2014-03-13 --- Les Nouméens s'entraînent fort
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De : Yvan – Nouméa
Date : jeudi, 13 mars 2014
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Êtes-vous en forme ? Vous avez intérêt à l’être pour ma chronique d’aujourd’hui. Car ce coup-ci, je reviens sur ma thématique des sportifs de Nouméa. Je spécifie « de Nouméa », car j’ignore si les sportifs de la brousse sont aussi sportifs que ceux de la capitale. Ça m’étonnerait parce qu’ici, en ville, ils sont sportifs en tabarnouche. C’est dur à battre.
Vous vous souvenez que je vous avais parlé des sportifs nautiques. Aujourd’hui, je vais passer aux sportifs terrestres de plein air, qui semblent tout aussi nombreux que les précédents. À moins que ce soient les mêmes personnes... Pourquoi pas, après tout ? Rien ne l’empêche...
Le sport terrestre, ici, à Nouméa, ça se déroule le long des baies ; et plus spécifiquement à un endroit particulier : sur la Promenade Pierre Vernier. Pas seulement là, bien sûr. Mais surtout là.
Voici d’ailleurs ci-dessous les endroits, par ordre d’importance de densité de sportifs au mètre carré, où on peut voir les Nouméens s’épivarder :
Sur la Promenade Pierre Vernier
Sur le tronçon de la Promenade Roger Laroque qui donne sur la baie de l’Anse Vata
Sur le tronçon de la Promenade Roger Laroque qui donne sur la baie des Citrons
Sur les rues Jules Garnier et Général de Gaule qui donnent sur la baie de l’Orphelinat
Sur le Ouen Toro
Dispersés ailleurs en ville
Comme je disais, la Promenade Pierre Vernier est sans contredit l’endroit de rendez-vous d’une grande partie des sportifs terrestres de Nouméa. Et ils y sont davantage concentrés vers la fin de l’après-midi : entre 17h00 et 19h00, tous les soirs – juste avant qu’il fasse noir.
Il faut dire qu’elle est jolie, cette promenade. Elle longe la baie Sainte-Marie, à l’est de la ville, sur une longueur d’environ 5 km. Elle comporte une piste cyclable asphaltée et (dépendamment des endroits) deux allées en terre battue pour les piétons et les joggeurs ; le tout bordé de palmiers...
La piste cyclable en asphalte est réservée – en principe – aux sportifs qui roulent : skates, patins à roues alignées et vélos. Mais beaucoup de marcheurs et de joggeurs l’empruntent aussi – dont votre humble serviteur, je m’en confesse – et ce, sans égard aux écriteaux qui disent de ne pas faire ça, et au chiâlage des cyclistes qui sont obligés de faire du slalom.
Mais commençons pas le commencement ; c’est-à-dire par les activités les moins populaires des sportifs terrestres nouméens, en s’en allant vers les plus évidentes...
Les sportifs terrestres nouméens skatent (prononcez skéte)...
Est-ce que c’est un verbe ça, skater ? Anyway, autrement dit, ils font du skate (skateboard) ; aussi appelé planche à roulettes, ou (mot ringard) rouli-roulant...
Il n’y en a pas beaucoup, par contre. Mais peut-être que les jeunes se tiennent ailleurs, remarquez – et je dis « jeunes », car le skate est un sport de jeunes, on s’entend ? Pour les jeunes qui s’y adonnent, donc, les Promenades le long des baies sont peut-être considérées comme des endroits de vieux croulants, et ils sont peut-être gênés de s’y faire voir. En tout cas, ce ne sont pas eux qui envahissent la place. Mais il y en a quand même un peu. C’est pour ça que j’en glisse un mot.
Les sportifs terrestres nouméens patinent...
Ils patinent, OK, mais ils ne patinent pas fort fort... Comme pour les skateurs, les patineurs à roues alignées ne sont pas très nombreux, ici. Ils l’ont déjà été plus que ça, apparemment ; mais aujourd’hui on n’en voit plus guère.
C’est comme chez nous, en fait. Ça a été une grosse mode, vous vous rappelez, voilà de trois à sept ans environ ? Eh bien, j’avais remarqué l’an passé que les patineurs avaient beaucoup diminué en nombre sur la piste cyclable de Trois-Rivières. Avez-vous remarqué ça, vous aussi, dans vos patelins respectifs ?
Les sportifs terrestres nouméens pédalent...
Ça, c’est une grosse déception....Pas déçu des cyclistes. Non, non... Je parle des pistes...
