La conscience et sa place dans notre corps
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Avant-propos
Mise en scène : vous marchez seul·e sur la route d’une campagne peu achalandée...
Vous ressentez la chaleur du soleil sur tout votre corps. Vous entendez les ‘tits zoiseaux gazouiller autour de vous. Vous apercevez un ‘tit n’écureuil qui gambade dans les branches d’un arbre. Vous humez l’air de la terre labourée. Vous vous sentez bien. Vous êtes rempli·e de zénitude. Votre esprit se met alors à vagabonder. Vous vous souvenez d’épisodes heureux de votre jeunesse. Vous pensez ensuite à vos enfants et cela dessine un sourire sur vos lèvres. Puis, le voyage que vous ferez dans un mois vous revient à la mémoire. Cela vous excite et vous êtes maintenant en train d’en échafauder tous les préparatifs avec enthousiasme dans votre tête. Une marmotte traverse le chemin devant vous et vous ramène dans le temps présent. Et voilà que vous avez tout à coup la bizarre sensation « d’exister ». Ce qui vous emmène à méditer sur votre présence dans cet univers si vaste et si incompréhensible…
Bref, tour à tour et en vrac, et en quelques minutes à peine, vous avez PERÇU et DÉCODÉ votre environnement (avec vos sens), vous avez RESSENTI DES ÉMOTIONS (en lien ou non avec cet environnement) et vous avez RÉFLÉCHI sur votre petite personne.
Autrement dit, vous avez pensé.
Comment êtes-vous parvenu·e à faire tout cela en marchant ? Grâce à une faculté qui vous appartient en propre, mais qui vous est tellement naturelle que vous ne vous questionnez jamais sur sa présence « dans » votre corps. Et pourtant, cette faculté est absolument magique et devrait faire l’objet de votre plus important sujet de méditation quotidienne.
Il s’agit de votre conscience.
Sans votre conscience, vous existeriez, certes, mais vous ne le sauriez pas. Vous seriez physiquement quelque part, mais sans en avoir connaissance. Vous seriez comme quelqu’un atteint de la maladie d’Alzheimer. Du moins, c’est toujours comme ça que j’ai imaginé les pauvres victimes de cette maladie : des corps qui déambulent dans le monde, mais en l’absence de leur conscience.
La conscience
Ça, la conscience, et nonobstant son évidente et immanente présence dans nos vies, c’est un mystère incommensurable. À défaut d’expliquer son origine et sa présence, les philosophes, les religieux et les savants ont néanmoins tenté de la définir. Mais ils n’y sont pas vraiment parvenus, car à l’instar du principe de la Vie, le débat sur ce sujet-là suscite également de nombreuses et parfois très violentes querelles entre experts dépendamment de leurs sphères d’activités respectives.
Mai qu’à cela ne tienne, étant donné qu’il faut commencer quelque part, alors on pourrait dire très sommairement que la conscience, c’est « une faculté mentale qui nous permet d’appréhender de façon subjective (personnelle) les phénomènes extérieurs (à l’aide de nos 5 sens) ou intérieurs (en ressentant des émotions) et de nous questionner sur notre propre existence ».
J’ai l’air intelligent, comme ça, mais j’ai pris cette définition dans un site qui traite de philosophie. Je ne vous en donne pas l’adresse parce que je veux que vous restiez dans ma chronique qui est pas mal plus palpitante que ces textes savants là. Ha !
De toute façon, je trouve que cette définition est très restrictive. Elle laisse sous l’impression que la conscience n’est une particularité que de l’être humain. Pourtant les animaux aussi, par exemple, sont dotés d’une certaine conscience : ils perçoivent la nature autour d’eux (à leur manière) et ils ressentent également des émotions. Parlez-en à votre animal de compagnie, il vous le confirmera à coup sûr.
Je reprends donc cette définition en allant un peu plus loin et en faisant une comparaison entre 4 différents éléments que l’on retrouve au hasard sur notre planète : un être humain, un chien, un cactus et un rocher.
