2015-10-25 --- Excursion à l'Îlot Maître
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De : Yvan – Nouméa
Date : dimanche, 25 octobre 2015
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Autre semaine, autre genre d’aventure. Après l’escalade à pic des montagnes de la Nouvelle-Calédonie, nous avons entrepris cette fois-ci une randonnée de kayak dans le vaste océan de la mer de Corail. Destination : l’îlot Maître, petite île paradisiaque située à 4 ½ km, en ligne droite, au large de Nouméa. Son qualificatif « d’îlot » est d’ailleurs très d’adon, car il ne fait que 800 mètres de long par à peine une centaine de mètres dans sa partie la plus large. Regardez la photo annexée Ça fait rêver, non ?
Ça faisait longtemps en tout cas que nous voulions nous rendre à cet endroit. Mais les forts vents qui soufflaient sur la Nouvelle-Calédonie depuis un certain temps nous en avaient toujours empêchés. Cette semaine, les conditions s’étaient enfin rangées de notre bord : pour hier, samedi, miss Météo annonçait une légère brise matinale, et des vents d’environ 7 km/hre du sud-est en après-midi ; pour une température d’environ 28o. Les planètes semblaient donc enfin alignées pour ce genre d’escapade. Alors, go !
L’îlot Maître est une destination extrêmement touristique du fait qu’un hôtel de luxe en occupe la majeure partie de sa superficie. Ce qui ne cadre pas vraiment, je sais, avec notre réputation d’Indiana Jones en herbe. Mais qu’à cela ne tienne : je m’étais dit que le fait de nous y rendre en frêle esquif, et en bravant vents et marées, nous donnerait sans doute quand même l’impression de vous faire vivre une extraordinaire aventure. Vous me direz ce que ça a donné, OK ?
Bon d’accord…
Mais aventure tant que tu voudras, se hasarder en pleine mer en kayak demande quelques précautions de base ; surtout pour le nageur que je ne suis pas pantoute. Alors, les premières pièces d’équipement à avoir été inscrites en haut de notre check-list ont été les vestes de sauvetage, que nous avons pris soin d’enfiler avant de mettre les embarcations à la mer sur la plage de l’Anse Vata, à 9h15.
Pour se rendre à l’îlot Maître, il faut préalablement passer par l’îlot Canard qui se trouve, lui, dans la baie, à 1 ¼ km de notre point de départ – c’est-à-dire environ 20-25 minutes de coups de pagaie. On peut évidemment s’y arrêter si on veut, mais nous avons préféré continuer sur notre lancée. Nous sommes passés à une cinquantaine de mètres à l’ouest. À cette heure des poules, il n’y avait pas encore grand-monde sur le minuscule monticule. Mais la plage ne tarderait pas à être bientôt envahie par les Nouméens. L’îlot Canard est toujours bondé de monde durant les week-ends. Tout juste si elle ne s’effondre pas sous le poids de tous ses visiteurs.
À ce moment-là, il nous restait encore 75 % du trajet à effectuer. Ce que nous avons fait tranquillement pas vite, en ramant pout-pout et en nous arrêtant pour prendre des photos clic-clic. La mer était très calme à certains endroits ; les bateaux hors-bords nous donnaient néanmoins quelques feelings en produisant des vagues ; les voiliers et les catamarans ajoutaient une touche poétique ; et quelques stand up paddles déambulaient sur le même trajet que nous.
Parlant des stand up paddles… Chaque fois que je les vois, eux autres, au large, je ne peux pas m’empêcher de les trouver excessivement téméraires. Ils sont là, debout là-dessus, loin des côtes, et sans veste de sauvetage ! Un peu ding-dong, non ? Paraît justement qu’il y a eu un drame voilà quelque temps : une jeune fille était partie comme ça, sur ce genre d’embarcation, en solitaire, pour une petite balade dans la baie. Son stand up paddle a finalement été retrouvé flottant à la dérive. Et en ce qui la concerne, elle, elle a complètement disparu de la mappe. Son corps a probablement été bouffé par les requins depuis le temps. Mais ça n’a pas eu l’air de traumatiser personne. M’enfin…
Environ 600 mètres avant de parvenir à destination, nous nous sommes retrouvés à marée basse sur le platier de l’île. Un platier, c’est un haut-fond marin, à peine immergé, le long d’une côte.
Ici, le platier de l’îlot Maître couvre une très grande superficie : il est des dizaines de fois plus étendu que son île – voir la carte annexée. Étant donné qu’il y avait très peu d’eau, nous avons failli nous échouer plusieurs fois bien avant de nous rendre à destination. Mais le travail de navigation en a valu amplement la peine. Mazette !
L’eau était purement translucide et les coraux étaient visibles presque partout à moins d’un mètre de profondeur en moyenne. Mais il n’y avait pas seulement que les coraux. Nous avons également eu la chance de voir passer quelques petites bêtes qui m’ont fait littéralement triper.