Déception dans le sens que la ville de Nouméa est très loin d’être à l’avant-garde des pistes cyclables. En fait, et à moins que je me trompe, il n’y en a qu’une : la promenade Pierre Vernier. C’est pauvre...
Si les cyclistes veulent rouler le long des autres baies, ils doivent partager le trottoir avec les piétons (ce qu’ils ne font pas), où rouler carrément dans la rue avec les autos (ce qu’ils font, en prenant beaucoup de place). Et dans le reste de la ville, ben là ils s’y aventurent à leurs risques et périls, car les rues sont tortueuses, étroites et passablement achalandées, et selon toutes vraisemblances, rien n’est aménagé pour eux-autres.
Je vois passer des « vrais cyclistes », des fois. C’est-à-dire des cyclistes à vélos hyper méga full performants, aux cuissards pour faire le tour de France tout confort, aux gilets moulants signés en grosses lettres néon fluo, aux lunettes de soleil flash méga chrome miroir bionique, et aux casques extraterrestres aérodynamiques permettant de gagner un dixième de seconde sur un circuit de 100 km... Bref, j’en aperçois quelquefois, de ces cyclistes-là, seuls ou en groupe, sur la Promenade Vernier et sur la Promenade Laroque, penchés sur leur guidon, fonçant tête baissée vers l’avant.
L’affaire c’est que je me demande vraiment d’où ils viennent et où ils s’en vont. Car selon moi, ils ne peuvent s’énerver à leur rythme que sur la Promenade Vernier, et encore – environ 6 km ! Ça doit durer cinq minutes, pas plus... En dehors de Vernier, ils sont carrément dans le trafic – ce qui n’est pas du tout adapté pour des cyclistes de ce genre-là. Ou bedon ils passent par des chemins secrets que je n’ai pas encore remarqués.
Pour ce qui est de se rendre en-dehors de la ville en pédalant, ce n’est pas du tout évident non plus. Les routes ne permettent pratiquement pas de sortir de la capitale à vélo. Si on veut en faire en brousse, on doit apparemment mettre notre bécane sur le top de notre char, stationner quelque part en banlieue, et pédaler à partir de là.
De toute façon, comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai pas vu de vélos de route en dehors de la ville. Mais c’est vrai que je ne suis pas encore sorti souvent de Nouméa... Je parle peut-être à travers mon chapeau. C’est pour ça que je vous reviendrai sûrement avec ça un de ces quatre, car ça m’intrigue...
Pour résumer le tout : Nouméa n’est vraiment pas un paradis pour les cyclistes. Et c’est peut-être pour ça qu’on n’en voit pas tant que ça, finalement.
Les sportifs terrestres nouméens marchent...
À partir d’ici, ça commence à bouger grave. Car ça, pour marcher, les Nouméens marchent ! C’est tout ou rien, dirait-on.
Les marcheurs nouméens déambulent seuls ou en groupes. Ils marchent pour se dégourdir les jambes ou pour carrément s’entraîner. Ils foncent lentement, ou rapidement, ou même très rapidement. Ils avancent en se déhanchant exagérément ou non. Ils marchent avec ou sans bâtons de trekking, avec ou sans enfants, avec ou sans chiens, avec ou sans i-Pod, avec ou sans sacs à dos, avec ou sans poids dans leurs mains... Il y a des hommes, des femmes, des enfants, des Blancs (surtout), des Mélanésiens, des Wallisiens, des Asiatiques...
Les marcheurs sont partout le long des baies. Mais comme tous les autres sportifs, ils sont surtout concentrés sur la Promenade Vernier, où l’on en rencontre au moins un à toutes les quinze secondes en moyenne, en fin d’après-midi.
Bref, ils sont légions. Et ils sont beaux à voir aller...
Les sportifs nouméens courent...
Je crois vous en avoir déjà glissé un mot : le jogging à Nouméa, c’est sans doute le sport national. C’est fou. Je n’ai jamais vu tant de gens courir. On dirait que tout le monde court. Je vous jure. S’il y a 200,000 habitants à Nouméa, il y en a 300,000 qui font du jogging. J’exagère à peine.
Lorsque je fais moi-même mon petit jogging quotidien, je me sens comme une oie blanche. Ce que je veux dire par là, c’est que je passe complètement inaperçu. Quand vous regardez une nuée d’oies blanches qui volent dans le ciel d’automne, en remarquez-vous une en particulier dans le lot ? Ben, c’est ça. Autrement dit, un joggeur lambda sur la Promenade Vernier, entre 17h00 et 19h00, est comme une sardine dans un banc de sardines : il se fond dans la masse.