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Ils interagissent avec le monde extérieur |
Il n’interagit pas avec le monde extérieur |
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Ils éprouvent des émotions |
Ils n’éprouvent aucune émotion |
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Il est en mesure de réfléchir sur lui-même (même s’il ne le fait pas souvent !) |
Ils ne sont pas du tout en mesure de réfléchir sur eux-mêmes |
Conscience minérale
D’après notre connaissance sur le sujet, le règne minéral, dont le rocher fait partie, ne posséderait aucune conscience : il ne sait pas qu’il existe ; il ne réagit aucunement avec son environnement sauf lorsqu’il est soumis passivement à des lois chimiques (mais même dans ce cas, il ne s’en rend pas compte) ; il n’a évidemment aucune émotion vis-à-vis de rien ; et pire encore, il ne se dit pas lui-même : « Je suis un minéral, et je suis fier de l’être. ». Il se dit plutôt (peut-être) :
Conscience végétale
On dirait qu’un début de conscience ne fait son apparition qu’à partir du végétal – et donc de la Vie avec un grand V.
En tout cas, les végétaux, minimalement, « décodent » et réagissent en effet avec leur environnement. Les feuilles de certains arbres poussent en périodes de dégel, par exemple, et tombent en périodes de gel. Certaines fleurs se tournent spontanément vers le soleil quand celui-ci se montre le bout du nez. D’autres se ferment hermétiquement durant la nuit. Certaines plantes gobent des insectes en les enfermant dans leur estomac rempli d’acide dissolvant. Les roses et les cactus se défendent à leur manière contre les attaques des méchants.
Les végétaux ne ressentent toutefois aucune émotion.
Et je dis ça en sachant très bien que les New Age ne seront pas d’accord avec cette allégation. Mais c’est là un autre débat dans lequel je ne m’aventurerai pas aujourd’hui.
Conscience animale
Et que dire maintenant des animaux ? On dirait, quant à eux, question conscience, qu’ils sont un cran au-dessus des végétaux. Ils réagissent eux aussi avec leur environnement, mais en plus, ils ressentent des émotions. Des émotions basiques, mais quand même : la peur, la souffrance, la colère… Et ceux qui sont en contact direct avec les êtres humains sont capables d’en exprimer de plus subtiles encore, dont la joie, la tristesse, et même l’amour. Les millions de mignonnes vidéos d’animaux qui circulent sur Facebook semblent en tout cas le démontrer.
Cute…
Conscience humaine
Et l’être humain alors ? Ah ben, là, avec l’être humain, on grimpe encore d’un rang plus haut dans l’échelle de la conscience. L’être humain interagit tout d’abord lui aussi avec son environnement – il le détruit même sans aucun remords.
Il ressent ensuite un ensemble impressionnant d’émotions différentes au creux de son body : joie, plénitude, colère, déprime, confusion, honte, impuissance, effroi, tristesse, jalousie, etc. Il en est même bien souvent l’esclave.
Mais la différence fondamentale entre l’être humain et tout le reste des animaux sur la Terre c’est que l’humain, lui, sait qu’il est un être vivant à part entière. Il peut dire « JE SUIS ». Et il ne se gêne généralement pas pour le faire.
C’est le seul – animal – qui fait ça. Les autres, s’ils pouvaient parler ne diraient pas « je suis un tigre » ou « je suis un cheval » en se désignant du bout de leurs griffes ou de leurs sabots. Ils diraient plutôt quelque chose comme : « nous sommes des tigres », « nous sommes des chevaux ».
Ha ! Je sais que c’est facile de prétendre ça étant donné que les animaux ne parlent pas pour dire eux-mêmes ce qu’ils ont à dire. Mais il n’en reste pas moins que l’être humain est l’unique animal qui est capable de faire de l’introspection, de réfléchir et de décider lui-même de ses faits et gestes. Les animaux sont tous mus, eux, par les instincts qui sont propres à leurs espèces respectives. Ils ne raisonnent pas avant d’agir : ils répondent plutôt automatiquement à des stimuli innés, ou appris par le dressage.
Et l’intelligence, là-dedans ? Je sais pas. Parait que l’intelligence est seulement due au volume de notre cerveau qui a eu la « chance » de se développer plus rapidement que celui des autres espèces au cours de l’évolution.
Personnellement, j’ai plutôt tendance à penser que notre intelligence n’est qu’une conséquence de cette faculté que nous avons développée – celle « d’avoir pris conscience de nous-mêmes » –, et qui nous a permis de réfléchir sur notre environnement, sur notre condition et sur notre sort.
Mais qui suis-je, moi, pauvre homme de la rue pour affirmer une telle chose ? C’est pour ça que je n’insiste pas davantage. Pour ça, oui, et pour 2 autres raisons : 1) parce que je n’ai aucun argument pour étayer cette allégation ; et 2) parce que ce n’est pas le réel propos de cette chronique.
