Les maudits vents

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2012-01-10 --- Débarquement à Calcutta et petit problème

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De : Yvan – Calcutta, Inde

Date : mardi, 10 janvier 2012

À : parents et amis

 

Bonjour à tous,

 

Atterrissage sans histoires à Calcutta à 1h00 du matin, exactement à l’heure pile, dans un aéroport qui m’a semblé plus ou moins rudimentaire à première vue – mais peut-être cette impression était-elle due simplement à l’odeur de l’humidité. Nous avons en effet récupéré nos bagages dans une atmosphère très humide. Nous sommes ensuite sortis à l’extérieur et là, bang ! nous nous sommes retrouvés devant une foule colorée – dans le vrai sens du terme – d’Indiens qui attendaient dans la rue, à la porte, devant un soldat armé, en nous fixant silencieusement. Ça a été là ma toute première vision des habitants de l’Inde – je ne l’oublierai jamais.

 

Parmi ces gens qui nous dévisageaient, beaucoup tenaient des affiches dans leurs mains afin d’avertir des voyageurs de leur présence. Nous avons évidemment cherché, confiants, celle sur laquelle étaient écrits nos noms ou celui de Mass Education. Après plusieurs minutes d’exploration, il est toutefois devenu évident que personne ne nous attendait…

 

Oups…

 

— Sukumar, où es-tu ? Tabarnouche, ne nous laisse pas tomber ici, à 2h00 du matin, dans les faubourgs glauques de Calcutta ! – (Sukumar étant le dirigeant de Mass Education)

 

Mais force nous a été finalement d’admettre que Sukumar nous avait laissé tomber à 2h00 du matin, dans les faubourgs glauques de Calcutta...

 

Ayoye, nous voilà beaux…

 

Nous étions beaux à voir là, en effet. Je vous laisse imaginer le topo : sans aucune connaissance de la ville, sans un sou en poche – c’est le cas de le dire, car 1 roupie = 2 sous ; et nous n’avions aucune roupie sur nous ; sans réservations d’hôtel, et à la merci de tous les pseudos chauffeurs de taxis qui avaient évidemment vite compris que les trois touristes que nous étions se trouvaient dans la m… heu… pardon… dans le pétrin.

 

Au secours !

 

Le reste est digne d’une de ces aventures à la fois rocambolesques et dangereuses que les tourismes occidentaux doivent faire face un jour ou l’autre lorsqu’ils se retrouvent en terra incognita.

 

Je passe vite, car j’en aurais pour des pages à décrire les peurs et les fous rires qui me sont venus tour à tour à l’esprit durant l’heure qui a suivi : appels infructueux chez Sukumar ; découverte inespérée d’un guichet automatique pour disposer de quelques roupies ; négociation ardue avec un prétendu chauffeur de taxi – entouré de cinq ou six de ses amis – pour nous mener dans un hôtel potable ; embarquement à cinq dans un taxi minuscule et sans suspension ; course effrénée – c’est le cas de dire – dans les rues de Calcutta, à travers des bâtiments délabrés ; la mort qui nous attendait à chaque coin de rue…

 

Ben non, là, j’exagère peut-être un peu. Quoique la mort a effectivement rôdé au moins une fois : No problem, sir ! No problem !… nous a crié l’aide-chauffeur après qu’un autre taxi ait passé à un cheveu de nous emboutir, sur un coin de rues.

 

Quand j’y repense, ce soir, je me dis que ces types auraient pu nous mener n’importe où : dans un coupe-gorge, genre, pour nous prendre nos bagages et nous faire disparaître corps et bien… Mais nous sommes finalement arrivés devant un hôtel qui, ma foi, s’est finalement avéré assez bien dans les circonstances. Même s’il était situé dans un quartier qui apparaissait douteux. Et même si le prix de la course a été une arnaque totale à nos dépends.

 

Une fois dans la chambre, l’adrénaline qui suintait par tous les pores de ma peau m’a tenu réveillé pendant au moins une heure alors que je n’avais pas encore dormi depuis 36 heures. Mais heureusement, l’histoire se termine bien – évidemment puisque je suis en train de vous la raconter ! Daniel est finalement venu à bout de rejoindre Sukumar, ce matin. Celui-ci s’est confondu en excuses, croyant que nous arrivions aujourd’hui. Il est venu nous rejoindre à 12h30.

