Les maudits vents

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(19) 20 juin 2018 - West Virginia : wild and wonderful

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3 000 km avec une poussette (ou ma longue marche en solitaire dans les USA)

Chronique # 19 – West Virginia : wild and wonderful

Mercredi soir, le 20 juin 2018

Mill Creek (Virginie-Occidentale, USA), Valley View Motel (Seneca Trail)

 

Je vois souvent des écriteaux sur le bord des routes de la Virginie-Occidentale qui disent ceci :

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Pour ceux qui ne parlent pas l’anglais, « wild and wonderful », ça veut dire : « sauvage et merveilleux ». Et je confirme que ce ne sont pas des vantardises pour amadouer les touristes. Sauvage et merveilleux, ça l’est effectivement. Et pas rien qu’un peu.

 

Le problème, c’est que je ne suis pas en mesure d’apprécier ce slogan à sa juste valeur. Et pour tout dire, je ressens une sorte de paradoxe « amour / haine » à l’égard de cet état des États-Unis. Je m’explique…

 

Normalement, je m’extasierais instantanément face à toute cette magnifique nature. Je jouirais à fond. Je tenterais d’en imprégner tous les pores de ma peau. Mais il y a un hic. Le hic, c’est que je marche à une moyenne de 50 km par jour, que j’ai les pieds en compote, que les côtes à pic me font consommer une somme considérable d’énergie, que c’est désertique, et que les points de ravitaillement sont rares. Alors, tous ces beaux paysages wild and wonderful me sont autant hostiles qu’ils m’apparaissent féériques. Et c’est vraiment dommage.

 

Malgré tout ça, j’éprouve quand même, la plupart du temps, une sorte de fascination par ce qui m’entoure : les tableaux extraordinaires, les montagnes, les vallées, les nombreux chevreuils (wondeerful) que je rencontre tous les jours et qui prennent la poudre d’escampette en m’apercevant…

 

J’espère d’y revenir en auto un de ces quatre. La Virginie-Occidentale (du moins, la région que je suis en train de traverser), c’est sans conteste – et malgré tout – mon coup de cœur jusqu’à maintenant.

 

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Mais je poursuis la suite de ce périple en rewindant jusqu’à hier matin, mardi, le 19 juin. Une journée qui a été un peu « épeurante », disons…

 

Mardi, le 19 juin 2018

 

Je n’ai pas fait gaffe…

 

J’ai pourtant passé devant une station-service ouverte à Alvon, dès mon départ. Mais je n’ai pas arrêté, me disant que j’avais assez de ravitaillement pour me rendre à la prochaine. Ça a été une erreur.

 

J’étais peut-être trop optimiste, en fait. Côté température, la journée s’annonçait pas pire : c’était frais pour l’instant, et le ciel était nuageux, mais pas trop. Pis je me sentais en forme. J’ai même décidé que je tenterais de pousser la machine à fond en faisant le plus de kilométrage possible : en dépassant Minnehaha Springs (44 km), genre, dépendamment comment se déroulerait le trajet. Alors go vers l’avant, et haut les cœurs encore une fois !

 

Mais comme je le mentionnais, je n’ai pas été prudent sur ce coup-là. J’avais pourtant remarqué que la région était « wild » (comme dans la pub). Mais je n’en avais pas pris la pleine mesure, faut croire.

 

Entre mon point de départ et Minnehaha Springs, il n‘y avait qu’un seul village, Neola, où je comptais acheter quelques trucs à me mettre sous la dent. Mais Neola ne s’est finalement avéré qu’une agglomération de masures décrépites et de maisons mobiles. Et il n’y avait aucune station-service ni aucun food market.

 

« Bah », que je me suis dit. « Qu’à cela ne tienne, il se trouvera nécessairement une station-service sur le bord de la route, quelque part plus loin… » Et j’ai continué mon chemin sans trop encore m’en faire.

 

Mais de station-service, il n’y en a pas eu… Ce qui était vraiment surprenant. J’avais traversé bien des contrées désertiques depuis le début de cette marche (au Mississippi et en Alabama, notamment), mais il s’en était toujours trouvé au moins une à de quelconques intersections. Mais ici, rien… Nothing, nada, nichts, nichego…

 

Vers le milieu de la matinée, j’ai commencé à m’inquiéter pour de bon. Je n’avais plus rien à manger, et il ne me restait qu’un peu de liquide. Il a fallu que je consente à me rationner (ça faisait une éternité que ça ne m’était pas arrivé), en espérant que je pourrais me ravitailler au prochain village, Minnehaha Springs – qui était quand même assez éloigné.

