’ai dit hier, c’était de « voir » le volcan. Pas compliqué, ça, hein ?
Pas compliqué ? Pas si sûr…
En fait, voir le volcan semble être le tout dernier souci des touristes, ici. Volcan ? Quel volcan ? J’ai compté une quinzaine d’agences d’organisations d’excursions, à quelques mètres d’ici, quasiment toutes cordées les unes à côté des autres. Et en matière de services offerts, ce sont toutes des copié-collé. J’en ai fait quelques-unes. Ma question était toute simple : avez-vous un tour quelconque qui emmène les touristes jusqu’à un point x d’où il est possible d’avoir une vue imprenable sur le volcan ?
Heu…
Ma demande avait l’air de les confondre totalement. La seule option qui s’en rapprochait était une excursion de groupe d’une journée complète au cours de laquelle ils me montaient à 2800 mètres d’altitude ; rendu là, je me rendais au refuge, en marchant ; refuge se trouvant, lui, à 3800 (le sommet du volcan étant à 5016). Je redescendais ensuite à 2800, toujours en marchant. Pis là, au lieu de me faire ramener en ville par le même moyen qu’à l’aller – voilà qui était étrange – ils me prêtaient un vélo pour que je redescende sur cet engin.
J’ai hésité. Et j’ai laissé faire. Je n’en demandais vraiment pas tant, à vrai dire. Pourquoi le vélo, par exemple ? Après une ascension de 1000 mètres de dénivellation, dans cette chaleur humide – car c’est humide, ici –, je savais d’avance que ça ne me tenterait pas pantoute de terminer ça en faisant du vélo – même si ça ne faisait que descendre…
Je suis donc parti par mes propres moyens. Je connaissais deux longues ascensions (entre 4 et 6 heures chacune environ) qui pouvaient me mener là où je le souhaitais. Mais je ne me sentais pas la force d’entreprendre des montées si raides, si longtemps, et avec si peu de chances, de toute façon, de voir ce que je voulais voir (à cause des nuages). J’ai alors opté pour un autre itinéraire – plus facile…
D’après la carte sommaire que j’avais en ma possession, si je sortais de la ville par l’ouest, que je tournais à gauche dans la fameuse échancrure de la falaise (au fond de laquelle coule un petit torrent), et que je marchais dans celle-ci le plus loin que je pouvais, eh bien théoriquement, un moment donné, le volcan devrait se retrouver juste en face de moi, sans obstructions. Et avec un peu de chance (c’est-à-dire si le ciel se dégageait entretemps), en levant simplement la tête, je verrais sa cime. Mais je vous avoue que ça avait l’air trop beau pour être vrai…
À Dieu va, quand même.
Contrairement à mes prévisions, moi qui croyais que la promenade se ferait en terrain relativement plat, voilà-tu pas que ça s’est mis rapidement à monter. Et à monter. Et à monter encore… Et plus je m’enfonçais dans l’échancrure, et plus je montais, et plus aussi je cheminais à travers de misérables maisonnettes de pauvres gens autours desquelles batifolaient des animaux de ferme en liberté. Deux chiens pas très avenants, sont même venus me japper et me gronder ça à moins d’un mètre des mollets. Il était temps que leur proprio sorte de sa cabane pour les rappeler !
À mi-chemin, de l’autre côté du rio, j’ai aperçu en contrebas les fameuses installations d’eau thermales sulfureuses qui font aussi la réputation de Baños – gracieuseté du Tungurahua (en passant, Baños signifie justement « Bains »). Celle-là s’appelait la Termas el Salado. Et elle semblait très populaire en ce mardi matin, dernier jour de carnaval…
Et puis, je suis finalement arrivé au bout de mon chemin. Celui-ci se terminait, et la vallée se perdait dans une montée verdoyante et raide. J’ai levé la tête, et j’ai vu le… le Tungurahua ? Non pas, malheureusement. Je n’ai vu que des nuages, comme je m’y attendais : le plafond bas n’avait pas changé d’un iota depuis 10h00. Et voilà… J’en ai été quitte pour au moins admirer la superbe nature tout autour.
Et là ? Ben je suis redescendu avec mon petit bonheur et j’ai refait mon entrée dans la ville, la batterie personnelle passablement à plat, encore une fois. Parlant de batterie à plat, je commence peut-être à brûler la chandelle par les deux bouts à marcher tous les jours comme ça dans les montagnes. Va falloir que je me calme le pompon – je n’ai plus 20 ans ! J’ai même dû retourner à l’hôtel pour me reposer pendant une heure ou deux en revenant de cette petite promenade – j’avais pourtant déjà expérimenté bien pire…
Après, cette petite pause, je suis ensuite ressorti, question de marcher une dernière fois dans cette petite ville. Cette fois, je me suis rendu au pont, en bas – le San Francisco Bridge –, qui est supposé être la voie d’évacuation de la population advenant la colère subite du Tungurahua – je dis « supposé », car j’imagine, oui, la population en panique se garrocher en même temps sur ce pont étroit qui enjambe un gouffre… Un peu trop théorique, je trouve, ce plan…
Le pont franchit le rio Pastaza qui coule à je ne sais combien de mètres en dessous. Le paysage, encore une fois, était époustouflant. C’était haut, c’était escarpé et c’était réellement impressionnant.
La place se prêtait d’ailleurs merveilleusement bien aux sauts de bungee, qui est d’ailleurs exploitée allègrement de cette façon là, c’est bien certain. J’ai assisté à un saut pendant mon passage.
Et c’est d’ailleurs pour ça – pour des activités de ce genre –, que les gens affluent par ici : tourisme de plein air à toutes les sauces, dont les activités qui font monter l’adrénaline.
Et pour le volcan, dites-vous ?
Quel volcan ?
Ha oui ! Parlant de volcan ! Lorsque j’étais sur le San Francisco Bridge, justement, j’ai levé la tête un moment donné, par hasard, et qu’est-ce que j’ai vu, là-bas, au loin ? Hein ? Hein ? Ben oui ! La cime (presque) du Tungurahua – au moins sa neige éternelle. C’est comme je vous le dis. Les sceptiques, regardez les photos (si elles se sont rendues à vous). Il était en plein là où j’aurais dû le voir, cet avant-midi, lors de ma petite excursion dans le fond de la faille.
Bon, enfin ! Je peux maintenant quitter Baños la tête en paix – j’ai vu le volcan ! Eh oui, j’ai bien dit « quitter ». Demain, je reprends le bus pour une autre destination.
Vous me suivez toujours ? Ça achève… Moins d’une dizaine de jours, encore… Ça passe viiiittteee !
Belle soirée, et portez-vous bien !
Yvan
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