Les maudits vents

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Docteur Jekyll et Mister Hyde

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L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde est un roman qui a été écrit en 1886 par un auteur du nom de Robert Louis Stevenson.

 

C’est l’histoire d’un éminent et brave médecin – le docteur Jekyll –, très estimé au sein de la communauté londonienne. En manipulant ses éprouvettes, cet homme découvre un jour une potion lui permettant de se transformer physiquement et moralement en une autre personne – Mr Hyde –, c’est-à-dire en un être perverti et prêt à tout pour satisfaire ses pulsions.

 

Au début, Jekyll voit un intérêt très personnel à sa découverte : le jour, raisonne-t-il, il pourrait très bien vivre en homme respectable, comme d’habitude, tandis que la nuit, il pourrait sortir et soulager anonymement ses bas instincts. Aussitôt dit, aussitôt fait : il décide de prendre sa potion tous les soirs afin d'assouvir secrètement ses passions dans une vie de débauche. Il se donne bonne conscience en se disant qu’il n’y a pas là matière à en faire tout un plat. Et puis qui ça regarde, hein ?

 

Mais les événements dégénèrent au fur et à mesure que Hyde prend de plus en plus d’initiatives malheureuses. Ce dernier en vient même à commettre un meurtre.

 

Et puis, c’est la tragédie : Hyde prend le contrôle complet de Jekyll, et ce, sans qu’aucune potion ne soit plus nécessaire. À partir de cet instant, Jekyll est perdu : il sombre totalement dans la dissolution.

 

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Cette histoire parle en fait de la maladie la plus dévastatrice de l’Humanité. Elle porte le nom de « Hommerie », et elle est due au virus qui porte le même nom qu’elle : le virus de l’Hommerie.

 

La maladie de l’Hommerie, c’est la bassesse dont l’être humain est capable de démontrer, son immoralité, sa corruption.

 

Le virus de l’Hommerie, c’est l’agent pathogène responsable de cette maladie. On en retrouve quelques variétés. La plus importante est sans contredit celle connue sous l’appellation de Code $$$.

 

Il n’existe aucun antidote afin de contrer les effets du virus Code $$$. À partir du moment où il pénètre dans un organisme, les ravages qu’il cause sont immédiats et sans retour. En voici quelques-uns :

 

- Il transforme les gens plus ou moins honnêtes en gens irrémédiablement malhonnêtes.

 

- Il transforme les gens foncièrement doux et paisibles en véritables bêtes enragées.

 

- Il transforme les gens a priori intelligents en fous furieux.

 

- Il disloque des familles traditionnellement unies.

 

- Il brise des amitiés indéfectibles…

 

- Etc.

 

Bref, le Code $$$ rend le monde fou braque.

 

Ses effets peuvent être foudroyants ou être lents à se développer. Mais peu importe, le Code $$$ parvient toujours à son but un jour ou l’autre, c’est-à-dire à métamorphoser les docteurs Jekyll que nous sommes presque tous à la base en Mr Hyde que nous sommes tous en puissance.

 

Personne n’est épargné : du plus modeste des citoyens lambda (vous et moi) jusqu'au plus puissant magnat de la Terre (les mafias et les chefs d’entreprises multinationales).

 

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* * * * *

 

Il y a deux catégories de gens aux prises avec le virus de l’Hommerie de type Code $$$ :

 

1) Les Mr Hyde de base

 

Beaucoup de personnes sont des Mr Hyde de naissance n’ayant besoin, pratiquement, d’aucune potion pour se métamorphoser en êtres de perdition. Dans ces cas, le Code $$$ n’a pratiquement rien à faire pour les transformer. C’est déjà fait. Mais ces gens, en plus, veulent être contaminés. Et en règle générale, ils y parviennent assez rapidement.

 

Une fois infectés – volontairement – par le Code $$$, ils n’ont plus aucune morale pour restreindre leur soif naturelle de richesse. Ils sont corrompus à l’os. Ils font complètement fi du reste du monde dont ils tirent profit des faiblesses. La souffrance humaine ne les atteint pas, et ils ont une conception très personnelle de la notion de justice.

