2012-01-25 --- La ville bleue : Jodhpur
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De : Yvan – Jodhpur
Date : mercredi, 25 janvier 2012
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Aujourd’hui, mercredi, le 25 janvier, départ de Nawalgarh à 8h45. Destination : Jodhpur – la « ville bleue ». Distance : environ 300 kilomètres. Temps estimé : environ 6 heures. Vitesse moyenne, donc, de 50 km/hre.
Ben, finalement, c’est le temps que ça a pris; et ça a été effectivement notre vitesse moyenne…
On a pris deux heures rien que pour faire les 50 premiers kilomètres. C’est pas vite vite, ça, vous en convenez ? Si vous aviez vu l’état de la route : les travaux de construction à Montréal avaient l’air d’un tapis roulant, à côté de ça. Ça ressemblait à l’après-Hiroshima : des trous grands comme des nids de ptérodactyles, ou des cratères de météorites… Heureusement que ça s’est replacé par la suite, car nous serions encore là, à nous demander quel jour nous arriverions.
Je diviserais le reste de la route en deux structures différentes :
1) Il y avait tout d’abord une route ordinaire, à deux voies, exactement comme chez nous. Mais ici, en Inde, il passe facilement quatre autos de large sur ce genre de route, + des rickshaws et une variété d’animaux. Les travaux publics ont aussi peint une ligne blanche pointillée, qui sépare la chaussée en deux côtés (côté droit et côté gauche), exactement comme chez-nous aussi. Mais je vous l’apprends en mille : ici, cette ligne n’a aucune – mais aucune – utilité
2) Il y avait aussi des routes de la largeur d’une piste cyclable. Je ne vous mens pas, on a fait peut-être une cinquantaine de kilomètres, en tout, sur ces chemins qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à la piste cyclable de Trois-Rivières. J’espère que l’envoi de photos va fonctionner – pour vous le prouver. Si ça marche, observez le camion qui s’en venait vers nous.
La surpopulation de l’Inde ne se fait pas trop sentir au Rajasthan. Comme je vous le mentionnais dans un précédent message, autant le Bengale était noir de monde, autant ici, c’est désertique. Pas que ce soit le vrai désert, mais on voit très bien que le sol a de la misère. C’est sec pas mal partout : des arbres rabougris, de l’herbe jaunie, du sable, de la poussière (mais c’est vrai aussi qu’on est en hiver ; l’été, c’est peut-être différent)… Les paysans sont rares. Et il n’y a pas grand-monde dans les villages non plus.
Le trajet a donc été un peu long et le soleil tapait dur par moments, mais j’ai quand même apprécié ma balade. C’est pas chez nous qu’on roule en auto en évitant des vaches (les queens du paysage), des moutons, des chèvres et des chameaux. Et ici, ces animaux sont légions. Ça fait très pittoresque – pour un occidental qui en est à sa première expérience.
Nous sommes arrivés à Jodhpur en milieu d’après-midi. Vous rappelez-vous de cette ville? C’est celle où nous devions nous rendre en avion à partir de Delhi, mais dont le vol avait été annulé à la dernière minute. Eh bien, on a fini par s’y rendre quand même. Et toc à Jet Airways – bande d’enfoirés !
Nous nous sommes fait tout de suite conduire au Fort Mehrangarh – le Fort Mehrangarh étant « le » site touristique de Jodhpur.
Je vous le dis comme je le pense : c’était absolument grandiose. Construit tout en haut d’un piton rocheux, le Fort Mehrangarh était jadis une citadelle imprenable. Et les maharadjahs menaient là-dedans une vie fastueuse. Je crois que c’est la chose la plus impressionnante que j’aie vue en Inde depuis mon arrivée. Et que dire de la vue que nous avions sur Jodhpur à partir de là ? Une vue à couper le souffle – c’est cliché de dire ça, mais c’est vrai…
Lors de mes lectures sur l’Inde, avant de partir, j’avais vu une photo de Jodhpur, dans une revue, exactement à partir de ce point de vue-là. Et je m’étais demandé si j’aurais la chance de voir ça pendant mon voyage. Eh bien, voilà, j’y étais. Ça m’a fait un petit motton dans la gorge. Et ce, même si le bleu des maisons, sur cette photo, était pas mal plus éclatant qu’en réalité. Marguerite m’a dit que ça dépendait de l’éclairage du soleil. Ça se peut. Mais je crois plutôt que Photoshop y était peut-être pour quelque chose, dans la revue…
Notre hôtel est situé directement dans le vieux Jodhpur, à l’intérieur des maisons bleues, drette au pied de la falaise du Fort Mehrangarh. Nous nous y sommes rendus à pieds, après la visite. C’est là que le bleu des maisons est devenu pas mal plus pâle (défraîchi) que le bleu pâle que je venais de voir d’en haut. Nous nous sommes aussitôt enfoncés dans un dédale de ruelles, au milieu d’odeurs de bouses de vaches et d’urine, tout en étant sollicités à outrance comme les touristes blancs que nous étions. Re-bienvenue dans le vrai monde…
J’ai marché vite. J’en ai marre de cette sollicitation qui nous colle à la peau partout où nous allons. Il ne s’agit pas de mendicité. Mais ils veulent quand même te vider les poches par toutes sortes de moyens « détournés ». Le plus évident étant la question rituelle : « Where do you come from ? ». C’est une entrée en matière. Après ça, ils veulent que tu viennes voir leurs cossins, etc…Une fois embarqué dans leur engrenage, ils ne te lâchent plus, et les autres rappliquent comme des mouches. C’est l’aspect de ce voyage qui m’horripile le plus… S’cusez, c’était ma petite montée de lait de la journée…
Nous avons soupé sur la terrasse de l’hôtel. Juste au-dessus de nous, s’élevait la forteresse éclairée de Mehrangarh. Petite bière. Agréable compagnie. Paysage de carte postale. Moment inoubliable.
L’affaire, c’est que nous ne resterons pas longtemps à Jodhpur… Nous devons reprendre la route demain matin. Dommage, mais c’est ça voyager lorsque le temps est compté. Trois semaines en Inde sera un survol passablement superficiel, je m’en rends bien compte, mais j’assume : je ne suis pas encore à la retraite, mais en vacances… Je reviendrai peut-être, qui sait ?
Prochain arrêt : Udaipur. Si ça vous tente de nous suivre encore, gênez-vous pas. Y’a de la place pour tout le monde.
Ici, Yvan, dans un hôtel bleu de la ville bleue, sous un ciel noir (il est 23h00).
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