Les maudits vents

Les maudits vents

(20) 23 juin 2018 - À plus de 1000 mètres d'altitude

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3 000 km avec une poussette (ou ma longue marche en solitaire dans les USA)

Chronique # 20 – À plus de 1 000 mètres d’altitude

Samedi soir, le 23 juin 2018

New Creek (Virginie-Occidentale, USA), sous le picnic shelter de la United Methodist Church Rees Chapel (New Creek Hwy)

 

Je suis sur le point de faire mon entrée dans le Maryland (voir la capsule encyclopédique à la fin de cette chronique)…

 

À moins d’un imprévu, je quitterai en effet la Virginie-Occidentale demain, dans le courant de la matinée. J’aurai donc traversé cet état du sud au nord en un peu plus de 8 jours. Ce qui n’est pas trop pire dans l’ensemble, si je tiens compte du détour que j’ai fait et du terrain accidenté qui a jalonné ma route. Et j’aurai fait environ 450 km pendant ce temps-là.

 

Mes trois derniers jours en Virginie-Occidentale – pour laquelle j’éprouve toujours une sorte de sentiment « amour / haine » (voir ma chronique précédente qui explique ce phénomène) – n’ont pas été de tout repos, par contre : de la pluie, de la chaleur, du froid, des côtes à pic, une rencontre désagréable (alternativement et/ou simultanément) ont été au rendez-vous.

 

J’en raconte ici les événements marquants, chronologiquement comme d’habitude…

 

Jeudi, le 21 juin 2018

 

Ce matin-là du 21 juin, je me suis réveillé dans la pénombre de ma chambre du Valley View Motel, à Mill Creek. Vous dire la sensation de bien-être qui m’habitait (étendu sur un matelas, dans des draps propres, et à l’air clim), ça ne se décrit pas. J’avais l’impression de me prélasser dans un club Med.

 

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Tellement que je ne voulais pas me lever. Et encore moins quitter cette chambre. D’autant plus qu’il pleuvait. Pas beaucoup, mais quand même…

 

À ma grande honte, j’ai fait la grasse-matinée. Une fois n’est pas coutume, que je me suis dit. Mais j’ai fini par prendre une douche, et je suis allé me gaver d’un copieux petit-déj dans le restaurant juste à côté.

 

Quand je suis sorti, il ne mouillait plus, mais les nuages étaient toujours extrêmement menaçants. C’est là que j’ai été aux prises avec un important problème de conscience… Est-ce que je restais dans ce paradis toute la journée à me prélasser ? Ou est-ce que je reprenais ma route malgré ce temps de chiotte ?

 

— Tu t’encroûtes, gros paresseux ! que je me suis alors admonesté. Tu t’embourgeoises ! Allez, un peu de nerf, fainéant !

 

Et j’ai écouté cette voix de ma raison : j’ai rempaqueté mon Pout-Pout, et je suis parti. Eh oui… Admirez la force de volonté, ici…

 

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Il était à peu près 7h30 lorsque j’ai fermé la porte de ma chambre du motel derrière moi (en faisant gloup). J’étais tellement peu habitué de partir si tard que j’ai eu l’impression que la moitié de la journée était déjà passée !

 

La première ville d’importance depuis longtemps que j’allais rencontrer sur ma route se nommait Elkins, et elle se trouvait à moins d’une trentaine de km. Normalement, j’aurais mis quelque chose comme cinq heures à m’y rendre. Ce coup-ci, ça m’en a pris environ deux de plus à cause d’averses qui m’ont obligé à faire trois arrêts dans des endroits de fortune, et à attendre là comme un plouc. J’avais le moral dans les talons.

 

Une chance qu’un charmant petit village historique (Beverley) a agrémenté mon parcours un moment donné.

 

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J’en avais besoin, car j’en avais un peu marre de la campagne, de la forêt sauvage et des bleds perdus.

 

Elkins était donc ma 1ère « grande » ville que je rencontrais depuis une éternité. Et quand on sait qu’elle ne comprend que 7000 habitants, ça prouve à quel point j’avais traversé des régions dépeuplées dernièrement…

 

J’en ai profité pour faire un arrêt dans un magasin de sport et acheter une paire de shooclacks neuve. Il était temps, je crois, de commencer à casser une nouvelle paire, car une des deux que j’étais en train d’user était sur le point de rendre l’âme.

 

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(En fait, cela s’avérera une très grosse erreur d’achat. J’ai fait ça trop vite. J’y reviendrai).

 

Pis, toujours à Elkins, j’en ai aussi profité pour arrêter dans un… dans un quoi ? Dans un MCDO ! Mon premier depuis Mathusalem ! Ronald, mon vieux pote, était vraiment content de me revoir. Et c’était réciproque.