 

Pour en rajouter, avant de parvenir à ce bled, j’ai dû me réfugier (juste à temps, comme d’habitude) sous le toit d’un vieux hangar délabré, au milieu de nulle part, car une averse m’est tombée dessus. Et j’ai poireauté là pendant une grosse demi-heure.

 

Minnehaha Springs s’est finalement avéré un trou aussi perdu que Neola : quelques maisons, dont certaines étaient carrément abandonnées…

 

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Et aucun commerce de ravitaillement… Ayoye ! Ça allait p’us ben pantoute…

 

J’avais 44 km au compteur et il ne me restait que deux petites bouteilles d’eau – que j’aurais terminées en deux gorgées si je ne m’étais pas retenu. Et même si j’avais voulu m’arrêter ici, je ne voyais aucun endroit où installer mes pénates. Ce lieu désolé ne m’inspirait d’ailleurs rien du tout.

 

Alors, même si le prochain village (Dunmore) se trouvait à une trentaine de km, j’ai décidé de continuer en faisant confiance à mon ange gardien qui, comme d’habitude, me sortirait probablement de cette situation, et de façon satisfaisante. Je me suis aussitôt mis dans cette attitude de recueillement qui m’était maintenant de plus en plus familière. Et go vers l’avant.

 

Remarquez qu’au pire-aller, j’aurais pu frapper à une porte et demander l’aumône de quelques gouttes d’eau, mais avant d’en arriver à cette extrémité, je préférais me débrouiller par moi-même. J’ai un peu la tête dure, oui…

 

J’ai marché ainsi pendant une vingtaine de km supplémentaire sans rencontrer le moindre commerce. C’était vraiment désespérant, et je commençais réellement à tirer de la patte.

 

Et tout à coup… TOUT À COUP… Qu’ai-je vu en émergeant d’une forêt en plein milieu de nulle part, et sans que je ne m’en attende une seconde ?

 

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Une église ! Mais SURTOUT : un picnic shelter !

 

Yes ! Wonderful !

 

Et la cerise sur le sundae, c’est qu’il y avait une auto stationnée dans la cour. Ce qui signifiait que je pourrais probablement obtenir tout de suite la permission d’y rester.

 

La voiture appartenait à l’homme à tout faire de la place (Joe), un jeune homme au visage très doux et d’emblée sympathique.

 

Lisez bien la suite…

 

Joe m’a immédiatement donné la permission de m’installer sous le shelter. Il m’a en outre permis de profiter de la salle de bain de l’église pour me laver en même temps qu’il continuerait son ménage. Pendant que je déballais mes affaires sous le shelter, il a appelé le pasteur pour lui expliquer la situation. Lorsqu’il a eu terminé, il est venu me rejoindre, tout découragé, pour me dire que le pasteur me laissait dormir dans le shelter, mais il ne voulait pas que j’utilise la salle de bain

 

Hein ? Sérieux ? C’est ben bizarre, ça… Ben coup donc…

 

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Joe a sans doute vu ma mine un peu déconfite, car il a levé les yeux dans les airs en voulant dire : « Mais qu’est-ce que ça peut ben faire, finalement, qu’il utilise la salle de bain pendant une quinzaine de minutes ? C’est parfaitement ridicule. » Et faisant fi de la consigne qu’il avait reçue, il m’a laissé entrer de sa propre initiative. En plus de ça, il a fouillé dans les frigos, et il m’a donné quelques trucs à manger et (surtout) à boire. Avant de s’en aller, il est venu jaser avec moi pendant une bonne demi-heure. Nous avons placoté de tout et de rien.

 

Je l’ai remercié je ne sais pas à combien de reprises pour sa gentillesse. C’était la 2e fois que j’avais affaire à un concierge plus « chrétien » que son pasteur (la 1ère fois étant en Géorgie, j’en avais glissé un mot). Emmenez en tant qu’il y en a, des braves gens comme ça, je les prends tous !