Entre autres, il y a un poisson « aiguillette » qui est passé juste devant moi, comme un malade – vroom ! –, à toute vitesse, en rebondissant sur la surface de l’eau comme une roche plate qu’on aurait lancée en la faisant ricocher. Nous avons aussi aperçu quelques tortues de mer, ainsi qu’un « requin à pointe noire ». Oui, m’sieurs-dames, vous avez bien lu : un requin ! Il est passé à quelques mètres de nous avec son aileron fendant la surface, comme dans les films. Mais le clou de cette petite virée a été le passage d’une raie d’environ un mètre de diamètre qui s’est laissé photographier et filmer avant de prendre la poudre d’escampette à cause d’une trop grande insistance de notre part.
Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de photographier ni le requin ni les tortues… Et encore moins l’aiguillette F-18 ! Dommage, hein ? Mais je vous mets néanmoins ici quelques clichés des bibittes en question, que j’ai pris sur Internet, juste pour vous montrer la chance que nous avons eue de voir ça pour vrai – et pour vous tirer un peu la pipe…
Et après quelques multiples détours à travers les coraux, nous sommes enfin parvenus à tirer nos embarcations sur la terre ferme de l’îlot Maître, but de notre expédition. Il était 11h10. Pas si mal, tout compte fait.
L’îlot Maître s’étire du nord au sud. Du côté est, il y a une longue plage où l’on ne voit pas grand monde se promener. Par contre, tout le côté ouest est pratiquement occupé par l’hôtel Escapade. Et c’est là, de ce fait, qu’est agglutinée toute la faune touristique.
L’hôtel offre des petits bungalows qui sont érigés entre les arbres ou directement sur la mer (sur pilotis). Pour ceux qui aiment le luxe, c’est apparemment le pied, pourvu évidemment que vous soyez prêt à sortir vos bidous. J’ai pris la peine de vérifier pour vous autres, au cas où… Durant la semaine, un « bungalow-jardin » (sur la terre ferme) se loue à 225 $ (150 €) la nuit. Un « bungalow-plage » est offert à 290 $ (200 €) ; tandis qu’un « bungalow sur pilotis » – tenez-vous bien – est à 610 $ (420 €) la nuit ! Je n’ose même pas vous dire les prix durant le week-end… En sachant cela, ça vous tente toujours, un week-end romantique sur l’îlot Maître ?
En faisant le tour de l’île à pied, un hélicoptère médical a soudain atterri sur la plage, juste devant nous. Le personnel a aussitôt débarqué pour secourir d’urgence un type qui venait tout juste de se blesser ou qui avait subi un gros malaise. Lorsque nous sommes passés à côté, on s’affairait à lui donner les premiers soins avant de l’évacuer.
Pour ma part, en bon journaliste touristique que je suis, j’ai pris quelques photos-chocs de la scène – car j’ai toujours l’espoir de gagner le prix Pulitzer, un jour. Parmi les gens qui se trouvaient autour de la victime, j’ai cru entendre quelqu’un qui m’a traité de « tordu ».
— Ben quoi ? que j’ai eu envie de répondre. Je suis chroniqueur-photographe-reporter pour des dizaines de lecteurs qui attendent avidement mes récits. Je fais mon boulot, c’est tout !
Cela dit, je vous les envoie, ces photos, chez lecteurs avides de mes récits. Je me sens presque comme un correspondant de guerre. Ha !
Après avoir fait le tour de notre île, nous avons trouvé un petit spot peinard à l’ombre d’un arbuste, devant la mer, pour déguster le lunch que nous avions apporté. Nous en avons profité pour observer distraitement les oiseaux de la place. Si j’étais un ornithologue, je m’en donnerais d’ailleurs à cœur joie d’étudier toutes ces espèces qui traînent par ici. Mais je ne suis pas plus un ornithologue que je ne suis un horticulteur. Je sais que je passe ainsi à côté de bien des espèces d’oiseaux, de plantes et d’arbres extraordinaires sans même avoir conscience de ce que je manque, mais que voulez-vous ? Chacun son métier…
Bon, c’est pas tout, ça. Fallait maintenant penser à retourner sur la terre ferme. Nos kayaks n’avaient heureusement pas été volés pendant notre absence ; ni les quelques pièces d’équipement que nous avions glissées dessous.
Pour revenir, nous sommes passés directement sur le platier, en ligne droite. Il n’y avait pas de risques de s’échouer, ce coup-ci, car la marée avait recommencé à monter.
On n’a pas vu d’autres belles grosses bibittes de mer, par contre. Sans doute parce que nous ramions trop vite. En fait, nous avions hâte d’arriver : le soleil tapait fort et il commençait à faire chaud en ‘tit péché d’Hérode. La mer n’était pas aussi limpide que le matin. De sorte qu’il y avait beaucoup de houle. Vers la fin, c’était rendu un peu galère pour les bras.
La petite bière de rentrée a été bonne.
À une prochaine fois
Yvan
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