 

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Mais tous ces arrêts m’avaient considérablement ralenti. C’était déjà le milieu de l’après-midi lorsque j’ai eu terminé de m’empiffrer de cheeseburgers. Je n’avais marché que 26 km depuis mon départ, et selon toutes probabilités, je n’allais pas en faire beaucoup plus cette journée-là, car le ciel menaçait de nouveau de me tomber sur la tête (par Toutatis).

 

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J’ai aperçu un shelter à la sortie de la ville. Étant donné les circonstances, l’abri était tentant. Je n’ai pas résisté à l’envie de m’y arrêter, au moins pour évaluer la place. Et j’ai finalement décidé d’y planter ma tente même si je n’avais que 32 km au compteur au total, cette journée-là. C’était mon record minimum de marche, je crois, de toute cette aventure – sinon, ce n’était pas loin. Pff…

 

Et une autre raison qui m’a fait arrêter là (comme si j’avais besoin d’un tas de raisons pour me justifier), c’était le nom de l’église à côté du shelter : elle s’appelait la Gospel Light Tabernacle.

 

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Non, mais ça ne s’invente pas, hein ? Ce nom bizarre évoquait vaguement mon Québec (devinez pourquoi).

 

Et puis, en m’installant et en attendant que quelqu’un vienne s’enquérir de ma présence, et en voyant la pancarte devant l’église qui annonçait qu’il y aurait une célébration ce soir-là, il m’est venu une idée… Je me suis dit que ce serait peut-être le fun d’assister à une messe gospel… Dans ma tête, cela devait nécessairement ressembler au film Rock’n nonne, avec Whoppi Goldberg

 

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J’ai fini par rencontrer l’assistant-pasteur. Il m’a donné la permission de rester sous le shelter, mais il a un peu tiqué à ma requête d’assister à la messe, comme s’il se demandait si j’allais mener le trouble. Il a accepté, mais j’ai bien vu dans son air que ça ne faisait pas trop son affaire.

 

J’ai été déçu de toute façon. Premièrement, je m’attendais à une assemblée de Noirs. Je m’excuse ici de cet énorme cliché gros comme le bras, mais c’était réellement comme ça que j’imaginais les messes gospel dans ma tête.

 

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En fait, ici, l’assemblée n’était composée que de Blancs. Et alors que je m’attendais – en plus – à écouter de la « soul music » du genre de celle qu’on entend dans les films Blues Brothers ou The Commitments, eh bien, ça ressemblait davantage à un mélange de messe à gogo et de country…

 

Ça fait que j’ai quitté avant la fin. Mon excuse, ce coup-ci, c’est que j’étais vanné et que je m’endormais. Je me suis retiré dans mes appartements en prenant discrètement la porte d’en arrière au beau milieu de Down by the riverside, chanté par tout le monde en chœur.

 

Ma seule consolation à propos de cette très décevante journée, c’était que j’étais à l’abri pendant que la pluie tombait encore sans arrêt. Même qu’à minuit, il y a eu une inondation monstre autour de ma cabane. Mais j’étais au sec.

 

C’était toujours ça…

 

Vendredi, le 22 juin 2018

 

J’ai compris cette journée-là pourquoi ça avait été si mollo, la veille : c’était sans doute pour me permettre de récupérer mes forces. Les longues côtes à pic m’attendaient en effet de nouveau dans le détour…

 

J’ai quitté la Gospel Light Tabernacle (décidément…) à mon heure habituelle – vers 6h00 –, sous un ciel toujours très menaçant, et j’ai pris une autoroute en sachant que celle-ci se transformait en une route ordinaire après une dizaine de km. Mais je n’ai pas marché dessus très longtemps, de toute façon : un pick-up s’est arrêté et son conducteur, Rodney, m’a proposé un lift.

 

Ça a été une agréable rencontre, mais qui n’a même pas duré quinze minutes (10 ½ km). Mais ça a été apprécié, car ça m’a fait gagner presque 1 ½ heure de marche un peu plate sur une autoroute. Lorsque Rodney m’a débarqué, celle-ci – l’autoroute – était d’ailleurs terminée, et nous étions revenus dans un chemin asphalté ordinaire.

 

Mais… Mais…

 

Mais dekessé que j’ai vu là, en mettant le pied par terre ?

 

Sauve qui peut ! Film d’horreur !