Je veux plutôt en venir à ceci : où donc est-elle située, cette fichue conscience, dans ce fichu corps qu’est le nôtre ? Où sont nos pensées ?
La conscience et le cerveau
Où se trouve notre conscience ? Facile : dans notre cerveau, bien sûr ! Il n’y a pas à en douter un seul instant.
Et pourquoi ne peut-on pas en douter un seul instant ? Il y a plusieurs raisons.
Tout d’abord parce que quand nous pensons, nous le faisons dans notre tête. Et qu’est-ce qu’il y a dans notre tête ? Notre cerveau.
Ensuite, parce que toutes les connexions nerveuses qui partent de nos 5 sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goûter et le toucher) aboutissent toutes dans notre cerveau qui traite les informations captées de l’extérieur. Notre cerveau, c’est l’ordinateur central. Or, a-t-on déjà vu la mémoire vive d’un ordinateur dans l’un de ses périphériques ?
Et puis, autre argument : parce que quand notre cerveau est branché sur tous les instruments des scientifiques et que ceux-ci observent ce qui se déroule dans nos méninges pendant que nous stimulons nos 5 sens, que nous résolvons mentalement des problèmes complexes et que nous ressentons des émotions vives, eh bien ils voient toutes sortes de couleurs s’allumer sur leurs écrans : là, dans notre cerveau, et pas ailleurs. Alors, de toute évidence, c’est vraisemblablement là que la pensée se manifeste.
Et finalement, si tous les arguments précédents n’étaient pas suffisants, la raison ultime, c’est parce que c’est ça qu’on nous enseigne à l’école depuis des siècles.
Le sujet est clos.
Et cette conception des choses n’est pas près de changer. Dans le fameux site de philosophie que j’évoquais tout à l’heure d’où j’ai pris ma définition de la conscience, et dont je ne veux toujours pas vous donner l’adresse, on peut lire également ceci – toujours à propos de la conscience : « L’un des grands défis des neurosciences cognitives est l’étude [des] mécanismes qui permettent au cerveau de réaliser cette faculté » (surligné en gras par moi-même).
La science tient donc pour acquis aujourd’hui que la conscience se trouve dans le cerveau. Même les philosophes semblent d’accord avec ça. Et non seulement, selon eux, le cerveau est-il l’habitacle de la conscience, mais bien plus que ça encore : le cerveau, par des procédés biochimiques et électriques, fabrique lui-même cette conscience !
Pour ma part, j’ai beau essayer d’accepter cette affirmation et je n’y arrive tout simplement pas. Je ne peux concevoir que des molécules se percutent dans mon cortex, que des petits courants électriques se forment et bong ! qu’une image quelconque apparait dans ma tête, et bong ! qu’un souvenir jaillit, et bong ! que je me mets à monologuer intérieurement sur toutes sortes de sujets qui m’intéressent… Et bong ! comme ça, sans arrêt…
Formation hypothétique de l’image d’une table dans le cerveau à partir de collisions de molécules
Comment des molécules peuvent-elles être responsables de l’apparition de nos pensées ? On ne le sait pas encore, mais ce n’est vraisemblablement qu’une question de temps avant qu’on y parvienne. « On » excluant bien sûr la personne qui parle (moi), ainsi que les 99,99 % de la population qui ne sont pas docteurs ès sciences. Ce qui laisse ce privilège à une toute petite clique de bien-pensants de nous expliquer à nous, les ignares, la raison de notre présence ici-bas.
Matérialisme
En réalité, tout cela n’est qu’une théorie qui n’a jamais été prouvée. Mais une théorie qui semble néanmoins indécrottable dans l’univers de la science depuis l’avènement de celle-ci voilà plus de quatre siècles.
Avant, l’on croyait que le siège de la conscience était « l’âme », une sorte de fluide immatériel qui imprégnait l’organisme et qui était responsable de la Vie et de la conscience de l’Homme. Mais quiconque se serait risqué à vouloir comprendre cette âme et à poser des questions pertinentes – mais embarrassantes – à son sujet aux autorités religieuses de l’époque aurait terminé ses jours vite fait en tant que méchoui dans un festival de musique grégorienne.
