2014-03-01 --- Les Nouméens jouent dans l'eau
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De : Yvan – Nouméa
Date : dimanche, 1er mars 2014
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Avis aux intéressés : débarquer à Nouméa peut vous donner des complexes par rapport à votre entraînement physique personnel. Voici un scénario... Vous savez que vous êtes hyper en forme dans votre patelin. Vous débarquez dans cette ville avec enthousiasme. Aussitôt en bas de l’avion vous allez tout de suite à la plage pour faire quelques brasses faciles. Vous enfilez ensuite vos shoe-claques pour aller courir un petit jogging peinard. Vous faites votre frais en vous pavanant comme le sportif que vous savez être : « Regardez comme je pète le feu, moi, moi, le touriste qui nage, qui court, qui m’active comme l’athlète que je suis. Admirez-moi, les autochtones. »
Pfff...
En réalité, sachez qu’ici, quoi que vous fassiez, vous faites simplement figure de petit sportif lambda à la noix. On dirait en effet que tout le monde fait du sport dans ce bled. Ça marche rapide, ça court, ça roule à vélo, ça patine en roues alignées, ça nage, ça vole, ça plonge, ça navigue... On se croirait dans un camp d’entraînement pour les Jeux Olympiques (d’été). Et vous, vous êtes au milieu de tout ça, et vous passez complètement inaperçu. Même que vous êtes dans les jambes de tout le monde – tasse-toi, mononcle !
J’entreprends donc aujourd’hui une première chronique sur les sportifs de Nouméa – qui sont en majeure partie des Européens. Il y en aura encore une ou deux autres, je verrai. La première en tout cas, celle-ci, traite des sports nautiques à Nouméa.
Les sports nautiques occupent bien sûr une place prépondérante ici. Le contraire aurait été surprenant, étant donné la mer qui entoure la ville de partout, le vent qui est quasi quotidien, les vagues (à la barrière de corail, au large) et les fonds marins qui sont éblouissants.
Les Nouméens nagent...
Parmi la gamme de sports nautiques qui se pratiquent en ville, il y a évidemment la nage... Qui ne sait pas nager, ici ? – à part moi – je vous le demande. Il y en a sûrement, c’est sûr, mais j’ai l’impression d’être le seul dans mon cas. Mais je m’en fous. Je nage, moi aussi, d’une certaine manière. J’enfile mes palmes et ma veste de sauvetage – et tant pis pour les apparences –, et je peux faire un bon bout comme ça, sans me fatiguer... lalalalalèèèère... J’envisage même de me rendre bientôt à l’îlot Canard de cette façon (2,2 km). Ceux qui me connaissent, vous vous demandez si vous me connaissiez vraiment, tout compte fait, hein ? Comme quoi la vie – qui semble écrite telle une trame prévisible jusqu’à la fin des temps – peut vous réserver des surprises dans le corner...
M’enfin, bref...
Les gens nagent, ici, oui. Entre autres activités, le dimanche matin, il y a une gang de nageurs qui se rassemblent sur la plage de l’Anse Vata et qui font la traversée jusqu’à l’îlot Canard en mode sportif. Mais n’intègre pas ce groupe qui veut. Attachez votre votre maillot avec de la broche si vous voulez les suivre.
Ça c’est sans compter tous ceux qui font cette traversée en solo un peu n’importe quand. Je vois en effet partir des nageurs solitaires dans cette direction à tout bout de champ. Ni vus ni connus, ils plongent dans la flotte de la baie de l’Anse Vata sans le dire à personne, et go pour la traversée jusqu’à l’île. Et moi, de penser constamment à ce qui pourrait leur arriver si quelque chose survenait en plein milieu de leur trajet : un malaise, un requin, le courant, n’importe quoi... Zap, ils disparaîtraient dans les flots sans que personne ne s’en rende compte le moindrement...
Les nageurs ordinaires peinards, eux, se tiennent sur le bord de la plage et font des va-et-vient tranquilles. Beaucoup ne font que rester debout à discuter entre eux, ou méditer, ou batifoler dans les vaguelettes. D’autres marchent, tout simplement (en bravant le danger des raies qui sont cachées dans le sable). Beaucoup aussi nagent lentement avec masque et tuba...
Parlant de ça – de masque et de tuba –, nous avons refait la traversée de l’îlot Canard en kayak, cette semaine. Il y a là-bas, juste à côté de la plage, un circuit de visite de coraux qui dure une petite demi-heure. Tu enfiles palmes, masque et tuba (en plus de la veste de sauvetage et des frites, dans mon cas), et tu palmes à ton rythme, la tête dans l’eau, au-dessus des coraux multicolores et des poissons tropicaux (multicolores aussi). C’EST DE TOUTE BEAUTÉ !
C’était la première fois de ma vie que je vivais une telle expérience, et ce ne sera pas la dernière, croyez-moi. Je vais y retourner bientôt, c’est sûr. Dommage que mon appareil-photo ne soit pas étanche. Vous auriez droit à un diaporama d’enfer...
Les Nouméens rament...
Mais ces sportifs de Nouméens ne font pas que nager. Ils rament aussi : en kayak, en pirogue et en stand up paddle...
Connaissez-vous ça, le stand up paddle ? Sincèrement, je ne sais pas s’il y en a par chez nous, en Amérique... Il s’agit d’une planche à voile, mais sans la voile. Les gens se tiennent là-dessus debout, en équilibre très stable. Et ils avancent à l’aide d’une longue rame. Ça va quand même assez vite.
