Les maudits vents

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(24) 1er juillet 2018 - Une journée à la Silent Hill

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3 000 km avec une poussette (ou ma longue marche en solitaire dans les USA)

Chronique # 24 – Une journée à la Silent Hill  

Dimanche soir, le 1er juillet 2018

Barnesville, (Pennsylvanie, USA), dans le sous-sol de la Barnesville United Methodist Church (Holly Rd)

 

Vous connaissez Silent Hill ?

 

À la base, Silent Hill est un jeu vidéo de type « survival horror » très macabre et très populaire au sein de la communauté de ceux qui s’adonnent à ce genre de passe-temps.

 

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L’industrie cinématographique en a fait ensuite un film – un film d’horreur, bien entendu –, qui porte le même nom que le jeu vidéo.

 

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Il a été réalisé par Christophe Gans, et coécrit par Christophe Gans lui-même, Roger Avary et Nicolas Boukhrief. Il est sorti en salle en 2006.

 

J’en copie-colle ici le synopsis : « De plus en plus souvent, la petite Sharon rêve d’une ville abandonnée, Silent Hill. Sa mère, Rose, décidée à comprendre l’étrange mal dont souffre son enfant, décide de l’accompagner sur place. Alors qu’elles pénètrent dans cet univers lugubre, Sharon disparait. Rose se lance à sa poursuite, mais se rend vite compte que ce lieu étrange ne ressemble à rien de normal. »

 

Bon, maintenant, la question qui tue… Dekessé que cé le rapport entre Silent Hill et ma chronique d’aujourd’hui ?

 

J’expliquerai tout ça en temps et lieu. Restez en ligne.

 

Départ de Shamokin

 

Aujourd’hui, 1er juillet, c’était la fête de la Confédération pour les habitants d'un pays qui s'appelle le Canada, et qui se trouve à moins de 1 000 km au nord de ma position actuelle.

 

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J’ai quitté ma très confortable église de Shamokin très tôt, ce matin, genre à 5h30. Le soleil commençait à peine à se lever. Il faisait encore sombre dans les rues. Comme d’habitude après avoir fait la rencontre de gens charmants comme ceux de la veille, je partais en sifflotant tellement je me sentais bien.

 

Au bout de même pas cinq minutes, j’ai vu une silhouette se profiler à l’autre bout de la rue. Et elle s’en venait vers moi. D’après ce que je pouvais en juger, c’était un homme.

 

Tabarnouche ! que je me suis dit. Y’é donc ben de bonne heure pour faire sa marche matinale, lui !

 

Et quand il a été assez près pour que je puisse le détailler, ça a fait bong ! C’était Dave ! Ben oui : celui-là même qui m’avait permis de dormir dans l’église que je venais tout juste de quitter voilà à peine quelques minutes !

 

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Ah, ben, tu parles d’une affaire, toé ! Méchant hasard ! Nous avons jasé pendant quelques minutes avant de poursuivre chacun notre chemin. Mais juste au moment de nous quitter, il a sorti un 20 $ de sa poche et me l’a tendu…

 

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Comme pour la jeune fille qui m’avait tendu un 20 $ elle aussi, à Athens (Tennessee), la journée de ma fête, j’ai refusé de le prendre, alléguant énergiquement que je n’en avais pas besoin. Mais il n’y a eu rien à faire pour le faire changer d’avis. Il me l’a plaqué de force dans la main, et il est parti en me souhaitant bonne chance et avec un grand sourire.

 

Cette heureuse rencontre avait définitivement relégué celle de mon petit despote de l’avant-veille dans les oubliettes profondes de mon cerveau. Et je me suis remis en route en oubliant, même – du moins pendant un bout – la douleur de mes pauvres pieds.

 

C’est fou comment la ligne des événements qui surgit devant nous, d’heure en heure, est tout sauf linéaire. J’ai déjà dit, je crois – et même très souvent, ça se peut – que les hauts et les bas alternent dans nos vies comme les montagnes russes de la Ronde en une succession d’incidents tantôt extrêmement boostants, tantôt souverainement démotivants.

 

C’est un peu ce qui s’est passé aujourd’hui.

 

Après ce stimulant départ, ça s’est mis à devenir graduellement de plus en plus… de plus en plus « bizarre », disons. Comme si j’entrais dans une quatrième dimension sans trop m’en rendre compte.