 

Le reste de la journée s’est passée en auto – avec chauffeur privé – dans les rues sales et transversales de Calcutta… Entre autres choses, nous sommes allés acheter nos billets de train (autre expédition digne de mention) en prévision de notre départ, le 16 janvier au soir, pour Allahabad.

 

Je ne sais plus par quel bout commencer pour vous parler de mes impressions sur Calcutta… En utilisant le sens de la vue ? Celui de l’odorat ? Celui du son ? La fatigue m’empêche un peu de mettre tout ça en ordre dans ma tête…

 

Saviez-vous premièrement que la densité de la population de cette ville est de 24 760 habitants au km2 ? Juste pour vous donner une comparaison, celle de Montréal est de 4 587 habitants au km2… Bonjour la promiscuité !!

 

Marguerite ne veut plus qu’on parle de pauvreté lorsque vient le temps de décrire l’Inde. Il y a d’autres choses à dire sur l’Inde que ça ! Je veux bien, mais comment passer ce sujet sous silence lorsqu’on l’a en pleine face à tous les coins de rue ? C’est même dément : les gens qui envahissent chaque centimètre carré de terrain, qui occupent les trottoirs avec des petites échoppes en bois recyclés, qui se construisent des abris de fortune sur des bouts d’espace plus ou moins disponibles… Sans compter un grand nombre de bâtiments de cette ville qui tombent en ruine….

 

Je voulais prendre des photos pour vous montrer, mais j’étais un peu gêné de jouer les touristes de façon aussi envahissante. De toute façon, des photos, j’en aurais pris des centaines que ça  n’aurait pas rendu ce que j’ai vu. Il aurait manqué les sons (de klaxons !! entre autres) et les odeurs (de pollution !! entre autres), la mendicité et tout le bazar des choses qu’ils disent dans les livres, mais qu’on ne parvient pas à saisir pleinement sans l’avoir expérimenté concrètement…

 

Mais parmi toute cette « laideur » – appelons ça comme ça –, il y a des fleurs merveilleuses, des fleurs belles comme l’amour (cliché, je sais), et j’ai nommé les femmes dans leurs saris de toutes les couleurs. Elles sont belles, et elles sont étincelantes… Elles sont magnifiques, quoi… Même dans leur plus extrême pauvreté…

 

Je commence à être un peu fatigué, je vous avoue. Le décalage horaire me rentre dans le corps ; ainsi que les cinq trop courtes heures de sommeil que j’ai prises, ce matin ; et toutes ces nouvelles données que j’ingurgite depuis moins de 24 heures… C’est beaucoup pour le visiteur occidental que je suis.

 

Demain, on s’en va dans la région des Sunderbans, dans le delta du Gange. Nous y resterons deux ou trois jours, je crois, avant de revenir à Calcutta. J’apporte l’ordi sans savoir si je vais pouvoir m’en servir…

 

Ah oui, j’ai oublié de vous dire que nous logeons ce soir dans un appartement mis à notre disposition par Sukumar dans le sud de la ville – sur Bose Rd, à Mahamayatala. Mahamayatala est un quartier de la ville de Garia, elle-même une banlieue de Calcutta – comme Longueuil, genre. Un appartement rudimentaire, il va sans dire, mais à comparer à toutes les cambuses que j’ai vues aujourd’hui, c’est le paradis sur terre.

 

Et c’est sur le son de l’appel à la prière des fidèles, chanté par un prêtre musulman, d’une mosquée près d’ici (à travers les klaxons – toujours – et les cris des habitants) que je vous dis bonsoir.

 

Portez-vous bien et à la prochaine !

 

Ici, Yvan, en direct de Calcutta, dans un appartement qui ferait la joie de millions de personnes habitant alentour.

 

 

 

 

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Dans le delta du Gange

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https://static.blog4ever.com/2016/03/816195/Inde---Jour-01a.jpgEn transit à Francfort

 

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16/03/2017
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