Mais encore une fois, je trouve les gens très téméraires. Ils vont comme ça dans le milieu du lagon – en traversant très souvent à l’îlot Canard – sans veste de sauvetage. J’ai même vu des parents qui ramaient avec leurs enfants en bas âge qui étaient assis au bout de la planche, sans veste ! J’ai eu envie de leur crier : « Hey, non, mais ça va pas la tête ? » Mais je me suis abstenu... Je ne suis pas chez nous, quand même. Et ce n’était pas de mes affaires... Et puis finalement, il ne semble jamais rien arriver de fâcheux. Ce qui me paraît toujours incroyable...
Ça ne m’empêche pas d’être moi-même très sévère en ce qui nous concerne, nous, question sécurité, lorsque nous partons en kayak. J’insiste toujours pour que ma blonde enfile sa veste chaque fois que nous quittons pour les hauts-fonds. Elle rechigne à tous les coups, mais elle s’y soumet néanmoins dès que je lui fais part de mon scénario de cauchemar. Scénario de cauchemar dont voici la trame : « Nous sommes en plein milieu du lagon. Son kayak chavire. Elle se noie en même temps que les requins accourent pour le festin. Et moi, à côté, impuissant à la sauver, car je ne sais pas nager (ça, on commence à le savoir). Ou je me garroche pour la sauver, mais ça revient au même : on se noie tous les deux – incluant le festin des requins... »
Vu comme ça, tout le monde la mettrait, sa veste, hein ? Ben, c’est ça.
Les Nouméens filent sur l’eau...
Un sport populaire ici, c’est la planche à voile (ou wind surf) – que tout le monde connaît. Mais un qui semble autant couru que la planche à voile, c’est le kite surf.
Pour faire du kite surf, vous vous harnachez à un parachute, vous mettez vos pieds dans des sortes de bottines de ski qui sont elles-mêmes soudées à une planche, et vous laissez le vent vous entraîner vers le large. Ça fly en tit péché d’Hérode. Les adeptes filent là-dessus comme un boat à moteur et ils te font des tourniquettes dans les airs comme des acrobates du Cirque du soleil.
Il ne fait pas bon se trouver sur leur chemin lorsqu’ils passent dans les parages. Mais ils ont leur coin réservé rien qu’à eux au bout de l’Anse Vata (à la Pointe Magnin). Lors des journées de grand vent, nous dégageons la place et nous allons nous baigner ailleurs. C’est pas ça qui manque ici, de toute façon, des bouts de lagon pour se saucer.
Quant aux surfeurs ordinaires, je n’en ai pas encore vus. C’est normal, car les vagues ne sont pas assez hautes par ici. Les amateurs s’amusent plutôt dans le coin de la barrière de corail, au loin. Pour les voir, faudrait que je prenne le bateau pour me rendre là-bas, à près de 50 km. Ce que je ferai peut-être un jour. Ils sont braves, en tout cas, ces surfeurs, car à la barrière de corail, c’est là où le vaste océan commence. Et dans le vaste océan qui commence, ben il y a des requins. Mais c’est à eux les oreilles, hein ?
Pareil pour les plongeurs. La plongée sous-marine, c’est là-bas que ça se passe : à la barrière de corail ; là où il y a les mêmes requins – mangeurs d’hommes, hou-hou (musique du film Jaws)...
Par ailleurs, je n’ai pas vu grand-monde faire de ski nautique. Il y en a, mais vraiment pas beaucoup. On dirait un sport en voie de disparition. Un sport ringard, peut-être – passé de mode ?
Les Nouméens naviguent...
Parlant de choses passées date, connaissez-vous le pédalo ? Alors là, le pédalo, c’est pire que le ski nautique, Je n’en ai pas vu beaucoup. Il y a autant de pédalos ici qu’il y a des flocons de neige. Il y en a déjà eu apparemment, mais cette activité-là semble être vraiment révolue...
Constatant cela, dans ma fébrile imagination, et dans un but de me faire un peu d’argent, l’idée m’est venue de me partir une petite entreprise de location de pédalos. Peut-être que ça ferait genre vintage sympathique pour intéresser (au moins) les vieux nostalgiques comme moi ? Mais c’est évidemment le monopole de l’affaire qui apparaît intéressant...Money, money...
Je continue en tout cas à cogiter là-dessus...
Bon, à part ça, il y a cette multitude de « sportifs assis » qui s’amusent sur les embarcations qui se meuvent pratiquement toutes seules, sans trop d’efforts. Les habituels boats à moteur, premièrement, bien sûr, comme chez nous. Avec trois marinas dans la ville, il y en a toute une gamme de ceux-là : du plus petit bateau très ordinaire au gros yacht de millionnaire.
Sur l’eau, on voit aussi des motos marines, comme chez-nous également ; mais pas beaucoup. Et heureusement qu’elles sont rares, car qu’est-ce que ces engins-là peuvent bien m’énerver. Je ne m’étends même pas sur leur cas, tiens...
Et pour finir, il ne faut surtout pas oublier les voiliers. Ah ben ça, j’aurais beaucoup de difficulté à les compter tant y’en a. Les trois marinas en sont pleines : amarrés aux quais ou carrément ancrés dans les baies, un peu n’importe comment.
Je n’élaborerai pas aujourd’hui sur les voiliers et sur la vie des « voileux » – comme ils les appellent. J’ai peut-être l’intention de faire une chronique pour couvrir juste ce sujet-là, tant ce style d’existence m’est apparu... intéressant, disons...
Bon, je vous laisse là-dessus, mais ce n’est que pour mieux vous revenir, OK ?
À betô !
Yvan
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