 

C’était…

 

Le retour des DRR-DRR

 

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Ben oui… Ça faisait un bon bout de temps que je n’en avais pas rencontrés. Alors, imaginez ma déception lorsque je me suis vu obligé de marcher directement sur la route à cause de ces fichus trucs – qui sont parfaitement inutiles, quant à moi ! Heureusement, ça a alterné pendant toute la journée entre leur présence et leur absence ; et le trafic était pas trop pire. Pour me remettre de mes émotions, j’ai fait un arrêt fast food Internet à Pearson (dans un McDo, bien sûr ! Hi hi !)

 

Et au bout d’une quarantaine de km depuis le début de ma journée, une autre surprise de taille m’attendait. J’ai frappé un mur, comme on dit. Ou plutôt une falaise !

 

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J’exagère, bien sûr. Pas une falaise. Mais une côte… Ce n’était pas tant sa déclivité (6 %) qui s’annonçait épuisante (quoique…), mais surtout sa longueur : 11 km non-stop.

 

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Mais je n’ai pas hésité une seconde à l’entreprendre pour ne pas briser mon élan de la journée. Mais mon élan a été brisé de toute façon. Ma vitesse a considérablement ralenti en tout cas – ben obligé. J’ai pris une éternité à la monter, pas après pas, et en poussant mon Pout-Pout à bout de bras.

 

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Ça a été la pire pente, je crois, depuis mon entrée dans les Appalaches. Et je crois également que j’ai atteint là la cime la plus haute de tout mon périple : 1083 mètres

 

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(les gens des Alpes et des Pyrénées, ne riez pas, s-v-p).

 

Lorsque je suis arrivé en haut, j’ai failli brailler en me rendant compte qu’il pleuvait. M’enfin, je croyais qu’il pleuvait, car je voyais au loin des gouttes d’eau tomber lourdement en diagonale. En fait, ce n’était pas de la pluie, mais des nuages fouettés par le vent ! Et je suis entré dedans, dans ces nuages, tel un ange m’enfonçant dans un monde astral…

 

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Je niaise… Je me suis simplement retrouvé comme un homme ordinaire qui entre dans une sorte de brouillard…

 

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Il ventait tellement à cet endroit que j’étais quasiment emporté dans la tourmente. Pis y faisait frette en titi. Et tellement frette, aussi, que pour la première fois depuis mon départ de La Nouvelle-Orléans, j’ai dû enfiler mon coupe-vent. Tabarnouche, moi qui ai tant sué à tous les jours, qui aurait prédit, pas plus tard que la veille encore, que j’en viendrais là ?

 

En haut, il y avait des éoliennes qui virevoltaient entre ciel et terre juste sur le bord de la route. Je les distinguais à travers la brume.

 

En passant : ce point précis où j’étais rendu, c’est exactement la photo que j’ai mise au début de cet article. Photo que j’ai évidemment épurée de tout son brouillard et de tout son ciel gris pour donner un meilleur aperçu de l’altitude où je me trouvais.

 

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Et puis ensuite, il y a eu la descente – pas trop pire – jusqu’à Thomas, une ville qui semblait pittoresque de loin, sur le flanc d’une colline, et à côté d’une rivière, mais qui, une fois dedans, s’est avéré plutôt très quelconque. J’ai trouvé un shelter municipal où j’ai pu installer mes pénates – très quelconque, lui aussi –, sans électricité, sans lumière sans rien (les jours passent et ne se ressemblent pas).

 

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Bilan de la journée : 45,5 km de marche + 10,5 km d’auto = 56 km

 

Comme la ville de Thomas se trouve à 925 m d’altitude, et comme il ventait toujours en tit péché d’Hérode, et comme c’était très humide, eh bien, il continuait à faire frette. Et j’ai dû passer la veillée – et même la nuit ! – avec mon coupe-vent et mes pantalons de nylon…

 

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En tout cas, j’étais arrivé à temps, car une cataracte n’a pas été longue à s’abattre sur le toit de ce shelter qui, si rudimentaire était-il, n’en a pas moins fait sa job pour me protéger.

 

Une courte anecdote, ici… Le shelter était érigé à côté d’une piste de course. Juste avant que la pluie ne commence à tomber, une femme est venue faire un jogging. On voyait qu’elle n’était pas vraiment habituée. Elle était habillée, non pas pour faire une course sur une piste, mais plutôt pour faire ses courses dans un centre d’achat. Et lorsque la flotte s’est mise à dégringoler (une cataracte, je le rappelle), plutôt que d’aller se réfugier vite fait dans son auto, elle a fait deux tours de piste supplémentaires dans son petit kit de ville…

 

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« Ils sont fous, ces Américains » que je me suis exclamé (dans ma tête)…

 

