Les maudits vents

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2012-01-24 --- L'étrange histoire d'un haveli du nom de Murarkar

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De : Yvan – Nawalgarh

Date : mardi, 24 janvier 2012

À : parents et amis

 

Bonjour à tous,

 

Êtes-vous tannés de lire mes histoires ? Peut-être que c’est trop ? Peut-être que ça devient monotone ? Vous n’êtes pas obligés de me lire, hein ? Pas de gêne – no problem, no problem, comme ils disent tous ici. Ça ne m’offusquera pas si vous passez tout droit. Écrire ces comptes-rendus est un plaisir que je me fais à moi-même. Mais c’est tant mieux si ça vous divertit du même coup.

 

Aujourd’hui, nous nous sommes encore séparés. Mais pas de la même façon que d’habitude. Cette fois-ci, on s’est arrangé de même : les gars sur un bord, la fille de l’autre… Marguerite voulait suivre un cours d’impression de foulards avec un artisan de la place. Pis nous-autres, les gars, ben on voulait faire une sortie de gars. Ça fait qu’on est parti de bonne heure pour faire la tournée des gargotes du village. Ben non, je vous niaise… On a fait une sortie cul-tu-rel-le, of course

 

On s’est premièrement rendu au village voisin de Dundlud, pour y visiter une école. Notre hôte, Ramesh souscrit en effet comme donateur dans cette école privée pour enfants pauvres (les enfants de basse caste) ; et il souhaitait qu’on aille voir ça. Ce qu’on a fait. Ça a été intéressant, mais on est arrivé en même temps que des inspecteurs du gouvernement qui étaient débarqués là, à l’improviste. Tu parles d’une coïncidence. Le directeur de l’école est devenu très nerveux, stressé – et désolé de ne pas nous accorder toute son attention. Ça fait qu’on n’a pas insisté et on s’est éclipsé en douce, le laissant avec ses casse-pieds d’inspecteurs.

 

On en a profité pour visiter un des havelis de la place (le mieux conservé). Ensuite, on a été voir un puits. Ne riez pas, un puits, ici, ce n’est pas la même chose que chez-nous. J’ai essayé de comprendre le principe, mais je n’ai pas réussi – et nous n’avions pas de guide pour nous l’apprendre non, plus. J’ai donc dû me contenter de marcher dessus et de prendre des photos. Nous avons également été nous promener sur un cénotaphe – une sorte de gros monument mortuaire dédié à un ancien VIP du coin. Et on tout fait ça – le tour du village – à pied, ce que j’adore. C’est l’Inde profonde, ici. Je ne crois pas exagérer en disant que Dundlud est hors des circuits touristiques populaires ! Mais c’est ce qui fait le charme de places comme celles-ci, non ?

 

Ensuite, on est revenu à Nawalgarh. Comme on avait du temps devant nous, on a demandé à Krish de nous déposer devant un haveli qu’on n’avait pas eu le temps de visiter hier. Un haveli du nom de Murarkar – retenez ce nom, il est important pour la suite de l’histoire. Une fois là, Krish aurait son congé pour le reste de la journée, et nous, ben on retournerait au guest house à pied ou en rickshaw.

 

Ça fait qu’on est rentré en ville et on s’est informé cinq ou six fois en cours de route pour savoir où se trouvait le haveli de Murarkar. On a fini par le trouver : Murarkar Haveli. Prix d’entrée : 50 roupies. Welcome. 

 

— OK, bye, Krish. À demain matin…

 

Là, je dois vous avouer que j’ai failli ne pas relater cette anecdote. C’est Daniel qui ne voulait pas. Il m’avait formellement averti : « Ne va jamais raconter cette histoire à personne ! ». J’ai hésité moi aussi, car ça ne rend pas tellement justice à notre intelligence. M’enfin… ça fait partie de l’authenticité du voyage… Et je m’étais promis d’être authentique. Alors, go…

 

On a donc pénétré dans le haveli. Comme ça faisait le troisième haveli que je visitais depuis hier, j’ai passé la remarque à Daniel que ces bâtiments étaient tous construits selon le même modèle, finalement, et qu’en visiter un, c’était comme de les visiter tous. Un jeune homme est arrivé et s’est improvisé notre guide. On l’a laissé faire. Ses info étaient intéressantes. Mais au fur et à mesure de la visite, je me disais que c’était le dernier que je visitais, car décidément, oui, ils étaient tous pareils, et ça devenait un peu monotone.