Avec l’avènement de la science, il s’est produit un revirement complet : l’âme, désormais, a subitement cessé d’exister. Elle n’est plus maintenant qu’une vulgaire superstition. Le corps est devenu une espèce de machine – complexe, certes, mais une machine quand même – qui peut dorénavant se mouvoir toute seule par l’unique force de sa propre volonté. Et qui se fabrique toute seule également. Et qui fonctionne simplement selon les lois de la mécanique et de la biochimie. Une sorte de robot qui s’auto-construit, genre : un robot qui s’auto-programme et qui s’auto-entretient et qui a même trouvé le moyen de réfléchir par lui-même en se créant mécaniquement et biochimiquement une conscience.
Non, ce n’est pas de la science-fiction. C’est ce qui s’appelle, en gros, la philosophie du matérialisme. Cette façon d’envisager l’univers stipule que toute chose est composée de matière et que tous les phénomènes de la nature sont le résultat d’interactions matérielles (physique, chimique, mécanique…). Incluant la Vie.
Et cette philosophie – ou cette croyance, je dirais plutôt – a toujours cours aujourd’hui dans les couloirs des laboratoires scientifiques. La découverte de l’ADN et de son fonctionnement – au début des années 50 – a d’ailleurs renforcé notre foi en cette doctrine au-delà de toutes limites.
Au point tel que les fameux gènes sont devenus depuis lors la panacée qui explique apparemment tous les mystères de la Vie. Depuis la découverte des gènes, on est en effet convaincu d’être sur la voie de mettre à jour la cause ultime de tous les phénomènes du Vivant – et plus, même peut-être. J’en cite ici quelques-uns : sa création à partir de l’ovule fécondé, sa fabrication de A à Z, sa structure, sa raison d’être, toutes ses maladies et leur éradication, la fontaine de Jouvence, la coupe du Graal, l’explication des trous noirs dans les confins de l’univers et ce qu’il y avait avant le Big Bang.
J’exagère à peine. Je reviendrai sur le sujet de l’ADN et des gènes dans une autre (palpitante) chronique en présentant cette star des stars du fonctionnement complet de l’humain. Restez à l’écoute.
Pour en revenir à la conscience, les scientifiques, qui ne croient ni à Dieu ni à Diable ni à rien qui ne puisse être mesuré en laboratoire ou mis en équations, eh bien cette conscience ne peut être obligatoirement que le résultat de lois mécaniques et biochimiques, et elle ne peut être logée ailleurs que dans le cerveau qui, du coup, est l’organe qui la fabrique nécessairement.
Personnellement, je suis extrêmement sceptique. Et cela ne date pas d’hier.
On va peut-être me trouver précoce, mais c’est à l’école secondaire (au lycée), durant mon cours de biologie, en disséquant un cerveau de mouton puant le formol, que je me suis demandé pour la première fois quelles étaient les molécules magiques qui formaient mes pensées.
Et plus que ça encore, je me suis dit à peu près ceci : « Si mes pensées sont dans mon cerveau et qu’elles sont le résultat de réactions biochimiques, dans ce cas comment se fait-il que je les voie ? Pourtant, je ne vois pas l’intérieur de mon corps. Et encore moins l’intérieur de mon propre crâne – ses circonvolutions et ses neurones. Mais comment se fait-il que j’aie alors accès à une sorte de vision des réactions chimiques que ce même cerveau produit à cet endroit-là ?
Ces questions me turlupinent depuis ce temps. Et j’ai lu beaucoup d’articles vulgarisés pour tenter de trouver des réponses. Sans jamais de succès. Et s’il est une explication qui ne m’a jamais convaincu, c’est bien celle qui prévaut : celle des matérialistes.
Je ne suis pas un scientifique, d’accord. Et je n’y connais à peu près rien en biochimie – je l’avoue humblement. Mais mon bon sens me dit que de continuer à tenter de démontrer que notre conscience et nos pensées ne sont que des réactions moléculaires et des courants électriques sera toujours voué à l’échec.
M’enfin…
Hérésie scientifique
Il y a une petite tendance en ce moment. Oh, très légère, entendons-nous. Une sorte de minuscule grain de sable dans le monde scolastique de la science. Une simple crotte de mouche. Une marginalité. Presque une excentricité. Mais qui augure peut-être néanmoins un déblocage de ces paradigmes scientifiques qui ne semblent mener nulle part. On verra.