 

2) Les docteurs Jekyll de base

 

Mais la plupart des gens sont des docteurs Jekyll de naissance. Ils sont généralement gentils et paisibles à la base. Mais lorsqu’ils découvrent le secret de la « potion » – autrement dit, lorsqu’ils sont exposés à la variété du virus de l’Hommerie appelée Code $$$ –, ils ne peuvent s’empêcher d’y tremper leurs lèvres : de temps en temps, au début ; puis de plus en plus souvent. C’est plus fort qu’eux. C’est une véritable drogue. Pire que ça : c’est un envoûtement.

 

Et c’est la dégringolade.

 

* * * * *

 

Le Code $$$ doit cependant quelquefois faire preuve de subtilité afin de métamorphoser les esprits. Cela tient au fait que certaines personnes – ça arrive – conservent un embryon de morale au moment de l’infection. Mais ce n’est quand même jamais dramatique pour lui.

 

Lorsque cela survient, le Code $$$ doit seulement prendre un peu plus de temps et se montrer ratoureux (fin renard). Mais à force d'insister, et au bout d’un certain temps, ces gens qui sont un peu plus scrupuleux que la moyenne en arrivent irrémédiablement à enfouir leurs réticences dans les tréfonds de leur inconscient en se donnant eux-mêmes des tonnes de raisons pour pardonner leurs agissements. Même si, au début, des remords ressurgissent afin de les mettre mal à l’aise – car, au fond, ils ne sont pas dupes d’eux-mêmes –, le temps a cependant tôt fait de métamorphoser ces excuses initiales en convictions personnelles de plus en plus solides. Le Code $$$ vient toujours à bout de ce genre de petites difficultés.

 

À ce propos, il est amusant – amusant dans le sens de triste – de constater tous les tours de passe-passe que les humains conçoivent dans leur tête pour se faire accroire qu’ils ne sont pas sous l’emprise du Code $$$, et alors qu’ils le sont bel et bien.

 

Un épisode de la célèbre émission La quatrième dimension (The twilight zone) a un jour exposé cette situation (titre : Appuyez sur le bouton ; 7 mars 1986).

 

C’est l’histoire d’un jeune couple aux prises avec une situation financière peu reluisante. Ils reçoivent un soir la visite d’un homme qui leur donne une boîte sur laquelle il n’y a qu’un bouton.

 

— Quand vous appuierez sur le bouton, leur dit-il, il se passera deux choses. Primo, une personne que vous ne connaissez pas mourra. Après cela, vous recevrez 200 000 $.

 

Et il s’en va en leur spécifiant qu'ils sont tout à fait libres de peser sur ce bouton, et en les avertissant qu’il récupérera la boîte le lendemain, qu'ils aient pesé ou non.

 

Le reste de l’épisode est consacré au dilemme du couple : à leur conscience, à leurs scrupules, aux négociations qu’ils font avec eux-mêmes.

 

— Y’a des milliers de gens qui crèvent tous les jours de toute façon aux quatre coins du monde, argumente la femme.

 

— Mais c’est un meurtre ! s’écrie le mari.

 

— Tu me fais chier ! lui répond la femme. Si ça tombe sur un vieux paysan chinois, par exemple ? Ou sur quelqu’un qui a le cancer ?

 

— Oui, bien sûr ! Mais si jamais ça tombe sur un bébé ?

 

Bref. Que feront-ils ? Que feriez-vous, vous ? Oh et puis zut, je révèle la fin : ils font ce que 99,9 % des gens ferait en pareilles circonstances : ils appuient.

 

Et voilà. Pas plus compliqué que ça. Ils encaissent le magot pendant qu’une personne meurt sur la Terre ; une personne qu’ils viennent de tuer, mais une personne qu’ils ne connaissent pas.

 

Dans la vraie vie, les choses sont beaucoup moins dramatiques. En général, les gens ne font que des petites pirouettes mentales pour excuser eux-mêmes de petites malhonnêtetés personnelles.