 

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Centralia

 

Dans le milieu de la matinée, je suis tout d’abord arrivé dans une ville qui, sur la carte, s’appelait Centralia. J’espérais y trouver une place (un McDo, genre, ou une station-service) pour m’y reposer quelques minutes. Mais ça été loin d’être possible. Et c’est là que les choses weirds ont commencé.

 

J’étais déjà passé – et à plusieurs reprises à part ça – à travers des villages qui n’en étaient pas réellement. C’est-à-dire que ce n’était que des sortes de paroisses avec quelques maisons sur des coins de rue. Mais là, à Centralia, j’avançais sur la rue principale (sur la 61) et je croisais des rues à gauche et à droite, comme dans un village normal, mais ces rues-ci avaient ceci de particulier qu’il n’y avait aucune maison dedans. Il n’y avait que des broussailles non entretenues qui les bordaient et que des mauvaises herbes qui poussaient à travers l’asphalte.

 

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À part quelques maisons dispersées ici et là (pas plus de 4 ou 5), il n’y avait rien. C’était comme si la ville avait été désertée de ses habitants et que les maisons avaient été rasées. L’atmosphère était lourde, et même si c’était le milieu de l’avant-midi, c’était quand même passablement lugubre.

 

Eh bien, je l’annonce en mille : sans le savoir, je me trouvais dans le village fantôme qui a inspiré les auteurs du film Silent Hill, le film d’horreur dont je parlais tout à l’heure. C’est Avary, l’un des trois scénaristes, qui a un jour révélé à la presse qu’en imaginant un endroit troublant pour l’histoire du film, il avait été inspiré par cette ville fantôme de Centralia, en Pennsylvanie.

 

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Saperlipopette !

 

Pis sans le savoir – en plus ! –, je marchais apparemment juste au-dessus d’une véritable fournaise, c’est-à-dire que je me promenais allègrement au-dessus d’une ancienne mine de charbon qui était en train de brûler à quelques mètres sous mes pieds, et ce, depuis des dizaines d’années.

 

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Il faisait apparemment dans les 500 degrés Celsius pas loin, là, en-dessous de mes godasses, et ce brasier exhalait de temps en temps des vapeurs toxiques dans l’atmosphère où j’étais.

 

C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’y avait plus de village à cet endroit (pis c’est une tabarnouche de bonne raison, quant à moi).

 

Une chance que je ne m’y suis pas attardé moi-même. Allez savoir dans quel gouffre j’aurais pu sombrer !

 

Pour avoir des détails sur cette drôle de ville de Centralia, je réfère à la capsule encyclopédique des Maudits Vents à la fin de cette chronique. Pour ma part, et sans plus attendre – car le temps file –, je continue le récit de cette étrange journée.

 

Ashland

 

J’ai tourné à droite au coin de la rue et j’ai continué mon chemin vers Ashland, un vrai de vrai village, celui-là, avec des maisons habitées dedans.

 

Mais entre les deux, et ce, à cause des aléas de la route, j’ai dû marcher dans une direction qui était complètement à l’opposé de ma destination.

 

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Une chance que c’était pas trop long (4 km) parce que pendant le temps que ça dure, une affaire de même, c’est décourageant en ta. Mine de rien, avant que j’aie pu rattraper la distance perdue, ce petit détour-là m’a néanmoins obligé à marcher plus d’une heure supplémentaire cette journée-là.

 

Mais bon.

 

En passant, juste dire que j’ai trouvé une autre chose bizarre dans ce coin-là (pis ce ne sera pas la dernière de la journée). J’ai en effet remarqué que j’étais en train de passer d’une ville dans laquelle il y avait un feu qui brûlait dans ses entrailles, à une autre ville – sa voisine – qui s’appelait Ashland (la « Terre des Cendres »). J’ai alors trouvé que ces deux villes (l’une par sa particularité, et l’autre par son nom)  s’agençaient finalement très bien ensemble. Ils ont le sens de l’harmonie, ces Américains, quand même…

 

Déprime graduelle

 

À partir de là, c’est devenu beaucoup plus montagneux, pis plus… je sais pas trop comment l’exprimer… plus « sauvage », peut-être ? Moins beau, en tout cas. La nature en elle-même m’apparaissait très quelconque, ainsi que les habitations le long de la route. J’ai présumé que l’économie ne devait pas être top-top dans cette région-là. Beaucoup de maisons, autant en ville qu’à la campagne, étaient passablement défraichies, si ce n’était carrément délabrées.