 

Et c’est de cette manière que ma journée s’est finalement terminée : lavé, un peu rassasié, et me reposant à l’abri, dans un shelter avec lumière et électricité. Quand je disais que tout s’arrangeait toujours de façon satisfaisante…

 

Merci, ange gardien !!

 

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Seul bémol : les conditions météo étaient à la pluie, ce soir-là. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas (réellement) plu, d’ailleurs. Étais-je dû pour la subir bientôt ? Le lendemain, peut-être ?

 

Mais chaque chose en son temps. Pour le moment : dormir. J’avais quand même marché 63 km aujourd’hui, sur une route passablement accidentée, et en rationnant dangereusement ma nourriture et mon liquide ! Mon corps supportait vaillamment mes exigences, mais fallait tout de même pas exagérer.

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Mercredi, le 20 juin 2018

 

Toute une journée que celle-là… Tout autant éprouvante physiquement qu’en sachant la façon « magique » qu’elle s’est terminée…

 

Elle a commencé d’une belle façon, en tout cas… Pendant que je préparais mon Pout-Pout, un chien-chien est venu me dire bonjour.

 

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Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à Alabama et à Georgia qui m’avaient spontanément suivi toutes les deux voilà quelques semaines de cela maintenant. Mais il n’a pas fait mine de vouloir m’accompagner, celui-là. Il est venu près de moi pour se faire caresser pendant quelques minutes, et il est reparti dans le bois, d’où il était apparu…

 

Bon, go vers de nouvelles aventures, encore une fois. C’était le jour où j’allais boucler le détour suggéré par Carl voilà quelques jours. Depuis que j’avais emprunté cette route, j’avançais parallèlement à la 219, c’est-à-dire celle qui, parait-il, m’aurait donné du fil à retordre du point de vue des montagnes à traverser. Le danger des grosses côtes étant apparemment passé, je la rejoindrais avant la fin de la journée – si tout se déroulait bien, évidemment – et je reprendrais ainsi mon chemin initial.

 

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Mais fallait pas que je niaise…

 

Joe m’avait dit que je pourrais me ravitailler dans la ville de Green Bank, ce qui représentait une trotte d’une quinzaine de kilomètres. Ça s’est bien fait, malgré la faim qui me tiraillait toujours. Une fois là, j’ai pris le temps de me goinfrer et de refaire le plein de mon Pout-Pout en victuailles – et en espérant avoir eu ma leçon avec mon expérience de la veille.

 

À ce propos (la nourriture), que l’on me permette ici encore une fois une petite parenthèse…

 

Hier, justement, pendant que je me lavais dans la salle de bain de l’église, il y avait un miroir au-dessus du lavabo, et en m’observant, j’ai tout à coup pris conscience de mon image – qui n’était pas belle du tout à voir. Mazette ! Ça a été tout un choc.

 

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Je savais pourtant que j’avais maigri, mais là, je constatais tout à coup jusqu’à quel point : de par l’ossature de mon crâne, notamment. Je me suis tout de suite fait penser aux photos des rescapés des camps de concentration nazis que l’on voit dans les livres. Avec mes cheveux presque rasés, la ressemblance était frappante…

 

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Et j’ai eu un peu peur, je l’avoue. Mais d’un autre côté, j’ai tenté de me rassurer en me disant que si je souffrais réellement de malnutrition, ça paraitrait sûrement, non ? Je manquerais d’énergie, notamment. Mais concrètement, je faisais quand même mes journées, comme au début de mon périple, sans malaises particuliers. Alors, quoi ?

 

Un peu weird, tout ça…

 

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Bref, je suis reparti de Green Bank après m’être enfin restauré pour la peine. Et je suis arrivé à Durbin sans trop de mal (environ 36 km de mon point de départ du matin).

 

Durbin est une petite ville pittoresque (et touristique) nichée au creux d’une vallée. Sa rue principale est jalonnée de terrasses.

 

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Sa réputation lui vient de sa gare d’où part un vieux train d’époque – The Durbin Rocket – qui donne des rides le fun aux touristes qui veulent visiter la région de façon originale.

 

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À Durbin, j’ai eu l’intuition que l’allure de ma promenade était tout à coup sur le point de se modifier – en plus difficile. Cette idée m’est venue, je ne trop comment : en regardant les montagnes autour de moi, peut-être. Mais surtout en sachant que j’allais passer d’une vallée à une autre pour rejoindre la 219. Et normalement, quand on traverse d’une vallée à une autre, on le fait via un col.