Certains savants commencent en effet à remettre publiquement cette doctrine matérialiste en question. Sans doute plusieurs le font-ils dans leur for intérieur, chez eux, dans leur salle de bain lorsque la porte est fermée, sans en parler en personne, convaincus qu’ils perdraient irrémédiablement leur crédibilité s’ils s’ouvraient la trappe. Mais d’autres osent maintenant le faire à voix haute. Une toute petite minorité.
Pour être pris un peu au sérieux, par contre, ces scientifiques doivent impérativement être déjà reconnus et respectés dans leurs sphères d’activités. Et ils doivent appuyer leurs dires en se servant de la sacro-sainte méthode scientifique et en faisant reposer leurs hypothèses sur de solides équations. De cette façon, certains parviennent à être écoutés sans être (trop) ridiculisés. C’est le cas, entre autres, du physicien français Philippe Guillemant (je mettrai une vidéo le concernant à la fin de cette chronique), mais il y en a d’autres.
Philippe Guillemant
Ces gens osent en effet reconsidérer le modèle matérialiste et déterministe qui a cours encore aujourd’hui concernant – au moins – les fondements originels de la Vie et de la conscience. Modèle, tout d’abord, qui n’a jamais été prouvé après des centaines d’années de recherche, font-ils remarquer. Et modèle qui n’est jamais parvenu à rien expliquer (de fondamental) de toute façon, rajoutent-ils – et avec raison, il me semble.
Ce qu’ils prétendent, en gros, c’est qu’il est impossible que la Vie – cette Vie si infiniment complexe – se soit créée toute seule par hasard à partir de simples réactions biochimiques aléatoires. Et qu’il est également impossible que cette même Vie réussisse l’incommensurable tour de force de coordonner des milliards de milliards de réactions à la seconde dans notre corps en tenant compte des mêmes lois de la chimie. Selon eux, il faut absolument qu’il y ait un « fluide », une « force », une « énergie », qui interpénètre cette matière vivante et qui l’anime.
À noter qu’ils osent presque prononcer le mot « âme », étant donné que le fluide en question ressemble étrangement à ce concept qui a existé de tous les temps.
Mais d’âme ou de fluide ou de force ou d’énergie sous-jacente à la Vie, ils n’en ont pas encore trouvé la moindre trace. De là leurs difficultés à être écoutés et pris au sérieux. « Pas grave », disent-ils : les scientifiques n’ont jamais prouvé eux non plus la réalité de la philosophie matérialiste.
La conscience en tant que cause première
Philippe Guillemant en est venu, lui, à cette conclusion à la suite – entre autres – de ses travaux sur l’intelligence artificielle et de ses expériences personnelles en rapport avec le phénomène de la synchronicité.
Et il est allé encore plus loin. Selon lui, pas plus qu’un organisme vivant ne construit et maintient sa cohésion moléculaire de son propre chef, pas plus le cerveau ne construit et maintient la conscience de cet organisme.
Tout cela serait l’œuvre d’un Grand Coordonnateur – cette expression est de moi : le « fluide » mentionné précédemment, ou « l’âme », pour le nommer de façon téméraire. Guillemant l’appelle lui-même la Conscience – avec un C majuscule
Dans ce cas, non seulement la conscience ne serait pas fabriquée par le cerveau, mais ce serait exactement le contraire qui se passerait : c’est la Conscience qui aurait fabriqué le cerveau et qui maintiendrait sa structure en activité jusqu’à sa mort. Le cerveau et tout le reste du corps, par le fait même. Le corps ne serait alors que le véhicule de cette Conscience pour naviguer dans le monde matériel. Et le cerveau, lui, serait l’organe sophistiqué de notre corps qui assurerait le relai entre notre Conscience et l’environnement matériel – dans les deux sens : une sorte de salle de contrôle.
Jetons froidement un coup d’œil sur les deux hypothèses (celle du matérialisme et celle de cette nouvelle interprétation) en faisant une analogie :
Cerveau = automobile
Conscience = conducteur
Une analogie qui fait très simpliste, je sais, je sais.