 

Parlant d’habitations, on dirait qu’il y a une mode architecturale dans ce coin-là : peu importe qu’elles soient érigées en ville où à la campagne, à peu près toutes les maisons sont construites juste sur le bord de la route. Pour la grande majorité, moins d'un mètre les séparent de l'asphalte. Pauvres habitants… Je dis ça, car les autos et les camions passent pratiquement drette sur leurs galeries à longueur de jour. Ils doivent tous se parler avec des mégaphones dans ces maisons-là, ma foi…

 

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Tout le reste de la journée s’est déroulé dans ce genre de décor qui m’est apparu passablement déprimant et qui n’aidait pas vraiment mon moral à garder le cap.

 

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Mahanoy City

 

Le coup de grâce a été donné dans une ville qui s’appelait Mahanoy City, nom qui, dans ma tête, sonnait extrêmement western et que j’avais hâte de vérifier, de visu, si c’était vraiment le cas. Et à cause d’une accumulation de toutes sortes de raisons – moral dans les talons, chaleur excessive, fatigue due aux côtes de la journée, pieds en charpie, et 47 km au compteur –, je désirais m’y arrêter pour installer mes pénates.

 

J’y suis finalement arrivé et je me suis aussitôt mis à la recherche d’un shelter, comme d’habitude. Mais ce coup-ci, pour faire exprès, un shelter, je n’en ai point trouvé. Et pour faire exprès itou, je n’ai pas du tout aimé l’ambiance de cette ville longiligne et très géométriquement quadrillée.

 

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Partout où je passais, les maisons étaient toutes collées les unes contre les autres et elles donnaient toutes directement sur les trottoirs. Et comme elles comportaient à peu près toutes des galeries, et que c’était dimanche, et qu’il faisait très chaud, ça fait que des familles entières étaient affalées dehors, sur leurs galeries, en camisole, bière à la main en ne faisant rien d’autre que de suer et de regarder les autos et les piétons déambuler dans la rue. Piétons dont mon Pout-Pout et moi faisions évidemment partie.

 

 

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Là, j’espère que les habitants de Mahanoy City ne liront jamais cette chronique. Et j’espère aussi que les gens qui connaissent cette ville ne la liront pas non plus. Car je ne voudrais pas froisser la susceptibilité de personne. S’il y'en a parmi ceux-ci qui sont à l’écoute, qu’ils me pardonnent mes préjugés et qu’ils prennent en considération que je n’étais pas dans mon état normal à cause de toutes les raisons énumérées, ci-haut. Et pour faire preuve de bonne volonté, j’y suis retourné, plus tard (via Google Street View, je veux dire), et j’ai trouvé que c’était une ville très bien dans l’ensemble. Et si j’y retourne un jour en personne, je promets de m’y promener de long en large pendant une journée entière afin de l’apprécier à sa plus juste valeur

 

Bref, j'ai décidé de sortir de là et de tenter ma chance ailleurs. Mais j’avoue que j’étais passablement découragé. Je marchais désormais sur une route qui s’étendait à perte de vue et dans une campagne qui ne semblait guère vouloir m’offrir ce que je cherchais à court terme – et ça commençait à presser (me disaient mes pieds)

 

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J’ai alors fait ce que je fais d’habitude : je me suis recueilli en priant mon Ange gardien d’arranger les circonstances pour que cette journée se termine de façon satisfaisante, comme il l’avait toujours fait lui-même jusqu’à présent. Je ne demandais pas grand-chose, du coup : juste un toit dans un environnement tranquille.

 

L’endroit

 

J’ai marché une dizaine de kilomètres supplémentaires sans rien trouver qui pouvait convenir. L’après-midi avançait et je commençais sérieusement à envisager de coucher cette fois en pleine nature, sans toit sur la tête, et avec tous les inconvénients (la pluie ou la rosée qui me tombe dessus) que cela allait engendrer…

 

Lorsque tout à coup…

 

Lorsque tout à coup, mon instinct m’a fait me retourner la tête vers l’arrière…

 

Je venais tout juste de passer à côté d’un écriteau soutenu par une base de pierres, mais des arbustes me l'avaient à demi dissimulé. De sorte que je n’y avais pas prêté attention sur le coup.