 

Quelques mises en situation :

 

- Une caissière fait une erreur en vous rendant plus de monnaie que convenu pour l’achat d’un article. Que faites-vous ? Vous empochez évidemment le montant sans dire un mot en vous félicitant de votre chance et en vous convaincant – très facilement – que, de toute façon, le magasin peut aisément se permettre cette perte.

 

- Un ouvrier a fait des travaux chez vous et il vous demande de le payer au noir. Que faites-vous ? Vous le payez évidemment de cette façon en vous convaincant – très facilement – que, de toute façon, l’argent des taxes aboutirait dans les poches des politiciens corrompus.

 

- Vous trouvez un portefeuille par terre contenant 1000 $. Que faites-vous ? Vous retournez anonymement le portefeuille à son propriétaire par la poste, mais en conservant évidemment l’argent qu’il contient, et en vous convaincant – très facilement – que, de toute façon, vous avez quand même fait une bonne action et que le propriétaire peut se compter chanceux que ce soit vous qui l’ayez retrouvé.

 

- On a dévalisé votre maison. Arrive le temps de la réclamation des objets volés à la compagnie d’assurance. Que faites-vous ? Sur la liste des objets que vous avez perdus, vous ajoutez évidemment des objets que vous n’aviez pas en vous convaincant – très facilement – que, de toute façon, vous avez payé des assurances pendant toute votre vie sans jamais rien réclamer. Et pour bien beurrer épais, vous traitez toutes les compagnies d’assurances de voleurs.

 

- Vos travaillez dans un emploi de service à la clientèle. Après avoir rendu un service à un client pour lequel vous êtes rémunéré par votre employeur, le client en question vous fait un (petit) cadeau personnel, et alors que c'est défendu. Que faites-vous ? Vous l’acceptez évidemment avec plaisir en vous convaincant – très facilement – que c’est sans conséquence et que, de toute façon, si ce n’était pas vous qui en profiterait, ce serait quelqu’un d’autre – alors pourquoi pas vous, hein ?

 

- Etc.

 

Mais toutes ces peccadilles représentent le début de la fin. Une fois que le Code $$$ est entré dans l’esprit de l’être humain, il est là pour y rester. Et il s’en donne à cœur joie. Les petites malhonnêtetés du départ prennent graduellement de l’envergure au fil du temps pour peu que les occasions se présentent. Qui vole un œuf vole un bœuf, dit le proverbe. Et pendant ce temps, la bonne conscience s’enfouit de plus en plus profondément dans les méandres du mental.

 

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Le Code $$$ réussit toujours à s’immiscer dans les organismes lorsqu’il a décidé de s’y mettre. C’est une question de temps et de montant. Citation célèbre : « Tout le monde est corruptible à condition d’augmenter la somme ».

 

Mario Puzo l’avait compris, et il l’a formulé dans son œuvre, Le parrain : « Je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser ». Le héros du roman, don Corleone, assurait en substance que tout homme était corruptible, et que cela ne souffrait d’aucune exception. Voilà quel était son raisonnement : « Fais-lui une offre », disait-il à son conseiller, « S’il la refuse, fais-lui en une autre, et ce, jusqu’à ce qu’il accepte. Il finira fatalement par accepter un moment donné. »

 

Tout le monde est corruptible à condition d’augmenter la somme.

 

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C’est ça, l’œuvre de la variété du virus de l’Hommerie appelé Code $$$. Mais ce n’est pas la seule variété.

 

J'en nomme deux autres. Il y a la variété Code Pouvoir, très répandue dans le milieu politique. Et aussi le Code XXX (ou Code Sexe) qui fait des ravages surtout au sein de la gent masculine, celui-là. J’en reparlerai peut-être dans une autre chronique

 

Les trois – qu’ils soient pris séparément ou ensemble – transforment inexorablement tous les docteurs Jekyll de ce monde en Mr Hyde.

 

Les exceptions se comptent sur les doigts de la main.

 

PS) Petit test rapide pour vérifier si le virus Code $$$ coule dans vos artères : cliquez ici.

 

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Toutes mes autres montées de lait sur le sujet de l'hommerie sont ici

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Hommerie



18/04/2017
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