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Dimanche, le 31 mai 2020
Un autre sentier méconnu, celui-là. Peut-être parce qu’il n’est pas à la porte. Il se trouve en effet à la frontière de la Mauricie, entre Québec et Trois-Rivières, à une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau du fleuve Saint-Laurent, à l’intérieur des terres. Plus précisément à Notre-Dame-de-Montauban.
C’est un peu long pour s’y rendre, en effet (environ une heure de route de Trois-Rivières), mais ça vaut la peine. Ça vaut la peine parce que la nature est très belle, certes, mais aussi parce que, étant donné qu’il est justement méconnu, ben la foule ne s’y bouscule pas, pis qu’on y marche dans la sainte paix.
La journée d’aujourd’hui était presque idéale pour se le faire : alternance soleil-nuages, et 7°C à midi. Certains considéreraient par contre que 7º, c’est un peu frisquet, mais personnellement, je trouve que c’est le top du top pour une ‘tite marche en montagne et pour que les bibittes ne nous achalent pas. Ça a été juste dommage qu’il y ait eu ce vent de la mort en haut de la montagne sur l’heure du lunch…
* * * * *
Le sentier du mont Otis représente la plus petite partie d’un plus vaste ensemble ; un peu comme le principe d’une poupée gigogne.
J’explique…
1) À la base, il y a le Sentier national du Québec, qui traverse le Québec en entier d’ouest en est – ou vice-versa –, et qui passe par la Mauricie.
2) La partie du Sentier national du Québec en Mauricie comprend – pour le moment – 9 tronçons homologués.
3) L’un de ces tronçons – celui le plus à l’est – porte le nom de Sentier Montauban. Il mesure 17,4 km. Il part du Parc des Chutes, à Notre-Dame-de-Montauban, à l’ouest, et se termine au Lac Carillon, dans le Parc naturel régional de Portneuf, à l’est – ou vice-versa, encore une fois.
4) Le sentier du mont Otis, c’est la 1ère partie de ce Sentier Montauban. Vous me suivez ? J’espère bien, parce qu’il me semble avoir très bien expliqué la patente. En voici la carte officielle :
L’on aura peut-être remarqué que ce sentier porte le nom officiel de « Sentier national / Section Notre-Dame-de-Montauban ». En fait, le « sentier du Mont Otis », c’est son nom populaire. Il est lui-même composé d’une suite de petits sentiers qui s’enchainent à la queue leu leu, et qui portent différents noms (voir la légende sur la carte).
* * * * *
Nous avions le choix entre deux points de départ : celui du Parc des Chutes, ou celui (un peu plus loin) du camping Cohabitat Mont Otis.
Ceux qui veulent se rendre rapidement en haut de la montagne, il est préférable de choisir le départ à partir du camping : vous prenez alors le sentier Soleil (numéro 7, en bleu, sur la carte), et après une petite marche (incluant une montée) de 1,4 km, vous aboutissez sur le sentier du Mont Otis (numéro 5, en rouge). Et seulement que ½ km plus loin, zap ! vous êtes déjà rendus au sommet.
Pour notre part, nous avons préféré prendre le chemin des écoliers en nous stationnant au Parc afin d’admirer les chutes de la rivière Batiscan avant la montée.
Voici donc notre trajet détaillé de la journée :
Aller |
Retour |
||||
Sentier |
Numéro |
# km |
Sentier |
Numéro |
# km |
Parc des Chutes |
1 |
0,90 |
Passe à Ti-Fred |
7 |
0,15 |
de la Rivière |
2 |
0,43 |
des Anges |
3 |
3,12 |
des Anges |
3 |
3,12 |
de la Rivière |
2 |
0,43 |
des Fées |
4 |
0,53 |
Parc des Chutes |
1 |
0,90 |
du mont Otis |
5 |
0,58 |
|
|
|
SOUS-TOTAL |
5,56 km |
SOUS-TOTAL |
4,60 km |
||
GRAND TOTAL |
10,16 km |
Remarquez que nous aurions pu aussi nous rendre jusqu’au lac-des-Pins (sentier numéro 6 sur la carte), mais nous avons laissé faire pour ce coup-ci.
