Les maudits vents

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2014-03-19 --- Mission impossible : monter le Ouen Toro

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De : Yvan – Nouméa

Date : mercredi, 19 mars 2014

À : parents et amis

 

Bonjour à tous,

 

Bon, alors, OK, je vais aujourd’hui vous raconter un projet de balade que nous avons mis sur pied dimanche passé. Balade qui n’était pas très compliquée, ni très loin.

 

Il ne fallait pas que ce soit loin, en effet, car j’étais encore aux prises avec un petit malaise. Ben oui, un malaise... Pas besoin de vous faire un dessin : vous connaissez tous le fameux microbe, très banal, qui s’en prend quelquefois aux touristes sans défenses, et qui leur gâche une partie de leurs vacances. Bref, il m’avait eu par surprise, la semaine passée. Et il est revenu en force une semaine plus tard... Ben oui : une rechute. Pas chanceux le gars, en effet... J’ai donc dû encore restreindre momentanément mes sorties et mes activités.

 

Ça fait que dimanche passé, on a décidé d’aller juste à côté d’ici : au Ouen Toro.

 

Vous vous souvenez du Ouen Toro, au moins ? Je vous en avais déjà glissé quelques mots dans une de mes premières chroniques. Vous avez déjà oublié ? Pfff...

 

Je vous avais dit à ce moment-là que le Ouen Toro, c’était un peu le Mont Royal de Nouméa. Il s’agit d’une montagne, en pleine ville, recouverte d’une forêt, et qu’on peut monter en auto ou en vélo grâce à une rue asphaltée ; ou à pied grâce à des sentiers. Ça vous revient ?

 

Je le compare au Mont Royal, mais il y a quand même quelques différences...

 

Premièrement, le Ouen Toro est un peu plus petit que le Mont Royal. Ensuite, il n’y a pas de Lac des Castors dessus. À vrai dire, sur le Ouen Toro, il n’y a pas de lac du tout. Et finalement, tout en haut du Ouen Toro, au lieu d’y avoir une grande croix lumineuse, comme sur notre montagne, ben il y a un vieux canon mat ; ce qui ne représente pas la même symbolique, hein ?

 

En fait, nous-autres, au Québec, on prend possession d’une terre en plantant une croix. Les Français, eux, le font en installant des canons. Ben non, je niaise... Pendant la guerre du Pacifique, le Ouen Toro était évidemment un lieu stratégique de défense, car on en a une vue imprenable sur toute la baie.

 

Nous avons donc décidé d’aller marcher sur le Ouen Toro. Comme ce n’est pas loin de l’appart, on peut commencer à l’escalader après cinq minutes de marche à peine, en nous rendant simplement au bout de la rue. C’était parfait, considérant mon état.

 

Alors, go.

 

Sur la rue, avant d’arriver au bout, il y a un hippodrome, à gauche. Et contrairement à d’habitude, il semblait y avoir de l’activité ce matin-là. On entendait de la musique ainsi qu’une voix qui parlait fort dans un micro. Excités à l’idée qu’il s’agissait peut-être de courses de chevaux, nous avons décidé d’aller y jeter un coup d’œil.

 

Nous sommes donc entrés sur le terrain. En fait, le truc ne se passait pas dans l’hippodrome comme tel, mais à l’extérieur, juste devant l’entrée. Et il n’y avait aucun cheval.

 

À la place, il y avait là une petite foule de 300 personnes environ : autant des Blancs que des gens de couleurs (Mélanésiens et Wallisiens). La plupart étaient assis sur des chaises qui faisaient face à une estrade. Et sur l’estrade, se produisait une chorale de Mélanésiens qui chantaient des chants traditionnels kanaks. Et nous sommes restés là, le temps d’écouter les chants et de prendre quelques photos.

 

Mais ce n’était pas tout...