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Pour ma part, j’ai encore passé la soirée à étudier la carte de la Pennsylvanie (ce n’était pas la première fois, en effet), car mine de rien, j’étais pour faire très bientôt mon entrée dans cet état. Et ce n’était vraiment pas évident d’arrêter un trajet en tenant compte de l’état suivant (New York) et de ses Adirondacks…

 

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Samedi, le 23 juin 2018

 

Je n’avais pas eu ma leçon, faut croire. « Une tête de cochon », que je me traite d’ailleurs moi-même assez souvent…

 

Toujours est-il que je ne me suis pas arrêté à la station-service de Thomas avant de prendre la route ce matin, alors que j’en avais l’occasion, et alors que je n’avais pas mangé depuis la veille au soir. Je me suis dit que je le ferais en cours de route, à la première station-service que je rencontrerais. Ou à Gormania, au pire aller.

 

Mais où avais-je donc la tête ? Fort de ma traversée de la « grande » ville d’Elkins, hier, je m’imaginais sûrement que j’étais revenu dans la civilisation. Mais ce n’était malheureusement pas le cas.

 

Toujours est-il que je suis parti sans manger et que j’ai emprunté le chemin le plus court pour me rendre à Gormania (la 90).

 

Je savais que c’était une route secondaire... Mais pas à ce point !

 

En fait, cette route (qui longeait de très près la frontière du Maryland pendant un bout) était déserte. Et quand je dis « déserte », faut prendre ce mot au sens littéral. Elle était tout le long dans le bois. Et je rencontrais une auto à toutes les demi-heures en moyenne.

 

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En fait, je n’ai traversé qu’un tout petit bled vers les ¾ du trajet (appelé Bayard), mais dans lequel il n’y avait aucun commerce où me ravitailler. Et la faim a commencé à me tirailler dangereusement encore une fois. Si Gormania s’avérait comme Bayard, et si je ne trouvais rien à me mettre sous la dent à cet endroit, j’allais alors devoir continuer sur cette lancée pendant encore très longtemps. Je priais donc (en invoquant mon Ange gardien, bien sûr) pour que j’y trouve une place qui vendrait au moins quelques sacs de pinottes.

 

J’angoissais un peu à cause de ça, mais aussi pour deux raisons supplémentaires… 1) De gros nuages s’amoncelaient régulièrement au-dessus de ma tête, et je ne voyais pas où je pourrais me réfugier le cas échéant dans cette forêt. Et 2) Une douleur recommençait à se faire sentir sur ma cheville gauche, et je n’étais évidemment pas sans me demander si c’était le prélude à une autre infection !

 

Je suis finalement arrivé à Gormania  au bout de 4 heures de marche (environ 25 km) sans que la pluie me soit tombée dessus. Comme je m’y attendais, il ne s’agissait que de quelques maisons agglutinées à une intersection de routes dans le creux des montagnes.

 

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Mais – Dieu merci ! –, il y avait une station-service ! Et on y servait même des petits-déj. J’étais sauvé… Fiou…

 

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J’ai passé ma commande au comptoir, et lorsque j’ai été m’asseoir, j’ai été pris d’un vertige majeur. Tellement que j’ai dû m’appuyer sur les tables pour ne pas tomber par terre.

 

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J’en ai conclu que je m’étais arrêté juste à temps…

 

Tout en engouffrant mes œufs, mes saucisses, mon jambon et mes toasts, j’ai piqué une jasette avec mes voisins de table, leur disant mon intention de me rendre à New Creek, située à une quarantaine de km au nord-est. Ils m’ont appris que j’aurais une côte à monter drette en sortant d’ici (celle-là, je l’avais remarquée, mais merci de me le rappeler), ensuite que ce serait pas trop pire, mais (SURTOUT) que j’en aurais une heavy à descendre, un peu avant d’arriver à ma destination. Et ils m’ont dit ça en se regardant avec des petits sourires en coin.

 

Je me suis donc préparé mentalement à affronter l’apocalypse.

 

Après une marche sans histoire (sauf une courte averse de 15 minutes de laquelle j’ai pu me protéger sous un avant-toit), un écriteau est soudainement apparu :

 

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Voilà, j’y étais….

 

Et ça a été le début d’une longue descente en enfer – très mélodramatique, hein ?

 

Ben non, j’exagère (à peine), bien sûr.

 

En frais de difficultés, cette côte était quasiment la sœur jumelle de celle entre Durbin et Mill Creek, que je m’étais tapée deux jours plus tôt.

 

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J’aurais donc dû être habitué. Mais je ne l’étais pas vraiment… Aïe, les épaules ! Aïe le dos ! Aïe les genoux !

 

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Ça a duré 1 ¼ heure comme ça, mais une fois rendu en bas, ça a été du gâteau. Je me suis mis à longer une rivière, sur le plat, le long d’une colline. C’était super beau.

