Les maudits vents

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2013-02-10 --- À 4800 mètres d'altitude sur le volcan Cotopaxi

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De : Yvan – Quito

Date : dimanche, 10 février 2013

À : parents et amis

 

Bonjour à tous,

 

Pas très bien dormi, mais au moins ce matin, ça allait mieux qu’hier, côté santé. Peut-être que les médicaments naturels de Laly y ont été pour quelque chose. J’en ai été quitte pour une belle frousse : je me voyais déjà aux prises avec une grosse grippe d’homme et cloué au lit pour le restant du voyage…

 

Eh bien non !

 

Ce qui fait que ce matin, j’étais là comme un seul homme, devant l’hôtel Sheraton, à 7h40, comme convenu, pour monter dans le transport qui allait m’emmener en excursion. Je ne vous ai pas encore dit la destination de ce petit périple, je crois, n’est-ce pas ? Êtes-vous fébrile de l’apprendre ? C’était le Parc National de Cotopaxi, réserve naturelle créée pour protéger, entre autres, son joyau le plus beau : le volcan Cotopaxi.

 

Talam….

 

Le volcan Cotopaxi est le deuxième plus haut volcan de l’équateur – après le Chimborazo. Mais du fait que le Chimborazo est éteint, le Cotopaxi détient ainsi l’honneur d’être le plus haut volcan actif du monde. Il est magnifique : 5897 mètres d'altitude ; un cône quasi parfait sur lequel reposent des neiges éternelles ; un immense cratère de 650 mètres sur 800. Il est considéré comme étant très dangereux. Sa dernière irruption remonte à 1877, et il avait alors détruit plusieurs villages. On dit que, lors de cette irruption – très violente –, sa coulée de lave s’était rendue jusqu’à 80 km, à l’ouest ! 

 

Il y a deux choses à faire quand on se rend dans ce parc. Ou bien on se tape l’escalade du volcan jusqu’en haut ; ce qui prend deux jours, une très bonne forme physique, et de la préparation. Ou bien, on se contente de visiter le parc, et on essaie de se rendre au moins au refuge, sur le flanc de la bête. Étant donné que je suis revenu à Quito aujourd’hui, vous vous doutez bien que j’ai choisi la 2e option.

 

Nous étions trois passagers à bord – une Brésilienne, un Australien, et un Québécois – avec un guide-chauffeur quiteños de l’agence de voyage. Si vous comptez bien, il y avait donc quatre langues natales différentes dans l’auto, n’est-ce pas ? L’espagnol, le français, le portugais et l’anglais. Cela dit, quelle langue pensez-vous qu’il s’est parlé dans cette auto en tout temps ? Ben oui, c’est ça : la shakespearienne…

 

Une fois tous à bord, nous avons pris la route du sud. Quito étant une ville qui s’étire en longueur, du sud au nord, ça a été long d’en sortir. Mais après ça, nous avons suivi la Transaméricaine jusqu’à l’entrée du Parc. La Transaméricaine est la route qui relie les deux Amériques, de l’Alaska jusqu’en Argentine. J’ai appris ça ce matin, pendant que nous roulions dessus.

 

C’était de toute beauté. Nous avons roulé dans le fond d’une vallée verdoyante protégée de chaque côté par les hauts pics de la Cordillère. Notre guide – dont j’ai oublié le nom – était un Équatorien baraqué, avec grosse montre et grosses lunettes de soleil, et qui se la jouait cool (chévere). Mais il était d’une compétence indiscutable dans ses explications. Non seulement concernant le volcan, mais sur l’Équateur au complet. Rien à dire à son propos. J’en aurais quasiment eu pour mon argent rien qu’à écouter ses commentaires.

 

Et nous sommes entrés dans le parc.

 

Et nous avons commencé à monter…

 

Et plus ça montait, plus le paysage changeait. Ça devenait de plus en plus désertique, avec de grandes plaines sur lesquelles ne poussait qu’une herbe sèche. Grandes plaines alternant avec de hautes collines aux arbrisseaux rabougris. Le parc comprend apparemment une faune variée : des chevaux sauvages, des lamas, des condors… Pour ma part, je n’ai vu que deux chevaux – et de loin !