 

Après la chorale, ils ont enchaîné ça avec une troupe de danseuses indonésiennes. Spectacle qui a ensuite été suivi par une troupe de jeunes danseuses polynésiennes. Tout cela était amateur, mais ma foi, j’étais content d’être tombé là-dessus par hasard. Ça faisait très local, premièrement ; pis c’était cute.

 

Je croyais au début que j’avais affaire à une sorte de fête de quartier. Mais finalement, j’ai appris qu’il s’agissait plutôt d’un rassemblement organisé par un parti politique en vue des prochaines élections municipales de Nouméa qui auront lieu les 23 et 30 mars prochains – il y a deux dates, car il y a deux tours. C’est très bientôt, ça. En fait, c’est la semaine prochaine.

 

Vous connaissez ma curiosité. J’ai alors voulu en savoir un peu plus sur le fonctionnement du mode de suffrage en Nouvelle-Calédonie (qui est calqué sur le mode français) dans le but, ensuite de vous l’expliquer. L’affaire, c’est que je ne savais pas dans quoi je m’embarquais... Leur patente n’est vraiment pas facile à comprendre.

 

Ils ont un système et des termes qui sont passablement différents des nôtres ; et leurs explications, très alambiquées, ne sont pas du tout évidentes à saisir. J’ai fait mon possible pour essayer de vous vulgariser ça, mais j’ai finalement renoncé. Pour dire vrai, j’ai même craint de faire un ACV pendant ma lecture. Juste pour les élections municipales, c’est expliqué, genre, comme ceci (attention à vos neurones) :

 

« La liste arrivée en tête obtient la moitié des 53 sièges du conseil municipal. Le reste est réparti à la proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Un deuxième tour est organisé si aucune liste n'atteint la majorité absolue et au moins 25 % des inscrits au premier tour. Seules les listes ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés peuvent s'y présenter. Les listes ayant obtenues au moins 5 % des suffrages exprimés peuvent fusionner avec une liste présente au second tour. »

 

Celui qui a inventé ce système-là devait en avoir fumé du bon, pis pas à peu près. En tout cas, pour ma part, j’ai décidé que je me calerais trois ou quatre petites bières en ligne avant de tenter de décortiquer ce que ça veut dire. Bières ou pas, que je me suis dit, de toute façon, ça ne fera pas une grande différence...

 

Mais bref, la semaine prochaine, il y aura donc des élections municipales générales dans toutes les communes de la Nouvelle-Calédonie ; dont à Nouméa. Et les municipales seront suivies de très près par les élections provinciales qui se tiendront, elles, le 4 mai prochain.

 

Comme vous voyez, on vit un peu la même chose, vous et moi : des élections ici, et des élections au Québec. Tout le monde est en campagne électorale. Et pour tout vous dire, des promesses par ci, pis des promesses par là, c’est partout pareil, croyez-moi : du bla-bla-bla ; et encore du bla-bla-bla... Je vous dis ça après avoir entendu le discours en direct d’un chef de parti sur sa tribune. Tout compte fait, une campagne électorale, ça ne fait pas du tout exotique.

 

Même qu’on dirait que les enjeux de la politique d’ici rejoignent ceux du Québec, ces temps-ci. Car j’ai vaguement entendu dire que la campagne électorale du Québec reprenait des allures de campagne référendaire – un peu comme dans le bon vieux temps ? Si c’est le cas, c’est une drôle de coïncidence, car sachez qu’ici, après le 4 mai, le nouveau gouvernement de la Nouvelle-Calédonie aura dès lors le mandat de préparer le référendum sur l’INDÉPENDANCE, qui devra avoir lieu, veut veut pas, entre 2014 et 2018. Hou-hou... Curieux, ça, non ?

 

Deux courants de pensée un peu identiques aux nôtres s’affrontent donc, ici aussi, en politique (et ce, depuis longtemps) : les indépendantistes contre les loyalistes. Autrement dit, il y a ceux qui sont pour l’indépendance, et ceux qui sont contre.