 

Mais même si c’était désormais facile, j’avais quand même hâte d’arriver. C’est pour ça que je flyais à plus de 7 km/hre (j’avais encore de l’énergie, faut croire), et que je me suis arrêté aussitôt que j’ai vu une église (mais surtout un shelter) sur le bord de la route.

 

Mon Pout-Poutomètre indiquait que j’avais complété 61 km aujourd’hui. J’aurais donc pu conclure cette journée en disant le traditionnel « tout est bien qui finit bien ». Mais ça ne s’est pas très bien terminé, justement…

 

Le pasteur de l’église demeurait à côté. J’ai frappé à sa porte. Il m’a écouté avec un visage d’emblée très suspicieux et rébarbatif.

 

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Il m’a finalement autorisé à m’installer sous le shelter de son église, mais je voyais très bien qu’il le faisait à contrecœur. Et il a refermé sa porte en me laissant planté là.

 

Il est sorti une heure plus tard, et il est venu me voir. Peut-être pour vérifier si j’étais en train de vandaliser une de ses tables de pique-nique. J’étais plutôt en train (encore) d’étudier ma carte de la Pennsylvanie, me demandant par quel chemin j’allais traverser cet état très bientôt.

 

Pour engager la conversation, je lui ai demandé conseil. Il m’a suggéré une route de façon quelque peu autoritaire (qui m’a agacé). Quand ça a été fini, il m’a dit (avec un air condescendant) : « Vous ferez bien ce que vous voudrez, mais moi je vous dis que c’est ça, le meilleur chemin ! » Et il m’a tourné le dos en retournant chez lui. Je ne l’ai plus revu de la soirée.

 

J’avais hâte de quitter cet endroit, tout à coup.

 

J’en suis là en ce moment. Pour conclure cette fin de journée désagréable, je m’inquiète pour ma cheville gauche, qui est toujours un peu douloureuse (mais par intermittences). Mais là, je suis surtout aux prises avec un mal de ventre difficilement endurable depuis une heure. Je me retiens même de vomir.

                                                        

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J’ai sans doute mangé quelque chose d’avarié tout à l’heure. Sans frigo dans mon Pout-Pout, c’est très possible. C’est même étonnant que ça ne me ce soit pas arrivé bien avant ça.

 

Hé, toi ! L’Ange gardien ! À quoi ça rime, tous ces désagréments à la toute fin de cette journée, hein ?

 

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Pas gentil, ça.

 

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 DU JEUDI 21 JUIN AU SAMEDI 23 JUIN 2018

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LA CAPSULE ENCYCLOPÉDIQUE

DES MAUDITS VENTS

 

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Comme je traverserai le Maryland demain, voici quelques infos sur cet état…

 

Population : environ 6,1 millions

 

La carte ci-dessous représente la répartition de la population sur l’ensemble du territoire : ça part du rouge (très densément peuplé – les agglomérations urbaines, pour ainsi dire) au vert (plutôt dépeuplé), en passant par le jaune (moyen).

 

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Comme on peut le constater, le vert n’est pas la couleur favorite de cet état…

 

Le Maryland tire son nom de « Mary » et de « land » ; ou, en bon français : « la terre de Mary ». Pas trop dur à retenir, celle-là.

 

Mais en apprenant cela, quelque chose m’a tout de suite intrigué : étant donné que le mot « terre » est féminin et que Mary est une femme, pourquoi alors dit-on « le » Maryland, et non pas « la » Maryland ? Curieux, non ?

 

La Mary en question était Henriette Marie de France, fille d’Henri IV et épouse du roi d’Angleterre Charles 1er. Une belle tite madame, je trouve personnellement.

 

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La capitale du Maryland est Annapolis, qui se trouve un peu dans le même coin que Washington et Baltimore, et ce qui en fait une région beaucoup trop peuplée à mon goût.

 

Les pèlerins sauvages que nous sommes tous les deux, mon chariot Pout-Pout et moi, avons donc pris soin de l’éviter carrément.

 

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Ci-dessous, la carte du relief du Maryland, et la route approximative que je prendrai pour franchir cet état :

 

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Le Maryland a vraiment une drôle de forme. Tellement qu’il est possible de le traverser de part en part en moins d’une seule journée de marche facile. Pour ça, il suffit de le franchir nord-sud (ou vice-versa) à peu près là où je l’ai fait moi-même… L’endroit le plus étroit fait à peine 4 km.

 

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Lisez le prochain épisode

de cette aventure

en cliquant ici

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Les bons, la brute et les truands

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09/11/2018
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