 

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Mais faut croire que mon subconscient l’avait remarqué, lui, et qu’il s’est arrangé pour que j’allume avant qu’il ne soit trop tard. Je me suis donc retourné et, intrigué par cette pancarte, j’ai fait un U turn pour aller lire ce qui était écrit dessus. Elle indiquait le nom d’une église avec des heures de célébration, c’est tout. Mais où était-elle, cette église ? Je ne la voyais pas. Il y avait juste un petit chemin qui disparaissait entre les arbres. Un chemin qui montait assez raide, par surcroit. Elle devait probablement se trouver quelque part par là. Mais était-elle loin ? Quelques mètres ? 2 km ? 10 km ?

 

Ça ne me disait absolument rien de m’enfoncer là-dedans. À cause de la côte, tout d’abord. Et aussi sans savoir à quelle distance elle était érigée. Et sans savoir, en plus, s’il se trouvait un shelter à ses côtés.

 

Mais allez comprendre pourquoi, encore une fois (mon instinct ? l’influence occulte de mon Ange gardien ?), toujours est-il que j’ai décidé d’aller jeter un coup d’œil. Mais pas trop loin. Si je ne la voyais pas au bout de cinq minutes, je rebrousserais chemin vite fait.

 

Curieusement, j’ai eu un drôle de feeling en m’engageant sur cette route (je vivais une journée à la « Silent Hill », n’oublions pas). Les paroles du type qui parle au début de chaque épisode de la vieille série Les Envahisseurs me sont spontanément revenues en tête. Ce type disait (en parlant de David Vincent) : « Pour lui, cela a commencé par une triste nuit, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva… »

 

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Elle m'est finalement apparue, cette fameuse église : au bout de 200 mètres, toute petite, blanche, isolée, accolée à un cimetière.

 

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Mais j’ai tout de suite vu qu’il n’y avait aucun shelter à cet endroit et que, par conséquent, j’avais fait chou blanc, et que j’en étais quitte pour retourner sur la route principale et reprendre ma quête initiale. Mais avant de repartir, comme je venais de monter une côte, j’ai fait une petite pause, histoire de souffler un peu.

 

Et c’est à ce moment que mon instinct, encore une fois (décidément), ou peut-être un murmure de mon Ange gardien, ou whatever, c'est là qu'une force m’a poussé à aller vérifier la porte. Et contre toute attente…

 

Elle était débarrée !

 

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Je suis entré. J’ai appelé :

 

Hé ho ? Y’a quelqu’un ?

 

Comme le silence était total, seul l’écho de mes appels m’a répondu :

 

Y’a quelqu’un… Quelqu’un… Qu’un...

 

Sur ma gauche, un escalier s’enfonçait dans les profondeurs des ténèbres. Je l’ai descendu en tâtonnant. En bas, j’ai buté contre une porte, que j’ai réussi à pousser. Elle s'est ouverte en craquant, comme celle de Séraphin. Dans la pénombre, et en tâtonnant toujours, j’ai fini par trouver un commutateur. Je l’ai actionné.

 

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Alors que je m’attendais à me retrouver à l’intérieur d’une sorte de crypte…

 

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… j’étais plutôt dans une toute petite et très jolie salle communautaire, avec tables, chaises, dessins d’enfants sur les murs, cuisine complète et salle de bain !

 

Ai-je besoin de préciser que j’ai décidé sur-le-champ que c’était ici que je m’arrêterais pour aujourd’hui ?

 

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Je suis néanmoins demeuré sur le qui-vive : les responsables de cette église pouvaient en effet arriver n’importe quand et me demander de déguerpir vite fait. Mais j’avais confiance.

 

J’ai eu un peu de misère à m’installer, par contre. Le problème était que le vestibule de l’église, en haut, était extrêmement étroit, qu’il y avait une dizaine de marches qui montaient à pic entre deux portes, et que celles-ci étaient très étroites elles aussi. J’ai fait ce que j’ai pu, mais j’ai dû finalement laisser mon Pout-Pout dans ce vestibule, incapable de le rentrer dans l’église comme telle. Par le fait même, j’ai dû également descendre tout mon bagage en bas en plusieurs allers-retours.