 

Le Cotopaxi se laissait entrevoir, tout en haut, au milieu des nuages… Notre guide nous a dit qu’il était très rare qu’on pouvait le voir complètement dégagé. Nous n’avons pas eu cette chance ; du moins pas au complet. Dommage…

 

Et nous sommes enfin parvenus au stationnement, situé au début des neiges éternelles … À ce moment là, nous étions à 4600 mètres ! Comme comparaison, rappelez-vous que Quito – déjà haute – est à 2800 mètres. Méchante différence, hein ? Et de là, si nous le voulions, nous pouvions tenter de monter à pied jusqu’au refuge qui se trouvait à 4800. Il était parfaitement visible, au loin – mais pas si loin que ça, quand même, à l’œil, que ça m’apparaissait.

 

« Voulez-vous essayer de vous y rendre ? » a demandé le guide.

 

« Tu parles ! »

 

La Brésilienne a refusé. Elle avait mal à la tête, et elle ne se sentait pas l’énergie à cette escalade. Le guide est resté avec elle. N’écoutant que notre courage, l’Australien – Andrew – et moi, avons alors entrepris la montée.

 

J’avais hâte d’expérimenter le phénomène pour voir comment je réagirais. Et bien voilà, j’étais en plein dedans. Aussitôt les premiers pas amorcés, j’ai tout de suite compris que ça n’allait pas être de la tarte. Le manque d’air s’est aussitôt fait sentir.

 

Ouf…

 

Je crois avoir battu mon record de vitesse minimum de marche. J’ai dû faire du 1 et même du ½ km/hre. En plus du manque d’air, la montée était difficile du fait que le sentier était en petite gravelle molle, et que ça glissait. Ça s’est donc fait petit pas par petit pas, très lentement, en prenant de fréquentes pauses, et en tentant de garder mon équilibre lorsque j’étais un peu étourdi. Les derniers cent mètres ont été particuliers. Je n’en voyais pas le bout, même si le bâtiment était là, à portée de main. Je me suis réellement demandé – et ce jusqu’à la toute fin – si je finirais par l’atteindre.

 

Eh bien oui ! Tope la, Andrew !

 

Ça a pris une heure juste. J’étais pas mal fier de moi. Et aucun symptôme du soroche (le mal des altitudes). À part la respiration difficile, rien : après quelques minutes de récupération, pas de maux de tête, pas d’étourdissements, pas de maux de cœur, pas de manque total d’énergie…

 

On n’est resté là que le temps d’immortaliser l’exploit par des photos, et de faire un peu le tour des alentours. Et puis ça a été le chemin du retour. Beaucoup plus facile, évidemment. La preuve, c’est que la descente n’a pris que vingt minutes. Et pendant ce court laps de temps, nous avons été littéralement envahis par les nuages. Et en bas, la grêle s’est même mise de la partie. Il n’était plus question de voir le sommet. La nature aura toujours le dernier mot.

 

Le seul autre intérêt du parc, à part les magnifiques paysages, était apparemment un lac : la Laguna Limpiopungo (3830 mètres). Le guide nous y a conduits. Je m’attendais à voir un grand lac, genre le lac Titicaca (j’exagère un peu). Mais quelle n'a pas été ma surprise de me retrouver devant un tout petit lac – au Québec, on appelle ça un marais – dans lequel batifolaient quelques oiseaux… Un peu décevant… L’Équateur nous bat certes à plate couture avec ses volcans, mais question lacs, ils ont apparemment des croûtes à manger pour nous rejoindre…

 

Et puis, ça a été le chemin du retour – sous la grosse pluie battante.

 

Et parlant de pluie, pendant que je vous écris, il pleut encore à torrent, ici. J’espère que la température sera plus clémente à l’extérieur de la ville, à partir de demain. Car vous savez que c’est demain que je quitte ma famille d’accueil ? Il est temps, en effet, de quitter le nid et d’aller explorer d’autres cieux.

 

Belle soirée à tous, et à la prochaine

 

Yvan

 

PS) Vous vous souvenez qu’il y a eu un tremblement de terre, ici, hier ? Eh bien, ça a été plus grave que je pensais. Du moins, pas ici, à Quito ; mais bien à l’endroit de son épicentre, dans le sud de la Colombie, près de la frontière équatorienne, à environ 200 km d’ici. Une magnitude de 7,0, on rit pus. Heureusement, il semble qu’il n’y ait pas eu de mort.

 

 

 

 

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20/03/2017
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