Hypothèse 1 (celle qui a toujours prévalu jusqu’à maintenant) |
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L’auto s’est préalablement construite elle-même, au hasard des rencontres moléculaires, selon les principes de la mécanique |
Le cerveau s’est préalablement construit lui-même, au hasard des rencontres moléculaires, selon les principes de la biochimie |
L’auto a ensuite construit un conducteur |
Le cerveau a ensuite construit une conscience |
L’auto s’occupe de sa propre maintenance quotidienne ainsi que de celle du conducteur |
Le cerveau s’occupe de sa propre maintenance quotidienne ainsi que de celle de la conscience |
L’auto laisse ses propres clés au conducteur qui peut ainsi aller où il veut |
Le cerveau laisse la liberté à la conscience de penser ainsi ce qu’elle veut |
Mais le conducteur fonctionne uniquement grâce à la volonté de l’auto ; quand celle-ci rend l’âme, le conducteur disparait avec elle |
Mais la conscience fonctionne uniquement grâce à la volonté du cerveau ; quand celui-ci rend l’âme, la conscience disparait avec lui |
Hypothèse 2 (celle qui tente de faire une percée) |
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Le conducteur est là ; il vient d’on ne sait où, mais il est intelligent |
La conscience est là, elle vient d’on ne sait où, mais elle est hyper-méga-intelligente |
Le conducteur a ensuite construit l’auto selon les principes de la mécanique |
La conscience a ensuite construit le cerveau selon les principes de la biochimie |
Le conducteur s’occupe de la maintenance quotidienne de l’auto |
La conscience s’occupe de la maintenance quotidienne du cerveau |
Le conducteur conserve les clés de l’auto et va où il veut |
La conscience conserve le contrôle du mécanisme du cerveau et pense ce qu’elle veut |
L’auto fonctionne uniquement grâce à la volonté du conducteur ; quand celui-ci se retire comme il était venu, l’auto est bonne pour la casse |
Le cerveau fonctionne uniquement grâce à la volonté de la conscience ; quand celle-ci se retire comme elle était venue, le cerveau meurt |
L’hypothèse 2 contient un mystère insondable de base : d’où viennent le conducteur et la conscience ? Mais cela mis à part, il faut bien convenir qu’elle est la plus logique des deux. Et si la Vie est logique elle aussi (ce qui reste à prouver, je sais, je sais), eh bien personnellement, j’opte pour celle-ci – la 2e. Ce qui, en plus, nous ouvre à nous les Humains, un avenir pas mal plus intéressant et motivant que la 1ère du fait que nous ne serions pas que de vulgaires machines appelées à disparaitre dans le néant une fois morts, mais plutôt « quelque chose » de plus vaste que nous-mêmes – la conscience – et peut-être même « quelque chose » d’immortel.
Et la question de tout à l’heure, alors ? Où donc est située cette fichue conscience, dans ce fichu corps qu’est le nôtre ?
En admettant qu’elle ne soit plus uniquement dans le cerveau, alors voilà : dans ce cas, elle se trouverait dans l’un des trois endroits suivants :
1) à l’extérieur du corps ;
2) à l’intérieur du corps (mais partout, et pas seulement dans le cerveau) ;
3) à la fois à l’extérieur et à l’intérieur du corps.
Les paris sont ouverts.
Les nouveaux gourous de l’irrationnel
Ce fluide, cette énergie, cette conscience, cette âme (appelez ce concept comme vous voulez)… a existé de tous les temps, disais-je. Et cette notion a été plus ou moins abandonnée lorsque la Science est devenue graduellement toute puissante à partir du XVIIe siècle.
Sauf pour les religieux qui ont tenu bon en continuant d’affirmer envers et contre tous que la conscience et l’âme étaient la même chose.
Ce concept a été repris un peu plus tard par le New Age
Ceux-ci ont toutefois élaboré davantage le sujet en compliquant énormément la chose avec des notions de corps éthérique, de corps astral, de corps mental, de corps atmique, de corps bouddhique, de corps causal, et de bien d’autres appellations. Tout ça agrémenté de chakras, ou de centres énergétiques, ou de fleurs de lotus à pétales de roses, et de mondes inférieurs, intermédiaires, supérieurs, à gauche, à droite, obliques, et de couleurs psychédéliques. Et en se servant bien sûr à tout crin de la terminologie de la physique afin de rendre le tout très sérieux : vibrations, énergie, multivers, trous noirs, univers quantique…
Évidemment, dans le monde de l’invisible et du « non prouvable », sky is the limit. Et beaucoup de New Age ne se privent pas une miette pour s’en donner à cœur joie au gré de leur imagination et de leur soi-disant clairvoyance. Au détriment de la Vérité qui se trouve peut-être quelque part dans ce fatras d’informations.
