2012-01-14 --- Autour d'Atasura
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De : Yvan – Calcutta
Date : samedi, 14 janvier 2012
À : parents et amis
Bonjour à tous,
Nous voici de retour dans notre appartement de Calcutta. Déjà samedi soir, je crois – c’est bien ça ? J’ai pu enfin avoir accès à Internet pendant quelques minutes, et j’ai eu beaucoup de plaisir à lire vos courriels. C’est le fun de pouvoir garder le contact avec vous-autres même si je suis de l’autre côté de la terre.
Notre journée ?
Ce matin, tout de suite après le petit-déjeuner – copieux, il va sans dire – : visite des terrains de Mass Education (culture de légumes de toutes sortes), à Atasura ; et arrêt, en revenant, devant une maison typique afin d’admirer le dessin d’une divinité. La propriétaire, reconnaissant Bandita (notre guide de Mass Education du moment), nous a gentiment invités à entrer dans sa cour. Il y avait là : la femme de maison, sa fille (belle comme un cœur et avec un regard très intelligent), sa belle-fille, et une fillette (c’est celle sur la photo, qui regarde l’objectif, et qui en train de manger). Plus en intimité que ça avec une famille pauvre indienne, tu entres dans leur maison et dans leur chambre à coucher. Mais ça a évidemment été fait avec beaucoup de respect de notre part. Et la dame semblait extrêmement heureuse de nous avoir reçus pendant ces quelques minutes.
Après ça, petite visite d’un village voisin d’Atasura. On est allé là en van rickshaw à pédales. Un van rickshaw à pédales, c’est exactement le même principe qu’un van rickshaw à moteur, sauf que c’est un pauvre Indien qui force comme un bœuf pour le faire avancer ; et que ça fait pas mal moins de boucane. Nous étions très mal à l’aise d’embarquer là-dedans, vous comprendrez. Le pauvre bougre n’était plus dans la fleur de l’âge, et ça me rendait coupable de le faire pédaler comme ça sur un vieux vélo pas de vitesses. Mais comme de raison, on a dû s’y soumettre. Je détournais la tête pour ne pas le voir transpirer comme un bon…
En bout de ligne : visite d’une petite fabrique artisanale de tressage de panier. Et au retour : arrêt chez une madame et sa fillette qui brodaient un sari de mariage dans leur cabane, au milieu des poules. La pièce de tissu était de toute beauté. Ce qui l’était moins était ce qu’elle nous a appris : elle en fabriquait environ quatre par mois pour lesquels elle était payée 350 roupies (7,00 $ - 4,5 €) – ça ne fait pas cher par mois, ça, n’est-ce pas ? Et les saris sont vendus en boutique environ 3000 roupies (60,00 $ - 40 €). Bah, et pourquoi pas, après tout ? Un peu d’exploitation du pauvre monde n’a jamais fait de mal à personne…
Avant de reprendre la route pour Calcutta, on a traversé la rue pour visiter la fabrique de briques qui se trouvaient là. Je n’ai jamais vu une fabrique de briques au Québec, mais je ne crois pas que ça se passe comme dans celle-là. Les gens qui travaillaient là-dedans m’ont semblé être de très basse caste. Leur peau était très noire, en tout cas. Mais je ne suis pas certain si c’était leur couleur naturelle ou celle du charbon qu’ils manipulaient. En bas du talus, il y avait quelques femmes et enfants, assis, à ne rien faire (le reste de la famille des ouvriers ?) Parmi elles, deux jeunes filles s’épouillaient les cheveux. Juste à l’écrire, la tête me gratte…
Au cours du voyage de retour (avec notre premier chauffeur (Santano, cette fois), nous avons appris que nous ferions un arrêt dans une autre école de village – je crois que le village s’appelle Mathurapur. Pour y faire quoi ? Nous ne le savions pas trop. Arrivés là, un véritable comité d’accueil nous attendaient : les enfants dans les classes + les mères des enfants. La totale. Ils nous ont fait visiter les classes, comme dans l’école de village des Sundarbans, la veille.
D’habitude, c’est Marguerite qui entrait la première dans les classes. Mais une fois, elle m’a dit : « Vas-y en premier, toi, Yvan, ce coup-là. » D’accord. Je suis entré, et un enfant d’environ quatre ans s’est aussitôt mis à hurler de terreur. J’ai pogné mon air…Pour en remettre, Marguerite et Daniel m’ont dit, le sourire moqueur, que c’était la première fois que ça arrivait. Drôle d’adon, ben oui…
Combattant sa gêne et ses craintes, Marguerite a fait un discours devant tout ce beau monde, disant qu’elle était honorée d’être là, etc. Il y a eu ensuite distribution de cadeaux à une trentaine d’élèves par les honorables invités que nous étions.
Comme de raison, je ne me suis pas senti très bien dans cette aventure : le bwana blanc important qui rend visite aux petits autochtones des pays pauvres. Mais Marguerite m’a raconté que Sukumar lui avait déjà expliqué le contexte de telles visites.
Paraît-il que ces gens se sentent d’une extrême fierté quand des gens comme nous, qui venons de très loin, prennent la peine de venir les visiter. Ça les rend importants, d’une certaine manière, et ça rehausse leur dignité. Vu de même, j’ai dit mouais…Ça a de l’allure, en tout cas. Mais quand même : non, Marguerite, ça ne veut pas dire pour autant que je ferai un discours à mon tour, devant la foule rassemblée ; oublie ça.
Et puis, le retour final vers Calcutta dans des chemins hyper cabossées (les rues de Montréal, genre, mais multiplié par vingt), et en slalomant comme d’habitude à travers tout ce qui roule et tout ce qui marche. Vers 16h30, j’admirais le coucher du soleil lorsque Santano nous a expliqué qu’il ne faut jamais rouler sur ces routes une fois la nuit tombée à cause des brigands qui arrêtent les autos et qui pillent tous leurs passagers. Après qu’il a eu terminé son discours, j’ai de nouveau regardé le soleil qui déclinait (maintenant trop) rapidement, et j’ai fait gloup !
--- Heu, Santano ? On est encore loin de Calcutta, dis-moi ?
On est entré dans la ville au crépuscule. C’est à croire que tout était calculé. Si c’était un adon, tant mieux.
Nous sommes de retour dans notre appartement, donc. On a passé la soirée à se faire des itinéraires possibles pour l’après-Calcutta, prévu après-demain.
Notre plan initial est en effet un peu perturbé. Ces temps-ci, à cause d’une fête nationale qui s’échelonne sur plusieurs jours, beaucoup de trains sont bookés d’avance ; ce qui nous procure un joyeux casse-tête. Nous avons imaginé quelques scénarios, mais il faudra en choisir un très rapidement, devant Internet, demain. Tâche qui, pour l’instant, et avec nos pensées envahies de fatigue, n’est pas du tout évidente.
J’espère pouvoir vous envoyer toutes mes chroniques demain. Pas facile non plus d’avoir accès au wifi… Excusez les délais…
Portez-vous bien, et à la prochaine !
Ici, Yvan, de retour dans la ville de la Cité de la Joie (mais j’ignore où est ce célèbre slum exactement – j’essaierai de le savoir)
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