 

Même le niveau municipal n’échappe pas à ce phénomène. C’est-à-dire que les partis municipaux s’affichent eux aussi ouvertement pour ou contre l’indépendance ; comme en fait foi le rassemblement auquel j’ai assisté tout à fait par hasard, dimanche, qui en était un de loyalistes, soit le parti de l’UCF (Union pour la Calédonie dans la France). Son slogan est : « Un nouvel élan pour Nouméa ». Et il est dirigé par Gaël Yanno, un Caldoche qui fait de la politique active en Nouvelle-Calédonie depuis plus de vingt-cinq ans.

 

Les prestations de chants et de danses autochtones qui précédaient son discours voulaient montrer que Nouméa est une ville où toutes les cultures sont présentes et respectées ; que tout le monde peut très bien vivre ensemble dans la paix, dans l’harmonie et dans l’amour ; que toutes les ethnies, Caldoches, Kanaks, Wallisiens, Zoreilles et compagnie, sont parfaitement capables d’avancer main dans la main vers un destin commun et ce (bien sûr), en demeurant sous le giron de la bienfaitrice mère-patrie...

 

Amen.

 

Bon, après ça...

 

Après ça, nous sommes repartis vers le Ouen Toro, car c’était toujours là notre but de la journée.

 

En faisant le tour pour rejoindre le chemin qui en fait la montée à partir de la baie, nous avons vu des petites rues transversales qui semblaient très mignonnes. Nous les avons donc empruntées pour voir ce qu’elles avaient l’air par en-dedans (on fait ça souvent depuis quelque temps). Et nous ne l’avons pas regretté. Il s’agissait d’impasses dans lesquelles les arrière-cours étaient effectivement mignonnes comme tout.

 

Un truc que j’ai remarqué ici, c’est que la plupart des gens n’ont que des petits bouts de terrain de rien du tout attenants à leur maison ; et ils réussissent à en faire des bijoux de lieux hyper sympathiques : avec de la verdure, des fleurs et un million d’éléments de décoration – dont un qui revient très souvent ; c’est-à-dire un écriteau avec l’inscription « Attention au chien »...

 

Bref, il y a eu séances de photos. Et nous en sommes sortis pour aller rejoindre de nouveau la route du Ouen Toro.

 

Rendus sur la Promenade Roger Laroque, nous avons encore une fois entendu de la musique et des voix amplifiées par des micros. Intrigués, nous avons aussitôt bifurqué vers le lieu en question, pour nous rendre compte que nous avions maintenant affaire à une manifestation sportive : des courses de stand up paddles dans la baie de l’Anse-Vata

 

Ben coup donc...

 

On s’est mis évidemment à regarder ça. À regarder la foule, surtout. Pis à la photographier... On aime ça, nous, regarder pis photographier des foules... On fait ce qu’on appelle des « photos volées ». C’est-à-dire qu’on photographie les gens à leur insu. Pis on espère avec ça de gagner un jour le prix Pulitzer de la photo...

 

Une fois cela fait, nous nous sommes rendu compte qu’il était temps de rentrer pour casser une petite croute. Ce que nous avons fait illico.

 

Le même soir, aux nouvelles de 19h30, nous nous sommes presque vus deux fois à la télé : au rassemblement de l’UCF et à la course de stand up paddles. C’était le fun étant donné que... que...

 

Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ?

 

Le Ouen Toro ?

 

Ah oui, le Ouen Toro...

 

Ben, le Ouen Toro, ne vous en faites pas, on le montera une prochaine fois.

 

Bonne semaine !

 

Yvan

 

* * * * * * * * * *

 

La liste de toutes mes chroniques sur la Nouvelle-Calédonie est ici

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Chroniques calédoniennes

 

Pour lire mon road trip autour de la Nouvelle-Calédonie, cliquez ici

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Road trip autour du Caillou

 

Pour lire les comptes-rendus de quelques randos pédestres en Nouvelle-Calédonie, cliquez ici

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Randos en Nouvelle-Calédonie



24/03/2017
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