Cela dit, si les « scientifiques spirituels » prenaient leur envol, la chose curieuse qui se produirait peut-être dans le futur à propos de la réelle teneur de notre conscience, c’est que nous reviendrions à cette notion d’âme, ou d’énergie ou de fluide, et ce, grâce aux savants ! Ce qui serait vraiment ironique.
Si cela devait se produire, ce serait sans doute une bonne chose. Mais j’aurais néanmoins une petite crainte.
Je raconte ma récente expérience…
Lorsque j’ai découvert le fameux physicien Philippe Guillemant dont je parlais précédemment, je me suis mis à écouter ce qu’il avait à dire. Et sur le coup, j’ai été emballé. J’étais subjugué par le fait que ce bonhomme était un PHYSICIEN et qu’il faisait carrément référence à des trucs métaphysiques, mais en utilisant la SCIENCE comme cadre référentiel et comme garde-fou pour ne pas sombrer dans les élucubrations habituelles. La « science exacte », oui : celle qui peut être prouvée en laboratoire et par des équations. Bref, du fait de son statut d’homme de science bardé de tous ses diplômes universitaires en physique (et non de petits stages de week-end en physique quantique ésotérique), et du fait également qu’il discutait avec l’assurance tranquille de celui qui est sûr de lui, eh bien j’ai eu tendance à embarquer dans ses théories les yeux fermés et à le suivre comme s’il était Dieu le Père.
Mais je me suis heureusement ressaisi. Ouf…
En fait, je me suis aperçu que je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il disait, finalement : la réalité n’existe pas / la matière n’existe pas / le temps n’existe pas / le futur est pareil au passé / le futur est déjà écrit / lorsque le futur se modifie, le passé se modifie aussi /, l’univers n’existe pas / l’univers (qui n’existe pas) comporte six dimensions supplémentaires / etc. Je n’y comprenais pas grand-chose, non, mais en même temps, je gobais tout ça comme de l’argent comptant juste à cause de sa crédibilité de savant.
Et en plus, je ne m’étais pas vraiment rendu compte qu’il était passé un moment donné de la physique rigoureuse, mais incompréhensible et ultra-abstraite, à l’ésotérisme et même à la spiritualité pure et simple.
Bref, j’ai réalisé que j’étais peut-être en train de me faire emberlificoter parce que cet homme était un scientifique, et que ceux-ci, aujourd’hui, sont devenus les gourous de la réalité et qu’il faut les suivre sans poser de question… De toute façon, des questions, on ne peut pas vraiment leur en poser, car nous ne nageons pas nous-mêmes dans ces mondes d’abstractions que sont le vide quantique, les trous de ver et autres concepts complètement pétés.
Et si nous osons leur en poser – des questions –, nous avons l’air parfaitement idiot et naïf.
Ma crainte découle de deux préalables qui m’apparaissent bien réels :
1) La Science est sûre d’elle-même, et elle est convaincue de la rigueur de sa démarche.
2) Et pourtant, à force de jouer les apprentis sorciers et de se prendre pour Dieu, elle a quand même failli entrainer la planète sur le bord de sa destruction – et le danger est d’ailleurs toujours bien présent. Autrement dit : elle n’est pas omnisciente, car elle se trompe souvent.
Alors, voilà : en sachant cela, et si, en plus, elle commence à se mêler de métaphysique, je sais pas trop où elle pourrait nous mener, cette fois.
Mot de la fin
Cette chronique se voulait juste – et de nouveau – une prise de conscience. Une prise de conscience sur la conscience. Hi hi !
Si je suis parvenu à mon but et que j’ai réussi à vous ébranler (ha !), dans ce cas j’ai peut-être enlevé un stress sur vos épaules. Mais oui : si la conscience n’est pas une fabrication biochimique du cerveau et si elle se trouve dans une autre dimension que celle où se trouve notre corps physique, alors ça veut nécessairement dire (non ?) qu’elle survivra à la mort. Et que lorsque cet événement surviendra, nous nous retrouverons dans cet autre univers pendant que notre corps, lui, se décomposera.
NOUS CONTINUERONS D’EXISTER.
N’est-ce pas une bonne nouvelle, ça ?
Me semble pour ma part que c’est une nouvelle incommensurable…
Comme promis, ci-dessous une entrevue de 43 minutes avec le physicien mouton noir Philippe Guillemant. Si ses propos vous intéressent, écoutez ses conférences et interviews ailleurs sur YouTube, et bonne chance !
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