Niveau de difficulté : de facile au début (plat) à intermédiaire lorsqu’on quitte la rivière pour s’enfoncer à l’intérieur des terres. Le plus difficile, bien sûr, est la portion de la montée du Mont Otis.
Mais chaque chose en son temps…
* * * * *
Pour le moment, ça a été le départ tout au bout du petit Parc des Chutes. Et c’est justement cette piste-là – celle du Parc des Chutes (1) – qui est la plus spectaculaire.
À cet endroit-là, la rivière Batiscan se transforme en effet en rapides pendant quelques centaines de mètres. Et le sentier longe ce grandiose phénomène de la nature. Pis en plus, aujourd’hui, avec la crue du printemps, c’était une véritable cataracte. De toute beauté.
Vers le milieu de ces rapides, l’eau se jette en bas de rochers en une chute qui s’appelle « la chute du 9 ». Drôle de nom, hein ? C’est parce qu’il s’agissait du 9e portage que les voyageurs de l’ancien temps devaient effectuer lorsqu’ils remontaient la rivière Batiscan à partir de Saint-Stanislas.
Mais y’a pas grand monde qui l’appelle comme ça. Elle est davantage connue sous le nom de la « chute du 5 dollars » ou (encore plus communément) la « chute du 5 piasses ». Et pourquoi qu’elle est surnommée comme ça, cette chute ? Pour comprendre, il faut remonter loin en arrière.
Il fut un temps, jadis, en effet, quand j’étais jeune, le billet de 5 dollars canadien avait ce look-là :
Comme on peut le voir, pays du Dominion britannique oblige, au recto, il y avait le traditionnel buste de la reine d’Angleterre (lorsqu’elle était jeune). Et au verso, il y avait une chute. Eh bien, on a longtemps cru (ou prétendu) que cette chute était celle de la rivière Batiscan, à Montauban : celle-là même qu’on peut admirer dans ce sentier.
Chute du 9 (chute du 5 dollars), rivière Batiscan, Notre-Dame-de-Montauban
En fait, c’était une légende urbaine. La fameuse chute dessinée sur cet ancien billet de 5 dollars était plutôt la chute Otter, sur la rivière Aishihik, dans le sud-ouest du Yukon, à quelque 4200 km d’ici à vol d’oiseau.
Otter Falls, Aishihik River, Yukon, Canada
La rumeur n’a toutefois jamais vraiment été démentie, car la région bénéficiait d’un petit boom touristique grâce à ce mensonge pieux. De toute façon, cette fable continue d’ailleurs encore aujourd’hui d’attirer les touristes même si plus personne n’est dupe.
Bon, cela dit,
À la hauteur de la fameuse chute du 5 dollars, les responsables du Parc ont construit une passerelle qui nous permet de nous promener au-dessus des flots mugissants.
Excellente initiative, évidemment. Juste ça, ça vaut le détour.
On a vite fait le tour, par contre. C’est pour ça que les amoureux de randos doivent prolonger leur plaisir en enchainant sans hésiter les sentiers 1 et 2 avec le 3e. À partir du sentier numéro 3 – le sentier des Anges –, on quitte la rivière et sa cataracte pour s’enfoncer dans le bois, pis pour se diriger vers le mont Otis.
La 1ère partie se fait tranquillement pout-pout. C’est à partir de la 2e partie que ça commence à monter. Plus précisément à partir du « km 4 » sur la carte. Pis plus ça avance, plus c’est soutenu. Faut y aller mollo et se garder de l’énergie.
Vers le ¾ de la montée, on arrive à une intersection et on a un choix à faire :
1) ou bien, on prend à droite dans la « passe à Ti-Fred » (numéro 8 sur la carte) pour se rendre directement en haut après une montée soutenue de 150 mètres ; ce qui est rapide – si on est en forme ;
2) ou bien on continue tout droit en faisant une sorte de détour de 1 km (via les sentiers des Fées et du mont Otis) qui mène au sommet, mais de façon plus mollo.