 

Un détail : dans ce vestibule, étant donné qu’il y avait des escaliers, un monte-escalier électrique pour personnes handicapées était aménagé là, contre le mur.

 

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Peut-être qu’on va rire de moi à ce moment-ci, mais je le dis quand même, au risque de perdre toute ma crédibilité : ce truc-là (un monte-escalier), moi, ça me fout complètement les jetons.

 

Mais je sais parfaitement d’où me vient cette peur irrationnelle…

 

Quand j’étais tout petit, j’ai écouté un film d’horreur en noir et blanc à la télé. Dans une des scènes du film, une jeune femme entrait dans une vieille maison (musique d’ambiance angoissante ici). Le silence était total (comme dans mon église, ce soir). Et tout à coup, elle a entendu un bruit provenant d’en haut des escaliers. Et elle a vu une vieille femme qui était assise sur un monte-escalier et qui s’est mis lentement à descendre. La vieille femme ne bougeait pas et elle ne parlait pas. Elle fixait simplement droit devant elle d’un regard de mort. Ça a pris une éternité avant qu’elle parvienne en bas. Pendant ce temps-là, la jeune femme, elle, en bas, a attendu en silence que l’autre soit rendue à destination, c’est-à-dire juste devant elle (musique d’ambiance angoissante qui s’amplifie ici). Une fois rendu là, le monte-escalier s’est arrêté, et cela a produit une petite secousse. C’était très minime, mais ça a suffi. Quelqu’un, en haut, avait vraisemblablement décapité la vieille femme, et il avait remis sa tête à sa place, sur le tronc, et il avait pesé sur le piton pour la faire descendre sur son monte-escalier. Comme la tête était très instable, lorsqu’il y a eu le léger choc dont je viens de parler, la tête est tombée par terre sous les yeux horrifiés de la jeune femme. Celle-ci a hurlé à la mort. Et moi aussi.

 

Depuis ce temps-là, chaque fois que je vois un monte-escalier comme celui-là, c’est plus fort que moi : mon cœur se crispe et je n’ose pas le regarder. Et c’est dans le sous-sol d’une église isolée dans la campagne profonde, à côté d’un cimetière, et avec un monte-escalier dans la place, que j’allais passer la nuit tout seul.

 

Qui dit mieux ?

 

Et pour en remettre une couche, à la tombée de la nuit, et pour prendre un peu d’air, je suis sorti quelques minutes à l’extérieur (en repassant devant le monte-escalier) et j’ai fait quelques pas autour de l’église.

 

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Et je suis retourné à l’intérieur (en repassant devant le monte-escalier) pour tenter de dormir.

 

Je me suis étendu par terre, sur mon matelas. Juste devant moi, il y avait un petit autel avec un crucifix et une Bible ouverte. Et allez donc savoir pourquoi, encore une fois (les voies de l’inconscient sont insondables), mais ces objets ont tout de suite évoqué certaines scènes du film L’exorciste dans ma tête… Notamment celle où la fillette se plante un crucifix dans le vagin en tournant sa tête à 180 degrés vers sa mère.

 

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Mais pas juste celle-là. Toutes les autres scènes aussi.

 

https://static.blog4ever.com/2016/03/816195/Chronique-24---Exorciste-1.jpg     https://static.blog4ever.com/2016/03/816195/Chronique-24---Exorciste-3.jpg     ETC...

 

J’ai préféré dormir avec une lumière allumée.

 

Nonobstant toutes ces pensées un peu macabres, j’ai quand même – et surtout – remercié mon Ange gardien d’avoir encore une fois résolu mon problème de fin de journée de façon aussi fantastique.

 

Et c’est comme ça, c’est-à-dire après toutes ces aventures bizarres survenues depuis mon départ de ce matin, que m’est venu le titre de cette chronique : Une journée à la Silent Hill.

 

Mais pour que ce titre mérite vraiment sa véritable signification, il aurait fallu que des zombis sortent des tombes qui se trouvaient juste de l’autre côté du mur et qu’ils envahissent ma cave.