 

Mon intuition était bonne…

 

Une serveuse dans un restaurant me l’a confirmé. La jeune fille m’a appris qu’une joyeuse côte s'envolait vers le ciel juste à la sortie de cette ville. Et que je m’en taperais une qui descend grave un peu plus loin.

 

En fait, la route qui m’attendait était celle-là :

 

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J’avais déjà fait quelque chose de semblable en Virginie. Je savais donc que ce serait dur, mais que je réussirais. L’affaire c’était que j’avais 36 km dans le corps depuis le matin, et que pour me rendre à Mill Creek, de l’autre côté de ce col, j’en avais encore presque autant à me taper (33), et dans de pires conditions. Et il ne serait pas question de m’arrêter avant la fin, car il ne se trouvait absolument rien entre les deux : seulement que du bois.

 

Mais il n’était que midi. Je ne pouvais pas rester ici jusqu’au lendemain. Ça aurait été une grosse perte de temps – que j’aurais regrettée.

 

Alors go.

 

La pente se trouvait effectivement là, comme prévu. Et ça n’a pas été long que j’ai été pris de découragement. À la vitesse que j’avançais, et à la longueur que cette côte avait, je me disais que je n’arriverais jamais à Mill Creek avant la tombée de la nuit.

 

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Mais j’ai persévéré – pas le choix. Et je suis arrivé en haut. Tout mouillé de sueur, certes, tout courbaturé, certes aussi, mais c’était terminé pour cette portion-là de l’obstacle.

 

Le plateau m’a permis de récupérer mes forces. Et je suis finalement parvenu au moment où il fallait redescendre : « 9 % » était-il annoncé…

 

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Photo Google Street View prise en novembre

 

Comme l’autre fois, en Virginie, ça a été aussi difficile de descendre que de monter. Mais le mal, bien sûr, ne se faisait pas sentir aux mêmes endroits. Pour un vieux comme moi, qui doit retenir à bout de bras un Pout-Pout de plusieurs kilos, en descendant, c’est le dos, les épaules et (surtout) les genoux qui en prennent un coup.

 

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Mais je suis encore parvenu à le faire. J’ai l’air d’avoir accompli un formidable exploit, comme ça, mais c’était pas si pire, au fond. Ce n’était pas le col de l’Alpe d’Huez, quand même…

 

Et à partir d’une certaine distance, le pire était derrière moi : il ne me restait plus qu’à me laisser descendre en douceur jusqu’à Mill Creek. Ce n’était plus qu’une question de temps avant que j’y arrive.

 

Mais c’était sans compter sur un nouvel incident…

 

Je me trouvais environ à 5 km de ma destination quand j’ai vu un immense ciel noir à l’horizon, juste devant moi. Et je me dirigeais drette vers lui.

 

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Il paraissait évident comme le nez dans la figure que l’orage s’abattrait sur moi bien avant que je parvienne à mon but. Mais j’ai quand même continué. J’ai même accéléré le pas… Un peu débile, je sais. Qu’est-ce que je pensais, au juste ? Qu’en allant vite, je réussirais à passer en dessous du nuage avant que la pluie se mette à tomber ?

 

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Mais une force me poussait littéralement vers l’avant. Je n’avais pas d’autres choix, de toute façon. Je n’avais aucun endroit où me réfugier. Pis en même temps que j’avançais à la limite du jogging, je me suis mis de nouveau à invoquer mon ange gardien pour qu’il me sorte de ce pétrin.

 

Et tout à coup…

 

Et tout à coup, au détour d’une route, à environ 300 mètres devant moi, est apparu… Un shelter !

 

Ben oui : un shelter dans un champ, tout seul, perdu comme un bon.

 

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Je n’ai pas pris le temps de m’extasier devant cette chance inouïe. Je me suis plutôt demandé si j’aurais le temps d’arriver jusqu’à lui avant que la flotte me dégringole dessus. C’était pas du tout gagné. Je me suis mis à courir comme un sprinter du 100 mètres.

 

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La pluie a commencé lentement à se faire sentir alors que je me trouvais juste en face de l’abri, mais un large champ m’en séparait encore.