Nous avons choisi l’option 2. Et je ne l’ai pas regretté. En faisant ça, nous avons longé une muraille de granit qui valait le détour.
Je dois ici préciser quelque chose : une petite anomalie…
En me fiant à la carte officielle de ce sentier, je croyais que le sentier des Fées correspondait à une montée. Voyez plutôt le sentier en question (numéro 4) par rapport aux courbes de niveau :
En fait, le sentier des Fées (4) ne monte pas. Il descend, même, légèrement. Et de ce fait, le prochain (5) remonte un peu plus abruptement que prévu. Est-ce que c’est grave ? Pas pantoute.
Et nous voici en haut…
Le sommet de cette montagne est fait de caps de roches et nous permet de nous installer en nous assoyant et d’admirer la vallée de la rivière Batiscan dans un angle de 180º.
Cette montagne était auparavant appelée « mont Saint-Amand » en l’honneur d’Alfred Saint-Amand qui a habité à ses pieds jusqu’en 1955. Mais lors du centenaire de la municipalité, en 1979, elle a été rebaptisée « mont Otis » en l’honneur cette fois du premier pionnier – Georges Otis – qui s’était établi dans la région en 1886. Mais qu’à cela ne tienne, les gens de la place continuent de l’appeler affectueusement le « cap à ti-Fred ». Le très court sentier de 150 mètres dont j’ai parlé tout à l’heure (le numéro 8, en bleu, sur la carte) porte d’ailleurs le nom de la « passe à ti-Fred », toujours en souvenir de ce bonhomme.
Le mont Otis, donc… 325 mètres d’altitude. Étant donné que l’altitude à notre départ était déjà de 130 mètres, le dénivelé est donc de (325 moins 130) 195 mètres.
325 mètres, ça ne semble pas tellement haut pour ceux qui sont habitués à de vraies montagnes. Mais la vue n’en demeure pas moins imprenable.
Mais aujourd’hui, c’était un peu difficile d’en profiter à cause des Maudits Vents pis du frette qui nous ont obligés à écourter un peu notre lunch.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous avons donc rempaqueté nos petits et pris le chemin du retour. C’est-à-dire que nous avons repris le même chemin qu’à l’aller, à un détail près : au lieu de refaire le détour via les sentiers des Fées et du mont Otis, nous avons pris la passe à Ti-Fred pour aboutir directement dans le sentier des Anges. Et go vers le bas.
Ça nous avait pris 2 ½ heures pour nous rendre en haut de la montagne – en incluant tous les arrêts de pause kodak et les passerelles de la chute du 5 piasses. Ça ne nous a même pas pris 1 ¼ heure pour revenir au stationnement.
Et voilà ce qui clôt cette belle petite randonnée pas piquée des vers. En espérant que je vous ai donné le goût de prendre votre voiture et de faire l’heure de route que ça demande pour s’y rendre.
Mais pas tout le monde en même temps, hein ? L’endroit est méconnu que je disais. Ce serait dommage qu’il soit désormais envahi d’une horde de touristes (comme l’Acropole des Draveurs, genre) à cause de cet article qui risque de devenir viral sur la Toile. Ha !
PS) Parlant de « viral »… Pas vu l’ombre du coronavirus dans cette nature enchanteresse. Il n’aime pas le plein air, faut croire. Mais qu'est ce que je viens de dire là, moi ?!! C'est complètement idiot ! Au contraire, il adore le plein air puisque les dieux qui nous gouvernent, dans leur incommensurable sagesse, nous ont justement demandé de rester confinés en dedans pour ne pas l'attraper ! Fiou, dans ce cas, j'ai été chanceux d'en être revenu vivant... Merci Seigneur...
DIAPORAMA MUSICAL
DU SENTIER DU MONT OTIS
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