 

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J’ai évidemment attendu que ça se produise.

 

En vain.

  

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LE 1ER JUILLET 2018 

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LA CAPSULE ENCYCLOPÉDIQUE

DES MAUDITS VENTS

 

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Le petit bourg de Centralia « était » situé en plein centre-est de la Pennsylvanie.

 

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Il s’est surtout développé à partir de la fin du XIXe siècle grâce à l’exploitation de quelques mines de charbon dont son sous-sol était riche. À l’apogée de sa prospérité, en 1890, la ville comprenait environ 2 800 habitants. Cette prospérité a toutefois commencé à péricliter en 1929 avec le krach boursier. L’extraction du charbon a néanmoins continué à suivre son cours tant bien que mal au cours des années suivantes. En 1950, la population s’élevait à environ 2 000 personnes. L’exploitation du charbon a cessé en 1960. En 1980, la population ne s’élevait plus qu’à environ 1 000.

 

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Un incendie d’origine incertaine s’est déclaré un jour de mai 1962 dans la galerie d’une ancienne mine abandonnée. Le feu s’est propagé à travers le reste des galeries sous la ville. On a tenté de l’éteindre, mais cela a été peine perdue, et l’on a un jour abandonné définitivement les efforts pour en venir à bout : « Tu veux brûler, mon homme ? » qu’on lui a dit. « Ben brûle pis va su’ l’diable ».

 

Ce qu’il a fait : continuer à brûler et aller s’l’diable, car il a transformé le sous-sol en véritable enfer.

 

La population n’a commencé à prendre conscience du danger qu’en 1979 lorsque des résidents ont découvert que le sous-sol de leur ville atteignait des chaleurs très au-dessus des normales de saison. Et puis, en 1981, un enfant de 12 ans est tombé dans une crevasse de 42 mètres de profondeur qui s’est ouverte sous ses pieds (il a pu être sauvé). Le gouvernement s’est alors penché sérieusement sur ce problème.

 

En raison des dangers que représentait cette situation (des émanations de vapeurs nocives, notamment), en 1983, le Congrès a voté des sommes pour la relocalisation des habitants de la ville. La grande majorité de la population a accepté les offres : 1 000 personnes ont été déplacées et 500 constructions ont été démolies.

 

Patriotes jusqu’au bout des ongles, les autres ont décidé de rester, considérant qu’il n’y avait pas de danger pour eux.

 

En 1992, le gouvernement a toutefois obligé les citoyens restants à quitter les lieux. Mais certains ont intenté des poursuites, qui n’ont d’ailleurs abouti à rien. En 2009, une procédure formelle d’éviction des derniers résidents a été mise en place. Et entretemps, en 2002, le Service postal américain a abandonné le code postal de la ville. 

 

Aujourd’hui, toute la population a été évacuée. Toute ? Non : une poignée d’irréductibles Centraliens résistent encore et toujours à l’expropriation.

 

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Le recensement de 2010 indiquait que la population de Centralia s’élevait alors à 10 personnes.

 

Les structures encore debout aujourd’hui sont : 6 maisons, 1 église (qui officie apparemment toujours chaque dimanche), 1 bâtiment municipal et 4 cimetières.

 

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Le feu fait rage depuis plus de 55 ans, maintenant. Il gagne apparemment quelque chose comme 15 mètres par année. À cette vitesse, il ne devrait pas s’éteindre avant 250 ans d’ici.

 

La première fois qu’on entend parler de ce phénomène, on s’imagine un immense brasier tel qu’on est habitué d’en voir à la surface (les incendies de forêt, par exemple). Ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe en réalité. Le charbon brûle un peu comme les morceaux de charbon de nos charcoils. Il n’irradie aucune flamme. Mais les chaleurs n’en demeurent pas moins terribles. 

 

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Centralia n’est pas la seule mine de charbon en feu à travers le monde. Il en existerait apparemment des milliers – alimentant ainsi notre atmosphère en monoxyde de carbone – et dont la plupart seraient situées en Chine.

 

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La ville de Centralia attire beaucoup de curieux aujourd’hui (dont également quelques comiques), les touristes n’hésitant pas à se promener allègrement à travers les quelques routes qui sont fissurées à cause de l’activité souterraine.

 

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30/11/2018
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