2012-01-12 --- Une aimable invitation sur Pathar Pratima Island
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De : Yvan – Pathar Pratima
Date : jeudi, 12 janvier 2012
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Voulez-vous savoir comment s’est passée ma dernière nuit ? Rassurez-vous : pas de cafards, pas de punaises – du moins, je ne crois pas. Je n’ai pas très bien dormi, par contre, mais ce n’est pas à cause des bibittes. Plutôt à cause du manque de confort dont l’occidental que je suis est habitué. Mais aussi à cause de l’énervement, bien sûr, devant tant de nouveautés. Marguerite m’a donné un comprimé de… je crois que ça s’appelle de la mélatonine. Paraît que ça aide à dormir. Je viens de le prendre. J’espère me rendre jusqu’à la fin de mon message…
Journée plus tranquille que les autres, aujourd’hui, mais tout aussi remplie d’expériences inoubliables. Mass Education avait un programme – des visites – pour nous. Programme qui est tombé à l’eau pour toutes sortes de raisons. Ils se sont virés de bord en nous invitant à dîner (à déjeuner, pour mes amis français), chez Marati, une femme qui travaille ici, sur le site de l’organisme, et qui demeure à quelques kilomètres, à l’intérieur de l’île.
Pour nous y rendre, nous sommes premièrement passés à pieds par le village de Pathar Pratina ("idole de pierre" en bengali). Et dans ce village, j’ai un peu capoté, j’avoue, à cause du « direct » de la chose. Ce n’était plus comme à travers les vitres d’une auto ou vroum vroum sur un motocross. C’était live…
Premièrement, il ne passe pas beaucoup d’étrangers blancs dans cette région, je vous le jure. Tous les regards se tournaient donc vers nous avec insistance à chaque pas que nous faisions. Et un rassemblement se formait aussitôt que nous arrêtions devant une échoppe. Mais rien de menaçant. Au contraire : rien que de la curiosité amusée de leur part… Mais quand même… moi qui aime demeurer discret, ce coup-ci c’était complètement raté. Quoique, à vrai dire, ce n’était pas tant moi qui attirait les regards – ni Daniel – que Marguerite, avec ses cheveux blonds et ses beaux grands yeux bleus. J’ai peut-être passé complètement inaperçu, tout compte fait…
Mou et Marati nous ont fait rentrer dans plusieurs de ces minuscules établissements pour nous montrer comment se fabriquaient toutes sortes de produits locaux. Et j’ai eu droit à ma première expérience du marchandage. M’enfin, pas moi directement… Mou l’a fait pour moi. Et on s’est vite aperçu qu’elle était une experte en la matière – comme tous les Indiens, d’ailleurs. Le marchandage, en Inde, est quelque chose de très sérieux. Si vous ne marchandez pas, vous passez pour un parfait crétin, genre. Bref, je voulais acheter un petit gobelet en argent.
--- How much ?
--- 150 roupies (3,00 $ ou environ 2 €).
Mou m’a fait la moue (pas question ! ai-je lu dans son regard). Et la voilà qui part à marchander serré avec le vendeur – en bengali ! On n’y comprenait rien, mais on saisissait que la partie était ardue. Après cinq minutes, elle s’est retournée vers moi : OK, It will be 120 roupies. Take it now.
Wow ! J’avais sauvé 60 cents et j’étais en possession de mon tout premier souvenir de l’Inde.
Une fois le village traversé, on a pris le même bike qu’hier – celui avec une plateforme. J’ai appris le nom que ça portait : un van rickshaw. Il y en a des centaines sur ces îles, sur lesquelles, par ailleurs, on ne retrouve aucune automobile. Les vans rickshaw sont les taxis de ces régions, en même temps que les « camions-remorques ». Ça mène un bruit d’enfer tout en dégageant une fumée épouvantable. Et c’est là-dessus qu’on s’est rendu chez Marati.
La maison de Marati est humble, mais on sent qu’elle est quand même un cran supérieur aux autres, alentour. On y retrouve des étangs ensemencés de poissons et quelques rizières. Elle cultive en outre un immense jardin. Et elle possède deux vaches, un chien et un chat. Son beau-frère et sa femme demeurent juste à côté dans une maison beaucoup plus petite, en torchis.
Et c’est là que la popote bengalie dans toute sa splendeur a débuté. Mou, Marati et la belle-sœur de celle-ci se sont mises à concocter du poulet épicé, avec légumes et riz assaisonné, dans la plus pure tradition indienne – avec pilon (pierre) et cuisson dans un four creusé à même le sol – voir photos.
Là, je m’adresse à tous ceux qui ont prédit que je maigrirais obligatoirement de 5 à 15 livres avant mon retour au pays… Bine, bine ! S’il survient quelque chose avec mon poids, de la manière que c’est parti là, ce sera le contraire. Je me gave comme un ogre depuis que je suis ici. Et toc !
Après le dîner, nous avons eu droit à un cours détaillé sur la cérémonie de mariage en Inde. Marguerite a alors mentionné à Mou et à Marati qu’elle avait récemment demandé à Daniel de l’épouser en secondes noces (mais que celui-ci tardait encore à dire oui). Dix minutes plus tard, Marguerite s’est retrouvée avec la raie rouge dans les cheveux, et en sari de noce, aux côtés d’un Daniel penaud, qui venait de se faire acculer au mur. Résultat : le voilà de nouveau enchaîné pour plusieurs années – ce qu’il n’avait pas prévu, j’en suis sûr, en se levant, ce matin !
Il ne manquait que les bracelets traditionnels qui ont été achetés lors du retour vers les bâtiments de Mass Education. Mais cela n’a pas été sans mal. Mou a dû de nouveau intervenir pour négocier serré avec le vendeur qui demandait beaucoup trop cher. Un moment donné, j’ai même pensé qu’ils en viendraient aux coups. Mais non : après une discussion digne des grands débats politiques, Daniel a gagné quelques sous, tandis que Mou et le vendeur se quittaient avec forces sourires et mots gentils.
Journée extrêmement enrichissante, en somme. Mou nous a donné des explications et son opinion sur plusieurs aspects de l’Inde. Elle a répondu sans aucune restriction et avec beaucoup de générosité à toutes nos questions. Mou vient d’une famille très libérale – ce qui est plutôt rare, en Inde. Elle s’est premièrement mariée par amour (et non suite à un arrangement de ses parents) ; avec un Musulman par surcroit (et non un Indien de sa caste) ! Son mari travaille en Arabie saoudite ; de sorte qu’elle ne le voit qu’à tous les trois mois. Autre différence : elle ne demeure pas dans la famille de son mari, mais bien chez ses parents, à elle. Elle s’habille en outre dans un style qui ressemble à la femme occidentale. Et elle porte les cheveux plutôt courts.
Et puis, voilà : me revoici dans ma chambre. Pas de cafards à l’horizon, ce soir. La mélatonine commencera son effet – supposément – dans quelques minutes. Demain, nous quitterons cet endroit pour remonter vers le nord et visiter une école dans un village situé à environ 1½ heure de route de Calcutta. C’est là que Mou nous quittera… Snif… Mais quelqu’un d’autre prendra la relève.
Bonne nuit à tous. Il est 22h30, ici – 12h00 pile, chez vous, dans la neige… Ah ! Ah ! Ah !
Ici, Yvan, en direct de la même place qu’hier soir ; c’est-à-dire perdu quelque part, près de la mer de Bengale.
PS) Comme prévu, je ne dispose pas d’Internet par ici. Vous recevrez donc un jour une série de courriels en rafales. Ah ! J’espère que vous ne perdrez pas patience à lire tous ces messages !
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