 

J’ai jugé que ce serait beaucoup trop long de prendre le chemin qui menait à lui. Alors vlan ! Au risque de casser mon Pout-Pout, je me suis garroché à travers le champ en filant toujours comme un cheval au galop.

 

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Ça faisait pekling-peklang, et à chaque pas que je faisais, j’étais certain que le contenu de mon Pout-Pout foutrait le camp par-dessus bord – mais, par miracle, ça a tenu bon.

 

Et je me suis engouffré sous le shelter à la seconde près, encore une fois, où l’averse s’est mise à tomber en cataractes. J’étais sain et sauf – et sec ! (en tout cas sec de pluie)

 

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Mais ce n’est pas terminé. Lisez bien la suite. On mettrait ça dans un film, pis les gens diraient que c’est arrangé avec le gars des vues…

 

Je suis resté là une bonne demi-heure à l’abri de l’orage qui déferlait comme l’enfer tout autour de moi.

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Ça a fini par se calmer un peu, mais il semblait évident que la pluie ne cesserait pas, elle, avant un sacré bout de temps ; qu’elle durerait même toute la nuit, peut-être.

 

Un peu plus tard, des gens sont arrivés tranquillement pas vite. J’ai oublié de dire que le shelter était érigé juste à côté d’un terrain de baseball. Et il y avait vraisemblablement une game, ce soir. Les gens qui arrivaient étaient les enfants-joueurs avec leurs parents. Étant donné que la pluie tombait toujours, certains demeuraient dans leurs autos, d’autres s’agglutinaient sous le shelter. Ils parlementaient à savoir s’ils allaient annuler l’activité à cause de la météo.

 

Parmi les gens autour de moi, un jeune homme est venu me jaser ça. Je lui ai raconté mon histoire. Et il s’est grandement intéressé à mon cas. Il m’a demandé où je comptais dormir. Je lui ai répondu que, étant donné la pluie, je monterais probablement ma tente ici même, sous ce shelter, une fois que tout le monde serait parti.

 

Sans rien me dire de plus, il est parti discuter avec quelqu’un dans une des autos : un type imposant et barbu. Après 5 minutes, il m’a fait signe de les rejoindre. Il m’a présenté à l’homme, qui s’appelait Nick Taylor.

 

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Je n’ai pas trop compris ce qu’il représentait au juste (Internet mentionne qu’il est un « leader » de la ville de Mill Creek), mais il était apparemment en relation avec une église quelconque dans la région. Toujours est-il qu’après avoir bavardé avec moi pendant quelques minutes, il a pris son téléphone et il s’est mis à parler à quelqu’un.

 

Savez-vous ce qu’il faisait ?

 

Il me réservait une chambre de motel à Mill Creek !!

 

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Ben oui… Et comme je protestais (il était quand même question de fric dans cette histoire), et que je lui disais que je m’installerais sans problème, ici, sous le shelter, que j’étais habitué de dormir de la sorte, et que blablabla, il m’a répondu de ne pas m’en faire, car c’était son « ministère » qui m’invitait.

 

Exactement comme ça m’était arrivé à Thomasville, en Alabama, avec le pasteur Russell Brown…

 

La suite s’est enchainée à la vitesse de l’éclair. Il y a eu, dans l’ordre :

 

- un million de remerciements de ma part

- la réquisition d’un des parents qui possédait un pick up

- le chargement de mon Pout-Pout dans la boite du pick up

- le transport jusqu’à Mill Creek

- et le dépôt de nos carcasses (la mienne et celle de Pout-Pout) juste devant le Valley View Motel…

 

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Il s’en est ensuivi une douche chaude, un Skype avec ma Domi, et un dodo dans un lit, au sec, pendant que l’averse tombait toujours à l’extérieur (je l’entendrai tomber toute la nuit).

 

Quoi ?

 

Hein ?

 

Pardon ?

 

Les anges gardiens n’existent pas ?

 

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PS) Mon kilométrage d’aujourd’hui :

 

À pieds : 64,5 km (une belle trotte, quand même)

En pick up : 5 km

Total : 69,5 km

 

Ça avance, ça avance…

 

 

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MARDI 19 JUIN ET MERCREDI 20 JUIN 2018

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Lisez le prochain épisode

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Présentation du projet

 

La liste de tous les épisodes de cette aventure est ici

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06/11/2018
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