J’ai essayé d’établir à l’œil nu quelques statistiques sur les joggeurs, même si ce n’est pas du tout scientifique. J’aurais rapidement perdu mon job à la DPPIMT si j’avais travaillé comme ça dans le temps. Mais ici, comme je n’ai rien à perdre, sauf ma crédibilité de chroniqueur de la petite semaine, je vous en donne quelques-unes, pour ce que ça vaut...
Or donc, à vue de nez, comme ça, d’après ce que j’ai pu voir, le un million de joggeurs de Nouméa se diviserait à peu près ainsi :
60 % hommes / 40 % femmes
5 % de 0 à 18 ans / 60 % de 18 à 45 ans / 35 % de 45 ans et plus
90 % Européens / 10 % Mélanésiens et Wallisiens
70 % en solo / 30 % en groupes (de 2 et +)
93 % en solo / 5 % avec leur chien / 2 % avec leur bébé dans une poussette
80 % en écoutant le bruit des vagues / 20 % en écoutant la musique de leur i-Pod
75 % sur la Promenade Vernier / 20 % le long des autres baies / 5 % dans le reste de la ville
Il faut dire que les Promenades sur les baies incitent à ce sport. Courir le long de la mer, ça te donne un petit bousting le fun pour enfiler tes shoe-claques. Mais je ne m’explique quand même pas cet engouement particulier des Nouméens pour ce sport-là en particulier. Car depuis le temps qu’ils la côtoient (la mer), je suis certain qu’ils ne la voient même plus. Ce n’est donc pas ça leur motivation.
Pis en plus d’être populaire, le jogging c’est très sérieux, ici... Ayoye, on rit pus ! Les coureurs ne se regardent pas, ne se saluent pas, ne s’envoient pas des petits coups d’œil complices... Ils sont très « concentrés sur la tâche », disons...
D’un autre côté, c’est bien certain que, étant donné leur nombre, s’ils se mettaient à tous se saluer de la tête, ils en attraperaient un torticolis, les pauvres. Mais il y a surtout le fait que le jogging, ben ça semble quelque chose de grave, de capital, dans cette ville. Peut-être qu’ils s’entraînent pour un Iron man de la fin du monde. Ou peut-être que courir est une question de vie ou de mort... Vous aurez deviné que j’exagère encore une fois. C’est juste pour vous donner le feeling général.
Ah oui, j’aurais dû spécifier tout de suite que je parle ici des Nouméens « européens ». Car le jogging, ça semble être surtout une affaire de Blancs. Les Mélanésiens, en effet, et quoiqu’on en voit aussi sur les pistes, ne semblent quand même pas tripper là-dessus fort fort en général... Casse pas la tête...
Au début de la Promenade Vernier, il y a aussi un petit coin où les gens font des exercices de mise en forme en plein air (sit up, puch up, chin up, pin up... oups....). Là aussi, c’est particulièrement sérieux : les étirements de jambes à 180° devant tout le monde, les push up à une seule main, étendu par terre en plein milieu de la piste cyclable... Cette place-là, j’ai cru remarquer que c’était un peu le rendez-vous des m’as-tu-vu-comme-je-suis-bon-et-que-j’ai-même-pas-mal... Mais là, je commence à être carrément mauvaise langue... J’arrête ça là, et excusez-moi...
Parlant des moi-moi-moi, je veux terminer en parlant de moi-moi-moi... Saviez-vous que j’avais changé mon propre parcours de jogging depuis la dernière fois que je vous en ai parlé ? Moi aussi, je suis maintenant rendu sur la Promenade Vernier... Ben quoi ? Au début, je m’étais dit : plus on est de fous, plus on rit. Pis c’est juste à cinq minutes de course de l’appart. Et j’en ai profité pour augmenter mon niveau de difficultés (car il y a quelques côtes) et ma distance.
Bientôt, je ferai peut-être le grand tour de toutes les baies – la totale. Et je finirai ça en faisant un aller-retour de nage crawlé jusqu’à l’îlot Canard, même pas c’est dur, même pas j’ai mal...
En tout cas, d’ici là, c’est sûr que j’aurai le temps de vous écrire une couple d’autres chroniques
Yvan
PS) Excusez la mauvaise qualité des photos ci-jointes. Pour ma défense, ben... les sportifs bougeaient trop vite...
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