 

Rendu en haut, sur la terrasse, Daniel m’a dit : « Tu vois ce temple, là, à côté ? On dirait du déjà-vu… » Ça me disait aussi quelque chose, mais bah, des temples, ici, à Nawalgarh, comme des havelis, ce n’est pas ça qui manque. Je n’y ai pas accordé d’importance. Mais Daniel, lui, franchement intrigué, a alors sorti son appareil-photos et s’est mis à regarder les photos qu’il avait prises hier. Et il est tombé sur ce qu’il cherchait. « Regarde, ce sont les mêmes motifs, avec le même drapeau. Et puis, c’est la même tour de communication, juste à côté. Il ne peut pas y avoir tant de détails aussi semblables à deux endroits différents… » J’ai alors sorti ma petite brochure qui contenait le plan de la ville et j’ai jeté un coup d’œil sur le nom du premier haveli qu’on avait visité hier. Il s’appelait – lui aussi – Murarkar…

 

Ah ben, batêche ! On venait de visiter deux fois la même place en deux jours, sans se rendre compte de rien !

 

C’est là que Daniel m’a dit qu’on faisait dur en maudit et qu’il m’a demandé de ne jamais raconter ça à personne. Je viens donc de le trahir, mais ne lui dites pas, OK ? Et puis, ce n’est toujours pas de notre faute si deux havelis, dans la même ville, portent le même nom ! C’est excusable, vous en conviendrez. Le soir, Marguerite, pour sa part, s’est allègrement moqué de la déficience de notre sens de l’observation.

 

Cela fait, le reste de l’après-midi s’est passé comme j’aime le faire : on s’est promené dans les ruelles et dans la foule. On s’est faufilé à travers les gens, les vaches, les chèvres, les moutons, les charrettes tirées par des ânes, les chiens, les motocyclettes, les autos, les rickshaws, les chameaux, les femmes en niqab et tout le reste de cette faune absolument pittoresque. On s’est fait interpeler par des hello ! hello ! On a mangé des somozas et des petites boules sucrées au miel, cuites directement sur le bord de la rue, dans de petites échoppes. Un moment donné, mon bras a failli être arraché par un rickshaw qui a accroché la manche de mon T-shirt – j’en ai été quitte pour une manche déchirée. On est aussi entré nu-pieds dans un temple hindou, en tentant de ne pas marcher sur les crottes d’oiseaux qui jonchaient le plancher de ciment.

 

Et puis, on est revenu au Apani Dhani, où Marguerite était encore avec son artisan en train de finaliser son cours d’impression de foulards. Foulards très beaux, soit dit en passant.

 

Une belle journée pour tout le monde, en somme. Il faisait beau et chaud – mais pas trop –, aujourd’hui. En parlant de température, je ne crois pas vous avoir jamais glissé un mot à ce propos. Est-ce que ça se peut ? Je ne suis plus certain… Si oui, excusez le radotage, OK ? Le jour, c’est pas pire : autour de 20o. Mais la nuit, c’est très inconfortable : autour de 5-10, mettons… Un soir, lorsque nous étions à Delhi, il a même fait -1 ! On nous dit que c’était exceptionnellement froid comme température, cette année. 

 

Hier, Ramesh nous a fourni à chacun une bouillotte d’eau chaude. J’ai dormi avec elle dans le creux de mon estomac, recroquevillé en fœtus, tout en me disant : « Misère… Suis-je donc si seul pour me réchauffer ainsi, en cuillère, avec une bouillotte ? » Il nous en a fourni une autre pour ce soir. Elle est présentement sous les draps, en train de réchauffer la place.

 

Demain, départ à 8h00 pour la ville de Jodhpur. Vous vous rappelez le surnom de Jaipur ? Non ? Ah ! faut toujours tout vous dire… C’était la « ville rose ». Ben Jodhpur, elle, c’est la « ville bleue ». On verra si elle mérite son surnom… paraît que oui…

 

À plus tard, liseurs.

 

Ici, Yvan, écriveur, en direct de Nawalgarh, toujours à l’autre bout du monde. Au loin, les mêmes lamentations qu’hier, accompagnées des mêmes bongos. En prime, les hurlements d’un âne, pas très loin de ma fenêtre ; et des jappements de chiens.

 

 

 

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La ville bleue : Jodhpur

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https://static.blog4ever.com/2016/03/816195/Inde---Jour-01a.jpgEn transit à Francfort

 

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18/03/2017
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